
Todd Phillips revient sur la fin du Joker
Le réalisateur de l’origin story à succès, qui a tant fait parler d’elle depuis sa sortie et qui continue de faire couler beaucoup d’encre près d’un mois plus tard, revient sur une question qui divise tout particulièrement les fans… Attention, pour ceux qui n’auraient pas encore pas vu le film, GROS SPOILER : Arthur Fleck aurait-il finalement tout imaginé ?
C’est dans un podcast du magazine britannique Empire que Todd Phillips a (plus ou moins, on vous prévient) répondu à LA question que tous les spectateurs se sont posés en sortant de leur séance du Joker (encore une fois, si vous n’avez pas vu le film et souhaitez garder la surprise, cet article n’est pas pour vous…). À savoir : tout cela n’était-il finalement que le fruit de son imagination ? Mais d’abord, au cas où vous l’auriez oublié, rappelons le contexte. Arrivé vers la fin du long-métrage, après avoir vu (ce que l’on pensait être) les événements divers et variés qui ont amené ce clown à devenir l’un des plus grands vilains de l’histoire des comics, on comprend que certaines séquences n’ont en réalité eu lieu que dans l’esprit du personnage incarné par Joaquin Phoenix.
La scène qui lève le voile sur une illusion finement ficelée tout au long du film, c’est celle où Arthur Fleck, de son nom originel, se réfugie chez sa bien-aimée, sa voisine Sophie. Or, malgré tous leurs rendez-vous galants, pense-t-on, la jeune femme interprétée par Zazie Beetz est surprise – et quelque peu inquiète – de retrouver cet homme qu’elle connaît à peine sur son canapé. Eh oui, le clown tourmenté a complètement fantasmé cette relation amoureuse, comme on nous le démontre par la suite. "Cette révélation est un moment clé pour les spectateurs", reconnaît Todd Phillips au micro de Empire, avant d’estimer toutefois : "On n’a pas non plus eu l’impression de cacher quelque chose, on était assez clair depuis le début avec le personnage de Robert De Niro, avec ce petit fantasme où Arthur est assis dans le public."
Que penser avec "un narrateur qui n’est pas fiable" ?
Car oui, la scène à laquelle le réalisateur fait référence, arrivant tôt dans le film, c’est celle de cette "première" participation au talk-show qu’il affectionne tant regarder avec sa mère (Frances Conroy). Heureux souvenir ou pure rêverie ? Il y a de quoi douter sur le moment, et même si cela n’a jamais été spécifié, l’illusion est finalement évidente lorsqu’Arthur Fleck se fait effectivement inviter dans l’émission. Mais ce qui tracasse d’autant plus les spectateurs, c’est cette fameuse séquence finale. Celle où l’on retrouve le Joker en devenir en pleine séance de thérapie, incarcéré à Arkham. La psy lui demande pourquoi il rit, il lui répond qu’il pensait à une blague. Elle lui demande laquelle, il rétorque simplement : "Vous ne la comprendriez pas." Alors, tout ça n’était finalement qu’une histoire qu’il s’est racontée dans sa tête ? Voilà ce qu’en pense Todd Phillips :
"C’est marrant de faire un film sur un narrateur qui n’est pas fiable, qui délire. Parce qu’on peut regarder le film en se disant : ‘Ah, en fait il nous raconte tout ça depuis l’asile d’Arkham, du coup je ne sais pas si c’est vrai ou si c’est simplement une histoire qu’il a racontée. En d’autres termes : est-ce qu’il s’est vraiment fait tabasser par des gamins de 12 ans, ou est-ce qu’il nous raconte ça pour qu’on ressente de la pitié ? Il y a tellement d’illusion dans le film, que ça nous pousse à nous demander à quel point il nous raconte sa version des choses ou si c’est véridique."
Todd Phillips ne veut pas "gâcher tout le plaisir"
Vous l’aurez compris, le réalisateur préfère encore semer le doute plutôt que de clore une fois pour toute le débat. Alors même qu’il affirme pourtant avoir "un avis bien précis aussi sur la question". "Je ne veux pas vraiment apporter de réponse sur ce qui est une illusion et ce qui ne l’est pas, parce que je pense que ça gâcherait tout le plaisir", explique-t-il encore lorsqu’il est questionné sur un autre moment important du Joker, lui aussi tout d’un coup remis en question à la fin du film.
On parle de cette scène où Randall, le collègue clown d’Arthur Fleck, lui donne un pistolet pour sa légitime défense, suivie de cette autre où il nie lui avoir procuré l'arme alors que ce dernier se fait virer pour l’avoir ramenée sur son lieu de travail – dans un hôpital pour enfants… S’il aime à penser que "chacun voit les choses différemment", Todd Phillips concède pour une fois de trancher en ce qui concerne ce passage précis : "À mon avis, si j’étais spectateur, je me dirais que c’est Randall qui se protège." Voilà. Vous êtes bien avancé avec ça, n’est-ce pas ?
Source : The Empire Film Podcast – "Joker Spoiler Special ft. Todd Phillips"
