
Qui est Romain Gavras ?
Cinéaste et clippeur français de renommée, Romain Gavras a frappé fort avec la sortie de son dernier film, Athena, disponible sur Netflix depuis le 23 septembre dernier, qualifié par lui-même de véritable tragédie grecque. Le sujet de son film, la banlieue et la violence qui y règne, revient dans sa filmographie comme une récurrence. Mais alors, qui se cache derrière le talentueux réalisateur Romain Gavras ?
Visuellement impressionnant, le film Athena, disponible sur Netflix, raconte le destin de trois frères, qui doivent faire face à la mort du quatrième de la fratrie, le plus jeune, et réagissent chacun à leur manière. Ce n’est pas la première fois que le réalisateur Gavras s’attèle au sujet de la banlieue, des émeutes qui peuvent s’y tenir entre jeunes et forces de l'ordre, la violence, les luttes de pouvoir au sens large. Il est le réalisateur de Notre jour viendra, en 2010, et surtout Le Monde est à toi, sorti sur grand écran en 2018, avec un véritable casting de stars à l'affiche : Vincent Cassel, Karim Leklou, ou encore Isabelle Adjani. On le retrouve également derrière la caméra pour de nombreux clips ou spots publicitaires, que vous avez forcément vus...
Des clips et des pubs de luxe
Car Romain Gavras est aussi le réalisateur de clips émérites, pour le monde de la mode mais également pour le compte d'artistes internationaux de la musique : avec M.I.A, Jamie XX, Kanye West, Néo Surf aux côtés du talentueux Surkin, ou encore les Frenchies de l'éléctro, Justice, le réalisateur s'attaque à tous les genres. Il a notamment griffé de sa patte artistique le clip désormais mythique de J'adore, the New Absolu pour Dior, avec Charlize Theron, toute d'or vêtue, en 2018, ou encore le clip de la Maison Louis Vuitton, pour le parfum Cœur battant, avec Emma Stone.
La lutte de pouvoir et la banlieue, des thèmes récurrents chez Gavras
Dans la veine du film La Haine, ou du plus récent Les Misérables de son ami Ladj Ly, Athena est un champ de bataille choisi par Gavras, qui se coltine un sujet épineux et ne cherche pas l’approbation des spectateurs à tout prix. Selon ses dires, son but est de mettre en scène ce récit par “le symbolisme de la tragédie grecque”. Pas évident pourtant de n'y voir qu'un aspect (très) esthétique cinématographique et de prendre la distance adéquate sur le sens de ces scènes ultraviolentes où des jeunes de cités violentent des CRS. Cocktails molotov, tirs de mortiers, vol des armes dans un commissariat de police, matraques, boucliers… De véritables scènes de guerre se déploient dans l'impressionnant plan-séquence de 12 minutes de Gavras, dès l’ouverture du film.
Preuve que le cinéma était sa vocation, Romain Gavras a co-fondé en 1994 le collectif d'artistes Kourtrajmé, alors qu'il n'avait que 13 ans, aux côtés de Kim Chapiron (Sheitan, La Crème de la crème...) et Toumani Sangaré. Comme le nom de leur association l'indique en verlan, les apprentis cinéastes commencent par réaliser des court-métrages, puis des clips (pour Oxmo Puccino, Mafia K'1 Fry, Didier Super...) et reçoivent très vite le soutien de personnalités du cinéma comme Mathieu Kassovitz ou Vincent Cassel (d'ailleurs à l'affiche de Sheitan). Au fil des ans, d'autres artistes rejoindront Kourtrajmé, comme Ladj Ly, réalisateur des Misérables, film ayant remporté quatre Césars en 2020, le présentateur de Canal+ Mouloud Achour ou l'artiste JR, entre autres. Depuis, des écoles de réalisation Kourtrajmé ont même été ouvertes, tout d'abord à Montfermeil dans le 93, là où tout a commencé pour le collectif, puis avec des formations dispensées à Madrid, Dakar, Marseille, et prochainement dans les Caraïbes, comme indiqué sur le site.
Une enfance dans la bourgeoisie de gauche, loin des problématiques de la banlieue
Et pourtant. Rien ne prédestinait Romain Gavras à s’intéresser d’aussi près à la banlieue, ses habitants et ses influences. Issu d’une famille bourgeoise de gauche, il est le troisième enfant d’un fameux réalisateur franco-grec, qui n’est autre que Konstantínos Gavrás aussi surnommé Costa-Gavras, et de la productrice et journaliste française, Michèle Ray-Gavras. Costas-Gavras a ainsi présidé la Cinémathèque française de 1982 à 1987, et en a repris la tête depuis 2007. Il a notamment réalisé des thrillers politiques, qui questionnent le pouvoir sous toutes ses formes et impliquent un farouche engagement politique. Parmi eux, on peut citer le très fameux Z, Le Capital, L’Aveu, Amen avec Mathieu Kassovitz. L’acteur du Bureau des Légendes était d’ailleurs le voisin de la famille Gavras, comme le rappelle Franceinfo. Et finalement, ils sont restés proches, y compris dans les thèmes abordés dans leurs films...
Sources : Le Point Pop, HuffPost