Cinéma

Star Wars : quel bilan pour cette troisième trilogie ?

Star Wars : L'Ascension de Skywalker marque la fin d'une aventure entamée en 1977 par George Lucas et terminée en 2019 par Disney © Walt Disney Studios Motion Pictures

Avec L'Ascension de Skywalker, une aventure de 42 ans de cinéma s'est terminée. Après une trilogie originelle encensée, une prélogie critiquée et un rachat par Disney, que faut-il retenir des aventures de Rey, Kylo Ren, Finn, Poe Dameron et BB-8 ?

"C'était la dernière séance, et le rideau sur l'écran est tombé". Ces paroles d'Eddy Mitchell, grand fan de Star Wars d'après la rumeur qu'on lance maintenant, viennent parfaitement accompagner L'Ascension de Skywalker, le neuvième épisode de la saga, maintenant dite "des Skywalker", venant achever trois trilogies.

Et alors que ce dernier film est vivement critiqué dès sa sortie (il est classé comme le deuxième pire Star Wars de tous les temps sur Rotten Tomatoes, seule La Menace Fantôme est considéré comme pire) par la presse et surtout les fans de la première heure, il est temps de faire le bilan, calmement, en se remémorant chaque instant de cette nouvelle trilogie, qui a tenté de prolonger le mythe du mieux possible, mais a clairement eu parfois du mal à passer en vitesse lumière. Découvrons donc les notes attribuées par Maître Yoda.

Sens du spectacle : 19/20

Dès l'épisode VII, Le Réveil de la Force, on est visuellement rassuré : J.J. Abrams et Disney ont décidé de recoller à l'imagerie des premiers films, avec un certain grain, plutôt qu'au bazar numérique aux limites de l'immondice pondu par George Lucas dans sa prélogie. On se rapproche d'un esprit maquette, les vaisseaux ont ce côté ancien qui faisait le charme d'un "vieux tas de ferraille" comme le Faucon Millénium, et les Jedi ne se battent pas en faisant tellement de mouvements et de saltos qu'on a l'impression de voir un danseur de Tecktonik pris d'une crise d'épilepsie. On retrouve les X-Wings, les TIE Fighters, des droïdes stylés avec le beaucoup trop mignon BB-8, des batailles spatiales, et pas mal de plans juste magnifiques. Notamment dans Les Derniers Jedi, avec la planète de sel Crait, et ce superbe duel Luke Skywalker / Kylo Ren. Chaque film a beau durer environ 2h30, on ne s'ennuie pas un minute : il y a toujours de l'action à l'écran. Mais serait-ce pour cacher quelque chose ?

De gauche à droite : Chewbacca, BB-8, C-3PO, Rey, Poe Dameron et Finn.
De gauche à droite : Chewbacca, BB-8, C-3PO, Rey, Poe Dameron et Finn. © Disney / ILM / Lucasfilm

L'histoire développée dans la trilogie : 8/20

C'est au niveau scénaristique que cette nouvelle trilogie s'effondre. Bien sûr, ce n'est pas non plus la catastrophe de la prélogie, avec ces scènes de romance écœurantes entre Anakyn Skywalker et Padmé Amidala, Jar Jar Binks ou les midi-chloriens pour expliquer la Force... Mais cette trilogie laisse un goût de réchauffé, comme si il ne s'agissait quelque part que de reboots de la trilogie originelle (épisodes IV, V et VI). Dans Le Réveil de la Force, on calque le scénario d'Un Nouvel Espoir. Il y a un grand méchant avec un casque noir (Kylo Ren, petit-fils de et nouveau Dark Vador) au sein d'une armée inspirée par les nazis qui veut détruire des planètes avec une arme redoutable (Starkiller est juste 100 fois plus grosse que l'Étoile de la Mort). Sur une planète ensablée, Rey récupère le droïde BB-8, qui détient des informations capitales pour la Résistance (comme Luke avec R2-D2), et va par la suite découvrir qu'elle maîtrise la Force. Elle rencontre un mentor (Han Solo) qui va se sacrifier face au grand méchant au cours d'une mission. Exactement comme Obi-Wan Kenobi. C'est un remake, clinquant, qui propose des nouveaux personnages très réussis (Poe Dameron, Finn, BB-8) tout en assurant le fan service avec des apparitions des anciens (Han Solo, Chewbacca, Leïa, R2-D2, C-3PO...). Ça sent un peu le réchauffé, c'est facile, mais pour un début, pourquoi pas : on voit la jeune génération jouer avec le mythe Star Wars, c'est frais, ça peut fonctionner.

Rey (Daisy Ridley) et Kylo Ren (Adam Driver) dans la dernière bande-annonce de Star Wars IX.
Rey (Daisy Ridley) et Kylo Ren (Adam Driver) dans la dernière bande-annonce de Star Wars IX. © The Rise of Skywalker / Lucasfilm Ltd.

Sauf qu'ensuite, on continue. L'épisode VIII, pourtant révolutionnaire sur bien des aspects, a beaucoup en commun avec L'Empire Contre-attaque. La base des rebelles est attaquée, ils doivent fuir mais sont poursuivis (comme sur Hoth), et Rey de son côté s'entraîne avec Luke Skywalker, comme ce dernier a fait en son temps avec Maître Yoda. Il y a par contre de nombreuses innovations (Rey n'est la fille de personne, pas de révélation à la "je suis ton père", Kylo Ren trahit Snoke là où Dark Vador ne se défait pas de l'influence de Palpatine, et la Force appartient à tout le monde, pas seulement aux Jedi et aux Sith). Sauf que toutes ces idées du réalisateur Rian Johnson sont allées à l'encontre de celles développées par Abrams dans le premier film... Comme si tous ces jouets Star Wars étaient dans un bac à sable, et qu'un enfant arrivait après un autre pour créer sa propre histoire. Ce qui se ressent énormément dans le IX...

On se demandait si la fin de l'histoire avait été écrite à l'avance, s'il y avait une destination finale à cette trilogie. Visiblement, non. Après Les Derniers Jedi, adoré par les uns, détesté par les autres, c'est J.J. Abrams qui reprend le flambeau pour L'Ascension de Skywalker. Et il décide d'annuler bien des décisions prises par le film d'avant, se permettant même un tacle bien appuyé quand Luke attrape au vol le sabre lancé par Rey : "Il ne faut pas manquer de respect aux armes des Jedi". Une allusion pas du tout voilée à l'attitude de Luke, qui balance le même sabre tendu par Rey au tout début du VIII, dans la continuité de la scène finale du VII.

Le masque de Kylo Ren, détruit dans le VIII, reforgé dans le IX...
Le masque de Kylo Ren, détruit dans le VIII, reforgé dans le IX... © Walt Disney Studio Motion Pictures

Kylo Ren, qui détruisait son "masque ridicule", comme dit dans le VIII, le reforge au début du IX, en mode "je veux encore jouer à Dark Vador". Rose, le personnage féminin apparu dans le VIII, est relégué au troisième plan, et finalement, Rey est bien la descendante de quelqu'un : Palpatine ! Lequel est revenu comme ça, d'un coup, simplement dans... le texte défilant du début du film. Bon, bah ok... On sent qu'Abrams veut effacer le VIII (tout en se servant de la relation Rey / Kylo Ren instaurée dans celui-ci), et fait deux films en un. Il n'y avait pas de séquence "Je suis ton père" comme dans le V ? Il en place une au milieu de son film, pour raccrocher les wagons, et pouvoir dérouler en s'inspirant du Retour du Jedi. En revenant carrément là où l'épisode VI s'est déroulé, puis en offrant à Rey le même genre de scène qu'à Luke : "rejoins-moi et laisse-toi gagner par le côté obscur, regarde comme tes amis sont en train de perdre la bataille spatiale qui se déroule sous tes yeux".

La boucle est donc bouclée. Cette troisième trilogie est beaucoup trop calquée sur la première (les IV, V, VI), et comporte un épisode central (le VIII) que le IX cherche tout simplement à éluder. À partir de là, il est très difficile que les trois films forment un ensemble cohérent...

Fan service : 15/20

On pourrait mettre 20/20 aux épisodes VII et IX, et 5/20 au VIII, qui désacralise totalement l'univers Star Wars. Mais J.J. Abrams y est vraiment allé à fond, parfois même jusqu'à l'indigestion dans le IX (le bisou, vraiment ?). En faisant revenir plein de personnages sans que cela ne soit forcément très utile, dont Palpatine, qui est donc le seul méchant pendant neuf films, ou en multipliant les références aux anciens films. Ce qui donne trop souvent des allures de reboot, on l'a vu plus tôt, mais également de très belles scènes. La meilleure étant sans doute le duel entre Rey et Kylo Ren sur l'eau et les débris de l'Étoile de la Mort, analogie de l'affrontement entre Anakin Skywalker et Obi-Wan Kenobi dans La Revanche des Sith.

Kylo Ren et Rey ont l'air contents de se retrouver dans cet ultime chapitre de Star Wars...
Kylo Ren et Rey ont l'air contents de se retrouver dans cet ultime chapitre de Star Wars... © Walt Disney Studios Motion Pictures

Quand Anakin est au seuil de la mort sur la lave, les soins apportés par Palpatine finiront par le transformer en Dark Vador et le faire définitivement basculer du côté obscur, tandis que quand Ben est mortellement blessé sur l'eau (symbole de purification), le geste de Rey pour le sauver le fera revenir du côté lumineux. Scènes similaires, destins différents...

La conclusion de Maître Yoda :

Spectaculaire cette troisième trilogie est. Sympathique les nouveaux personnages sont. Mais de vrai scénario et de liens entre les films il manque pour qu'elle soit parfaite. Meilleure que la prélogie est tout de même cette nouvelle. De mal il n'y avait point...

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Sébastien Delecroix
https://twitter.com/seb_o_matic Sébastien Delecroix Rédacteur