Sorti le 2 mars dernier au cinéma, The Batman arrive déjà sur Canal+, pour (re)plonger les spectateurs au sein d'une ville de Gotham plus sombre que jamais. Après l'incroyable Joker, DC Comics confirme avoir trouvé la bonne formule, en abandonnant l'idée de faire comme Marvel un univers dans lequel tous les héros sont connectés, pour donner à ses personnages les plus emblématiques des histoires uniques. C'est donc la première bonne nouvelle à connaître avant de voir The Batman : il n'y a besoin d'avoir vu aucun autre film de super-héros pour comprendre l'histoire qui se suffit à elle-même. Mais s'il vous faut encore plus de motivation pour vous lancer dans les deux heures et 57 minutes que durent le film, on a demandé à Alfred d'utiliser le Bat-ordinateur pour trouver cinq bonnes raisons qui font de The Batman l'un des meilleurs films de 2022 !

The Batman est un vrai polar d'action

Oubliez tout de suite les films super-héroïques récents comme Avengers, Wonder Woman 1984 ou Spider-Man : No Way Home. The Batman est très loin de l'ambiance film d'action / comédie, donnant parfois l'impression de se retrouver à Disneyland. Ou alors dans La Tour de la Terreur, après une coupure de courant, à la rigueur. Car plus qu'un film d'action avec des courses-poursuites, des bagarres spectaculaires et des punchlines bien senties même au moment les plus dramatiques, The Batman est articulé comme un polar, suivant une enquête du justicier surnommé dans les comics "le meilleur détective du monde". Avec en plus un aspect réaliste donné à l'ensemble, on se retrouve plongé dans un comic book, les inspirations pour le film venant de récits cultes comme Ego, le chef-d'œuvre de Darwyn Cooke, mais aussi le classique Année Un de Frank Miller, nous montrant le Batman des débuts. Et comme le souligne l'éditeur Urban Comics, les récits Catwoman : Le Dernier braquage (également de Darwyn Cooke) et Catwoman à Rome (de Jim Loeb et Tim Sale) ont également leur importance. Même si bien évidemment, il n'y a nullement besoin d'avoir lu l'un de ces livres pour comprendre et apprécier The Batman.

Un vilain incroyable au plan diabolique

Si Batman est le plus populaire des héros (avec Spider-Man), il est aussi celui qui affronte les vilains les plus iconiques. Avec évidemment en tête de cette affreuse bande le Joker, ou sa compagne, Harley Quinn. Mais c'est un autre, le Sphinx, ou l'Homme-Mystère, qui cause bien des problèmes à notre jeune héros dans The Batman. Il tue des gens et laisse des énigmes, donnant au film une ambiance à la Seven de David Fincher, rien que ça. La performance de Paul Dano, qui l'incarne, suffit à en faire l'un des vilains les plus flippants affrontés par Batman dans les films, aux côtés des légendaires Joker de Jack Nicholson et Heath Ledger (celui de Joaquin Phoenix, bientôt de retour avec Lady Gaga, n'a pas encore croisé Batman, seulment un jeune Bruce Wayne). Par politesse, on n'évoquera donc pas la précédente version du personnage, malgré le talent de Jim Carrey, dans le Batnanar Batman Forever en 1995...

La relève de Burton et Nolan

C'est en 1989 que la Batmania a déferlé sur le monde, à la vitesse de la Batmobile. Le film de Tim Burton, avec une atmosphère gothique fascinante et très cartoonesque, a remis le héros créé par Bob Crane en 1939 dans la lumière, et Batman, la série animée, qui a suivi dès 1992, a plus que contribué à rendre Batounet culte. Et ce même si les films suivants (à part Batman, le défi évidemment) ont été des catastrophes artistiques et industrielles. Surtout ce Batman et Robin avec les têtons de George Clooney moulés par le costume... C'est avec un traitement plus réaliste que Christopher Nolan et Christian Bale rendront ses lettres de noblesse à Batman, dans l'incroyable trilogie Dark Knight, amorcée en 2005. Derrière, le "Batfleck" (Ben Affleck dans le rôle de Batman) dans les films de Zack Snyder (Batman vs Superman et Zack's Snyder's Justice League) a proposé une approche différente, avec un Bruce Wayne plus âgé, basé sur The Dark Knight Returns, récit majeur signé Frank Miller. Avec The Batman, le réalisateur Matt Reeves (qui avait déjà signé les deux derniers films La Planète des singes) propose de découvrir un Bruce Wayne plus jeune, qui apprend encore, et que l'on va pouvoir voir évoluer. Car il est déjà prévu que cette nouvelle version du justicier de Gotham devienne une trilogie, comme l'a affirmé Matt Reeves dans une interview accordée à Fandango. The Batman n'est donc que le début d'une nouvelle saga, et sans doute d'un nouvel âge d'or de Batman au cinéma...

La version emo de Bruce Wayne

L'autre force de The Batman, c'est également l'interprétation tout en retenue (et en silence) de Robert Pattinson. Qu'il semble loin, le temps où le comédien débutait dans Harry Potter ou incarnait un vampire dans Twilight. Version incroyablement dépressive de Bruce Wayne, un orphelin perdu qui veut protéger sa ville, et violente de Batman, qui n'hésite pas à casser des os et se faire appeler "Vengeance", il propose une interprétation bien loin de celle tout en muscles de Christian Bale. Une coupe de cheveux et de l'eyeliner pour ressembler à un membre du groupe My Chemical Romance, et on tient là la version la plus torturée de Batman vue au cinéma. Le reste du casting est à la hauteur de la prestation de Pattinson, puisque l'on retrouve donc un Paul Dano aussi incroyable que d'habitude, un Colin Farrell qu'il est impossible de reconnaître en Pingouin (et qui aura le droit à sa propre série), Jeffrey Wright en James Gordon, Andy Serkis en Alfred, mais aussi une Zoë Kravitz parfaitement féline en Selina Kyle / Catwoman. Un vrai tapis rouge pour ce polar noir.

Un film aussi puissant qu'une chanson de Nirvana

Très réussi scénaristiquement, avec une intrigue à tiroirs palpitante jusqu'au bout, The Batman est aussi magnifique graphiquement, avec des plans incroyables, comme les arrivées de Batman (depuis la pénombre dans le métro, quand la voiture est renversée...), et des couleurs sublimées. Une mise en scène soignée, qui fait ressentir toute la puissance du personnage (au son des bottes lourdes quand il arrive), et ce d'autant plus avec la bande-son, et plus particulièrement une version reboostée de Something in the Way de Nirvana, correspondant au côté grunge du film. Car Gotham est sale, ses habitants sont glauques, et l'enquête devient vite poisseuse (il pleut pendant plus de 60 minutes dans le film). Ce que l'on ressent parfaitement quand les notes de guitare acoustique et la voix de Kurt Cobain surviennent. Pensez à monter le son, car comme l'a avoué Matt Reeves dans un entretien accordé à Esquire, le chanteur mythique a vraiment inspiré cette nouvelle version de Batman :

"Au début, quand j'écrivais, j'ai commencé à écouter Nirvana, et il y avait quelque chose à propos de "Something in the Way", qui est dans la première bande-annonce, qui fait partie de la voix de ce personnage. Quand j'ai réfléchi à comment faire Bruce Wayne d'une manière qui n'a jamais été vue auparavant, j'ai commencé à penser, 'Et si une tragédie se produisait et que ce type devenait si reclus, que personne ne peut savoir ce qu'il fait ? Est-ce que ce type est une sorte de toxicomane capricieux et imprudent ? Et la vérité est qu'il est une sorte de toxicomane. Sa drogue est son addiction à cette pulsion de vengeance. Il est comme un 'Batman Kurt Cobain'."

The Batman est diffusé à partir de ce vendredi 14 octobre à 21h15 sur Canal+, et disponible en replay sur myCANAL.

Sources : Urban-comics, Fandango, Esquire