
Gérardmer 2021 : nos films coups de cœur
Le 28e Festival international du film fantastique de Gérardmer s'est terminé dimanche 31 janvier, après 5 jours de séances virtuelles qui auront permis aux spectateurs et spectatrices de vibrer et frissonner depuis leurs canapés. Retour sur les films qui nous ont marqués, avec un vampire beaucoup trop puissant, une séance de spiritisme particulièrement flippante, ou des jeans serial killers...
Host
Attention, petite pépite qui dure moins d'une heure, soit le temps d'une... conférence Zoom ! Totalement dans l'ère du temps, Host a été entièrement tourné via l'application de visio-conférence, et nous montre une bande de jeunes anglaises qui organisent une séance de spiritisme avec une médium. Au début, le format peut étonner, voire déranger, tant cela ressemble à une réunion de télétravail, avec même les pertes de son et d'image. Ce qui est d'autant plus perturbant si, comme les séances étaient virtuelles, vous avez regardé le film depuis votre ordinateur. Mais très vite, les dialogues hilarants qui fusent dans un humour so british permettent de rentrer dans cette séance avec les comédiennes, d'abord en rigolant, et ensuite en flippant...
Bien loin de films qui ont déjà utilisé la même recette d'écrans interposés, comme le nanardesque Unfriended en 2014, ou plus récemment la comédie française Confinés sur Amazon Prime Video, Host est efficace du début à la fin, avec un très bon rythme, des jump scares placés avec parcimonie et au service du scénario. Très clairement le film d'horreur parfait durant cette période, pour la plus mortelle des conférences Zoom. Avec un casting particulièrement réaliste (bien loin des ados habituels des blockbusters made in the USA), on tient avec ce film anglais Le Projet Blair Witch de la génération coronavirus.
Boys from County Hell
La légende dit que Bram Stoker, auteur du livre culte Dracula, s'est inspiré de l'histoire d'Abhartach, un vampire mythique irlandais dont le corps reposerait sous un cairn (un tas de pierres), près du village de Six Mile Hill. Eugene, un jeune dont l'activité préférée est de vider des pintes au pub local (The Stoker, forcément), aime faire peur aux touristes venus chercher des sensations fortes sur les traces de la légende. Sauf qu'un soir, un terrible accident se produit, et la créature qui gisait sous terre se réveille pour mettre la ville non pas à feu, mais surtout à sang. Boys from County Hell est une bonne comédie horrifique, plus proche de Grabbers (l'histoire d'un village irlandais dont les habitants ne peuvent survivre à des monstres qu'en étant saoûls) que du délire absolu de Shaun of the Dead. Des bons comédiens, habités de juste ce qu'il faut de flegme, une ambiance prenante et loufoque, une BO rock et un vrai travail de fond (la légende d'Abhartach est respectée dans les moindres petits détails) : Boys from County Hell est une très bonne surprise.

The Mortuary Collection
Pour un premier film, The Mortuary Collection épate par son sens de la réalisation et son image très propres. On a l'impression d'être face à un blockbuster, avec une atmosphère semblant sortie de l'imagination de Stephen King, dans une ambiance rappelant le Maine. Une jeune femme se présente pour un poste à pourvoir chez un croque-mort (joué par Clancy Brown, éternel Kurgan dans Highlander, ou méchant gardien de prison dans Les Évadés), et ce dernier va lui raconter plusieurs histoires fantastiques, qui vont former une anthologie. On est donc plus proches d'American Horror Story et des Contes de la Crypte que de Six Feet Under, avec des histoires inégales (la première insignifiante, la deuxième et la quatrième incroyables), dans lequelles le réalisateur Ryan Spindell se permet même de glisser "discrètement" ses premiers courts métrages, Kirksdale et The Babysitter Murders. Gothique, c'est chic !
Ghosts of War
Mais pourquoi Eric Bress n'avait signé aucun autre film depuis L'Effet Papillon avec Ashton Kutcher en... 2004 ?! Une éternité. Depuis, il a signé les scénarios de Destination Finale 2 et 4, créé la série Kyle XY, mais n'a réalisé aucun film. Une anomalie réparée avec Ghosts of War, qui suit 5 soldats américains devant garder un château en France, après le débarquement en 1944. Quelques heures à peine après leur arrivée, ils constatent que les soldats nazis qui rôdent encore ne seront pas la seule menace : la demeure est hantée ! Toujours aussi amateur de twist, Eric Bress a une nouvelle fois imaginé un scénario à rebondissement, dont il est absolument impossible de deviner la fin. Une improbable rencontre entre Il faut Sauver le Soldat Ryan et Conjuring, terriblement efficace, avec un message fort et bien d'actualité.
Slaxx
Slaxx faisait partie de la programmation de La Nuit Décalée de cette 28e édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer, et on comprend très vite pourquoi : il parle de jeans tueurs. Oui oui, des jeans qui tuent des gens. Les "Super Sculpteurs" en VF dont des jeans auto-ajustables révolutionnaires, qui s'adaptent à la morphologie des gens dès qu'ils sont enfilés. Leur mise en vente est un événement ultra-secret, et le magasin qui doit accueillir l'avant-première se transforme en vrai bunker la nuit avant le lancement. Mais alors que l'une des employées en dérobe un pour l'essayer, c'est un vrai massacre qui commence. Comédie horrifique, Slaxx n'oublie pas au passage d'avoir un message, en égratignant le management et sa novlangue insupportable, le capitalisme, les influenceurs ou les marques qui se donnent bonne consience sous couvert de commerce équitable. Gore et fun, les deux font la paire (de jeans).
En plus des films primés à Gérardmer dont nous vous avons déjà parlés, voici donc nos coups de cœur parmi les nombreux films de qualité présentés au festival. Des films que l'on espère pouvoir (re)découvrir prochainement dans les salles obscures. En attendant, pour toujours plus de fantastique, retrouvez de nombreux programmes sur Syfy, disponible depuis la box SFR, ou encore les anciens films primés à Gérardmer dans la collection spéciale consacrée au festival en VOD chez SFR.
Source : Festival de Gérardmer
