De la même façon que Le Père Noël est une Ordure passe systématiquement durant les vacances de Noël, Les Dents de la Mer viennent toujours montrer leurs caries quand vient l'été. Histoire de bien faire peur aux vacanciers qui se préparent à partir à la plage ?

Mais cette année, il y a une très bonne raison pour (re)voir Les Dents de la Mer sur TCM Cinéma ce 2 juillet. Le film qui ne donne pas envie de se baigner fête en effet ses 45 ans. Déjà ? Oui, désolé pour le coup de vieux... À l'époque, le réalisateur, un certain Steven Spielberg, n'avait que 28 ans. Petit prodige du cinéma qui a déjà signé un long métrage en 1974, Sugarland Express (Prix du Scénario au Festival de Cannes mais gros échec au box office), il se voit confier par les studios Universal l'adaptation d'un roman à succès : Jaws. En VF, ça se traduit par "mâchoires", mais il faut avouer que Les Dents de la Mer, c'est tout de même bien trouvé. Le livre raconte comment un requin blanc sème la panique dans une petite ville côtière des États-Unis. Spielberg est emballé par le projet, dévore le bouquin, et ne sait pas encore qu'il s'apprête à réaliser ce qui va être considéré comme le tout premier blockbuster du cinéma !

Les bockbusters, ce sont ces films made in Hollywood, appelés à devenir de grands succès commerciaux, car bénéficiant d'une super-production. Star Wars, les films Marvel, le prochain film signé Nolan : vous voyez le genre. À l'époque, cette tendance n'existe pas encore. Et il était assez improbable qu'elle commence à exister grâce à ce film très compliqué à réaliser. Car sur le tournage, les ennuis s'accumulent encore plus régulièrement que les piqûres de méduse au mois de juillet. Le requin mécanique ne fonctionne pas dans l'eau (c'est ballot), le tournage prend trois mois de retard et le budget est plus que dépassé : il passe de 4 millions de dollars à 9. Autant dire que Les Dents de la Mer remplit parfaitement le cahier des charges de l'accident industriel. Et pourtant...

Les Dents de la Mer à voir

Ce sont bien ces petits problèmes qui vont aider le film à devenir un vrai chef-d'œuvre. Les scènes avec les requins, affreuses d'après les monteurs, sont largement écourtées. Plutôt que de montrer ces monstres mécaniques qui ne sont pas assez réalistes, Spielberg préfère couper les séquences, pour seulement suggérer les attaques. On les voit à travers les yeux du requin. Le jeune cinéaste emprunte alors une technique utilisé par le maître de l'horreur, Alfred Hitchcock dans Vertigo : le travelling contrarié. Ou quand la caméra recule sur un rail, tout en effectuant un zoom. Sensations fortes garanties par l'image, mais aussi par le son. Car à la musique, pour ce thème devenu mythique, on retrouve un complice de Spielberg, le fameux John Williams, qui signera par la suite la BO des plus grandes sagas du cinéma, comme Star Wars, Indiana Jones, Jurassic Park ou Harry Potter. Excusez du peu.

Les Dents de la Mer sort finalement le 20 juin 1975 aux États-Unis, et devient aussitôt le tube de l'été ! Le film va rapporter plus de 470 millions de dollars au box office, en faisant le plus gros succès de l'histoire du cinéma, avant le premier Star Wars en 1977, et même remporter 3 Oscars, dont celui de la meilleure musique, forcément.

Une musique que l'on a toujours dans un coin de la tête, en été, la première fois que l'on va se baigner après avoir revu cet énorme classique qu'est Les Dents de la Mer...

(Re)découvrez le premier chef-d'œuvre de Steven Spielberg, à l'occasion de 45 ans des Dents de la Mer, ce jeudi 2 juillet à 20h50 sur TCM Cinéma, disponible depuis votre box SFR.

Sources : TCM Cinéma, Allociné