
Festival de Cannes : les films présentés sont-ils des succès ?
Prestigieuse récompense que rêvent de remporter tous les réalisateurs de la planète, la Palme d’Or est-elle pour autant synonyme de succès ? Ou quand les goûts du public ne sont pas forcément les mêmes que ceux des critiques…
Des “Parapluies de Cherbourg” à “Apocalypse Now”
Quand on regarde la liste des films qui se sont vus attribuer la Palme d’Or, on constate une très grande variété dans les choix. Par exemple, on passe de La Leçon de Piano en 1993 à Pulp Fiction en 1994. Les deux films ont tous les deux d’immenses qualités, mais des univers et une réalisation radicalement différents. Deux salles, deux ambiances. Et il en a toujours été ainsi. Car en faisant dérouler la liste du palmarès, pas besoin d’être le plus grand cinéphile du quartier pour reconnaître un paquet de films. Dumbo, Le Salaire de la Peur, Le Guépard, Les Parapluies de Cherbourg, Taxi Driver, Apocalypse Now, Le Pianiste ou La Vie d’Adèle : il y en a clairement pour tous les goûts ! Mais si les films vainqueurs à Cannes jouissent tous d’une certaine réputation, ont-ils autant plu dans les salles obscures que sur la Croisette ? Pas toujours, justement…
Le coup de la Palme
C’est un réflexe naturel chez les spectateurs : la mention sur une affiche d’une récompense aussi prestigieuse que la Palme d’Or, un César ou un Oscar, attise davantage la curiosité. D’autant plus qu’un film primé aura eu le droit à une couverture médiatique plus conséquente. On pourrait donc penser que remporter le Festival de Cannes booste considérablement la carrière d’un film au cinéma. Il n’en est pourtant rien. Au cours des 20 dernières années, seules cinq Palmes d’Or ont dépassé le million d’entrées ! Il s’agit de Dancer In The Dark, Le Pianiste, Farenheit 9/11, Entre les Murs et La Vie d’Adèle. C’est peu. Surtout quand on regarde les résultats de films comme Oncle Boonmme, celui qui se souvient de ses vies antérieures (2010, 128,000 entrées), The Square (2017, 350,875 entrées) ou Winter Sleep (2014, 360,000 entrées). Le plus gros succès commercial d’un film lauréat reste à ce jour Le Salaire de la Peur, culminant à 6,944,000 spectateurs. Et il faut pour cela remonter à 1953. Durant les Trente Glorieuses, les résultats des Palmes d’Or au cinéma dépassaient régulièrement ce fameux million d’entrées. Sans doute parce que le nombre de films à l’affiche étaient bien moins conséquent à l’époque... D’ailleurs à l’inverse, le film Les Meilleures Intentions, primé en 1992, ne fit que 92,000 entrées…
La Cité de la Peur
Pourtant Cannes reste un passage incontournable et l’un des trophées les plus convoités à la table de “la grande famille du cinéma”. Qui n’hésite pourtant pas à se planter quelques couteaux dans le dos entre deux coupes de champagne. Les histoires entourant les votes du jury, avec des présidents imposant leur choix selon leurs affinités (producteur, réalisateur ami) ont donné quelques polémiques sur la Croisette. Gilles Jacob, ancien président du Festival, a raconté quelques anecdotes croustillantes dans son livre La vie passera comme un rêve. Des caprices d’Isabelle Adjani à l’autoritarisme de Roman Polanski, on découvre que les coulisses des votes du jury sont dignes d’une saison de Game Of Thrones. Mais à la fin, c’est toujours le public qui décide de quel film il a envie d’aller voir.
Sources : Nice Matin
