
Athena de Romain Gavras : le nouveau La Haine sur Netflix ?
C'est l'un des films les plus attendus de cette rentrée. Athena, le nouveau film de Romain Gavras, sort ce vendredi 23 septembre sur Netflix, et risque de beaucoup faire parler. Annoncé comme une tragédie (grecque), le long métrage puise dès son titre dans la mythologie antique, et promet une bataille digne de 300, mais se déroulant bien loin des îles grecques, en banlieue parisienne.
27 ans après la sortie au cinéma de La Haine, le film culte de Mathieu Kassovitz, la banlieue va à nouveau s'embraser sur nos écrans. Cette fois sur Netflix, dans le 3e film de Romain Gavras, après Notre jour viendra et Le monde est à toi. Parce que l'histoire se répète et se ressemble, inlassablement ? Peut-être. Car le point de départ d'Athena est le même que celui de La Haine, qui ces dernières années a aussi trop souvent fait l'ouverture des JT : la mort d'un jeune lors d'une intervention policière.
Une tragédie grecque moderne ?
Rappelé du front suite à la mort de son plus jeune frère, Abdel (Dali Benssalah) retrouve son cadet, Karim (Sami Slimane), qui veut absolument se venger, et son aîné, Moktar (Ouassini Embarek), dealer qui voit son business s'effondrer alors que la tension monte dans la cité d'Athena. Car c'est bien le lieu (imaginaire) où se situe l'action qui donne son nom au film, et non pas la déesse dont devaient s'occuper Les Chevaliers du Zodiaque (avec plus ou moins de succès). Et quand on écrit que la tension monte, c'est au sens littéral : Athena est conçu comme une succession de plans séquences, rappelent les films de guerre 1917 où Il faut sauver le soldat Ryan. Car plus qu'un film social, Athena est un film de guerre, se déroulant dans une banlieue devenue champ de bataille. Une approche qu'explique Romain Gavras dans le dossier de presse du film :
"Ce film aurait pu se passer au Moyen-Âge, dans l’Antiquité grecque, ou dans cent ans sur Mars. Derrière chaque guerre se cache une manipulation, un mensonge originel. L’histoire se répète de la guerre de Troie aux guerres contemporaines. Il y a toujours des forces dans l’ombre qui nourrissent le conflit et qui ont bien compris que lorsque la douleur intime est trop grande, la violence aveugle la pensée, et que lorsque la nation est fragile, il est facile de la pousser dans le précipice."
"This is Sparta"
Si le fond se rapproche donc de La Haine, la forme est bien différente dans Athena. Les différentes cités du coin s'unissent, comme les héros de 300 criaient "This is Sparta" dans le film culte, référence évidente ici (avec Gladiator), et se préparent à partir au combat. Et même à le mener. En face, il y aura forcément une réponse, sous la forme d'une armée de CRS que l'on découvre vêtus de leurs armures modernes. Rodéos urbains, tirs de mortiers, armes à feu : Athena, c'est un peu le menu maxi best of des faits divers dans 1h30 de film. Ou un très long clip de rap. Ce qui ne manque pas de faire réagir sur les réseaux sociaux, et pas toujours en bien. Co-écrit avec Ladj Ly, césarisé en 2020 pour son film Les Misérables et membre avec Romain Gavras de Kourtrajmé, le collectif d'artistes (avec notamment JR, Kim Chapiron ou Mouloud Achour), Athena n'est qu'un film, il faut le rappeler. Pas un documentaire. Une journée normale ne ressemble pas à cela en banlieue, ce que Romain Gavras a tenu lui-même à souligner :
"Athena se déroule sur un territoire propice à la tragédie, mais n’est pas 'un constat' sur la banlieue, sur la police, ni une étude sociologique. Le film est une proposition opératique et chorégraphiée, dans un grand mouvement vers le chaos. Ni méchants ni gentils, mais un chœur de personnages avançant inexorablement vers la tragédie, poussés par leur destin et le piège qui leur est tendu."
Avec une photographie particulièrement soignée et une bande-son enlevée, Athena s'annonce en tout cas comme un des grands chocs de la rentrée sur Netflix.
Source : Netflix
