Cinéma

Run Rabbit Run : quelle est l'histoire vraie derrière le film Netflix ?

Derrière le scénario de "Run Rabbit Run" se cache en réalité une terrifiante histoire vraie © Netlix

Run Rabbit Run, film fantastique australien fraîchement arrivé sur Netflix, fait actuellement un carton auprès des abonnés de la plateforme. Mais saviez-vous que ce long-métrage terrifiant est inspiré d'une histoire vraie ? SFR Actus vous raconte l'étrange affaire qui a séduit la scénariste.

Réalisé par Daina Reid, Run Rabbit Run est un film d'horreur captivant dans lequel Sarah Snook (vue dans Succession) incarne Sarah, une femme dont le quotidien bascule dans l'étrange lorsque le comportement de sa fille Mia, âgée de 7 ans, devient de plus en plus troublant. La petite fille prétend en effet avoir des souvenirs d'une vie antérieure... Et cette histoire est loin d'être une fable : la scénariste Hannah Kent a en effet puisé son inspiration dans une étrange affaire survenue il y a quelques années en Écosse. Découvrez l'histoire vraie à l'origine de cette exclusivité Netflix.

Vie antérieure ou imagination débordante ?

Depuis ses deux ans, l'âge auquel il a commencé à parler, Cameron Macauley n'a cessé de raconter sa vie sur l'île de Barra. Sauf que depuis sa naissance en août 2000, Cameron avait toujours vécu à Glasgow, et n'avait jamais mis les pieds sur l'île dont il parlait comme s'il la connaissait par cœur. Norma, sa mère, affirme que Cameron se souvenait d'une maison blanche donnant sur la mer, un endroit où il assurait avoir joué avec ses frères et sœurs. Il se rappelait notamment d'avions qui atterrissaient sur la plage, qu'il disait avoir regardé se poser en compagnie de son chien.

Barra se trouve au large de la côte ouest de l'Écosse, à plus de 350 kilomètres de Glasgow. On ne peut s'y rendre qu'en prenant un bateau ou un avion, et aucun membre de la famille de Cameron n'y était allé.

Lorsque Cameron est entré en maternelle, il n'a pas gardé pour lui ces étranges souvenirs. Il parlait ainsi à sa maîtresse et à ses petits camarades de son "autre famille". Il répétait avec insistance : "Je veux aller à Barra dans mon autre famille". Cameron expliquait par ailleurs que son "autre" père s'appelait Shane Robertson et qu'il était mort après avoir été renversé par une voiture dont il se souvenait qu'elle était verte et argentée.

De cette autre vie, Cameron n'avait cependant pas de souvenirs en tant qu'adulte, se souvenant seulement d'avoir été un garçon un peu plus âgé que lui. S'il n'a jamais évoqué avec précision la mort de cet autre lui, il disait toutefois se rappeler être "tombé" dans une sorte de puit avant d'arriver dans le "ventre" de Norma. Il aurait dit : "J'étais à Barra et maintenant je suis ici."

Troublée par les propos de son fils, Norma a décidé de se renseigner et de chercher une explication rationnelle aux souvenirs de Cameron. Son premier interlocuteur a été le docteur Chris French, un psychologue qui édite la revue The Skeptic, dont le but principal est de démystifier les phénomènes prétendument paranormaux. L'homme a écarté d'emblée la possibilité d'une réincarnation, arguant que selon lui, il ne s'agissait là que de l'imagination débordante d'un enfant, probablement alimentée par un film ou une série qu'il aurait vu à la télévision. Mais pour Norma, cette explication n'était pas suffisante, et elle a donc décidé de contacter d'autres spécialistes.

Une histoire incroyable mais vraie ?

En 2007, la Society for Psychical Research, une association qui étudie les phénomènes paranormaux, a accepté d'enquêter de façon approfondie sur cette affaire. Cameron, Norma et le reste de la famille ont été longuement interrogés, et leurs récits notés avec précision. Les chercheurs ont ensuite décidé de se rendre à Barra en compagnie de l'enfant et de sa mère pour vérifier si les souvenirs du petit garçon étaient liés à des évènements s'étant réellement produits... et c'est là que l'affaire est devenue encore plus troublante.

Le petit avion qui les transportait a atterri sur la plage de l'île de Barra, exactement comme Cameron l'avait décrit. Sollicité par l'équipe d'enquêteurs, Calum MacNeil, un historien local, a découvert qu'une famille Robertson du continent avait passé des vacances à Barra dans une maison à l'extrémité nord de l'île dans les années 1960 et 1970.

Depuis cette maison, on pouvait effectivement voir les avions atterrir sur la plage. En s'approchant de la demeure abandonnée, Cameron l'a immédiatement reconnue et lorsque l'équipe l'a accompagné à l'intérieur, ils ont constaté que sa description des lieux était plutôt conforme à la réalité. Personne n'a trouvé trace de l'accident que Cameron a évoqué en parlant du décès de son "autre" père, mais le fait que cette maison existe, que des Robertson y aient vécu, et que lorsqu'on s'y trouve, on puisse voir des avions atterrir sur une plage, est particulièrement troublant. À ce jour, personne n'est parvenu à trouver une explication à cette affaire, qui reste donc irrésolue.

La scénariste de Run Rabbit Run a vu un documentaire sur l'affaire

L'enquête de la Society for Psychical Research a fait l'objet d'un documentaire et c'est en le découvrant à la télévision que la scénariste Hannah Kent a été saisie par cette histoire. Très vite, elle a voulu écrire sur ce sujet, mais ce n'est que des années plus tard, lorsqu'elle a été approchée par une productrice de Netflix, qu'elle s'est souvenue de son désir de transformer cette histoire vraie en fiction.

Son objectif, a-t-elle expliqué au site Nightmarish Conjurings, était de raconter cette expérience du point de vue des parents, dépassés par la situation et perturbés par ce qu'affirme l'enfant :

"Je me suis intéressée à ce sujet parce que beaucoup de cas similaires qui ont été documentés, mais je voulais me placer du point de vue d'un parent. Cela a donné lieu à de nombreuses conversations sur la maternité, et les sentiments complexes et ambigues que l'on peut ressentir en tant que mère à l'égard de son enfant. C'est l'une des choses que nous voulions explorer dans le film."

Comme la série The Watcher, le film Run Rabbit Run n'est pas entièrement basé sur une histoire vraie. Bien que le concept prenne racine dans l'histoire de Cameron et celles d'autres enfants ayant vécu des expériences semblables, le scénario en lui-même est entièrement fictif, de même que les personnages de Sarah et Mia. Tant mieux, car l'histoire du film Netflix est bien plus effrayante que celle du petit garçon de Glasgow.

Sources : Psi Encyclopedia, Nightmarish Conjurings

Pierre Champleboux
Pierre Champleboux Rédacteur