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Rencontre avec les GG : "Le Français par excellence est grande gueule"

Les Grandes Gueules à Rennes le 11 mars 2022 © Abaca Press

Depuis le 11 mars, Les Grandes Gueules de RMC sont en tournée ! Pour l'occasion, les présentateurs de l’émission, Olivier Truchot et Alain Marschall, répondent à nos questions.

Vous les écoutez, sans doute, chaque matin. Les Grandes Gueules, une émission quotidienne animée par Alain Marschall et Olivier Truchot sur RMC, de 9h à 12h, parle d'actualité et de politique aux côtés de 14 "GG" issues de la société civile. Agriculteurs, enseignants, médecins et autres débattent, s’accrochent mais rigolent aussi autour des réelles préoccupations des Français. Et depuis le 11 mars, les deux journalistes accompagnés de leurs chroniqueurs font un mini tour de France pour rencontrer les "67 millions de grandes gueules". Après avoir ainsi lancé leur tournée à Rennes la semaine dernière, les GG seront de passage à Bordeaux le 18 mars, puis Marseille le 25 mars, Lyon le 1er avril, et enfin Amiens le 8 avril.

Face à face avec ceux qui donnent la parole aux Français

Vous allez sillonner les quatre coins de la France jusqu'au 8 avril prochain. 5 villes au total. Pensez-vous qu’elles sont représentatives de tous les Français ? Comment les avez-vous choisies ?

Olivier Truchot : On les a choisies pour faire un tour de France, donc on essaye de faire le Nord, le Sud-Est, le Sud-Ouest. On a les a choisies parce que ce sont des villes où l’on est très écoutés, on sait que les auditeurs seront là, présents. Ce sont des villes faciles d’accès. Parce que pour des raisons pratiques, comme nous sommes à la télé jusqu’à 19h, il faut que l’on puisse rejoindre vite la ville le soir. Puis ce sont des villes où l’on est en général très bien accueillis. On a déjà été à Lyon, à Bordeaux et ça se passe toujours très, très bien. Pour Amiens, il y a un petit clin d'œil. Ce sera deux jours avant le premier tour et c’est la ville d’Emmanuel Macron !

Cette mini tournée a débuté la semaine dernière à Rennes, comment avez-vous été accueillis ?

Alain Marschall : Par la pluie ! (rires) Et par le froid, mais ça, on s’y attendait un peu… Non, c’était sympa d’abord de retrouver le public. Ça faisait longtemps que l’on n'était pas sortis. Donc le public a répondu présent, les Rennais ont inauguré la tournée et c’était bien. Parce qu’en plus, le deal pour ces 5 émissions était que le public puisse prendre la parole en direct. Et les Rennais ont pris la parole, nous ont apporté des beaux témoignages sur : comment va la France et comment vont les Français en ce moment ? Donc j’espère que l’on aura la même chose dans les autres villes.

Justement, comment s'organise une tournée comme celle-ci ?

O.T. : C’est une grosse tournée parce que maintenant, on fait de la radio et de la télé. Donc ça demande quand même beaucoup de moyens. Il y a deux cars-régie, il faut arriver la veille, installer... En plus, on veut être dans des lieux de vie donc ce ne sont pas des lieux qui sont faits, a priori, pour faire de la radio ou de la télé. C’était une brasserie à Rennes, à Bordeaux on est dans un marché... Donc à chaque fois, il faut pouvoir s’adapter au lieu, installer notre table, les micros, etc. C’est une grosse opération, un gros dispositif.

A.M. : Et puis il faut que nos Grandes Gueules, qui travaillent dans la vie de tous les jours, puissent s’organiser aussi. Déposer une demi-journée, plus une matinée. Puis ça nous sort des studios. Et eux aussi, ça les sort un peu de leur vie quotidienne et du studio des GG. Ça nous permet, en plus, d’avoir un moment de convivialité parce que l’on se retrouve tous au restaurant, la veille au soir, et on dîne ensemble. C’est plutôt sympa !

O.T. : Didier Giraud, notre agriculteur de Saône-et-Loire, n’a jamais été à Marseille donc on l’emmène à Marseille vendredi prochain !

Durant la dernière heure de l’émission, vous avez donné la parole aux Rennais. Ce que l’on peut retenir des sujets évoqués, c’est : le prix du carburant, le pouvoir d’achat, les victimes économiques de la crise sanitaire. Finalement, vous pouvez dire que le ras-le-bol est total de la part des Français ?

O.T. : Il y a une lassitude, je pense. Parce qu'effectivement il y a quand même eu deux ans de Covid, on enchaîne avec une guerre en Europe. Ça fait quand même beaucoup, ça met une ambiance pesante, un peu anxiogène. Donc il y a une lassitude et puis il y a une colère pour ceux qui subissent de plein fouet, notamment, l’augmentation du prix de l’énergie, ça, c’est sûr ! Un auditeur sur deux des Grandes Gueules est en voiture, il ne faut pas l’oublier, donc forcément le sujet carburant est un sujet important.

Qui sont les plus "Grandes Gueules" d’après vous ? Les Français, vos chroniqueurs ou vous ?

A.M. : Ce sont les Français ! Mais nos chroniqueurs sont des Français. Ce ne sont pas des professionnels des médias. Il y a un agriculteur, un médecin, un chef d’entreprise, une étudiante... Donc ils ressemblent à la France. Le Français par excellence est grande gueule. C’est le pays d’Astérix et d'Obélix, il ne faut pas l’oublier. Ce sont les Gaulois réfractaires !

O.T. : L'émission fonctionne parce que je pense qu’elle correspond à l’état d’esprit de beaucoup de Français. On aime bien râler, on aime bien discuter politique, c’est un peuple très politique ! On aime bien s’engueuler autour d’un repas sur la politique. C’est ça qui nous a donné l’idée de faire cette émission.

Quel est, selon vous, le sujet qui risque de revenir le plus lors de vos échanges avec eux ces prochaines semaines ?

O.T. : Le pouvoir d’achat, je pense que c’est un sujet qui est assez fort.

A.M. : La vie quotidienne. En fait, quand on dit pouvoir d’achat, c’est la vie quotidienne. Ce sont les dépenses : comment je vis, qu’est ce qui peut changer ma vie, comment elle peut s’améliorer.

O.T. : Il y a quand même un souci qui a été vu un peu avec les gilets jaunes, c’est à dire qu’aujourd’hui, travailler ne suffit pas pour bien vivre. Alors que pendant des années, notamment la génération de nos parents, on arrivait à vivre même si on n’avait pas un job extraordinaire. On pouvait quand même avoir le projet d’acheter un appartement ou une maison, de partir en vacances et on pensait que nos enfants pourraient faire des études sans problème. Aujourd’hui, travailler ne suffit pas pour vivre. On est angoissé, pas sûr de pouvoir payer son loyer, pas sûr de pouvoir financer les écoles des enfants, etc. Donc je pense que c’est ça qui a changé, qui crée beaucoup d’angoisses.

18 saisons, 4 présidents. Qu’est ce qui fait votre longévité ?

O.T. : Les présidents passent, les Grandes Gueules restent ! (rires)

A.M. : Les présidents passent mais les Français sont toujours là. Mais justement on ressemble aux Français !

O.T. : On a commencé sous Chirac, ce qui ne nous rajeunit pas... (rires)

A.M. : Ça fait Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron.

O.T. : Quid du prochain ?

A.M. : Rendez-vous dans un mois !

Justement, en 17 ans, pouvez-vous dire que les Français sont toujours aussi grandes gueules qu’à vos débuts ?

A.M. : Ah oui, toujours ! Plus que jamais même. Parce que depuis que les réseaux sociaux sont arrivés, on le voit au quotidien.

O.T. : Et puis il y a une méfiance vis-à-vis du responsable politique. Parfois injuste, parce que je pense que malheureusement il ne peut pas tout régler. Mais oui, cette méfiance vis-à-vis de la politique, ça, on l’a vue grandir quand même depuis 18 ans.

A.M. : Le Français aime toujours dire ce qu’il pense, on le voit tous les jours au 3216.

Début février, Olivier Truchot vous affirmiez de manière ironique que le clap de fin sonnerait au moment du départ de Poutine… Au vu du contexte, l’idée est-elle toujours d’actualité ?

O.T. : C’est moi qui ai dit ça ? Merde ! Qu’est ce que l’on peut dire comme bêtises dans Les Grandes Gueules (rires). Oui, là c’est mal barré. Quoique... On ne sait pas, peut-être qu'il peut y avoir une révolution de palais, certains l'espèrent, le souhaitent, que Poutine soit renversé de l’intérieur pour mettre fin à cette guerre. Mais là pour le coup, difficile de faire des prévisions.

A.M. : En tout cas on voit bien que ce n’est pas sous Poutine que pourraient exister les GG. C’est bien dommage d’ailleurs.

O.T. : C’est là aussi où on voit la différence avec un pays libre comme la France ! On a beau critiquer ceux qui nous gouvernent, on est quand même dans un pays de libertés. On peut dire tout le mal que l’on pense, par exemple, du président sans risquer de finir avec une amende ou en prison. Et ça, parfois, certains Français l’oublient quand ils disent "on vit sous une dictature", les mots ont un sens. Cela permet de rétablir un peu certaines choses quand même.

Retrouvez Les Grandes Gueules du lundi au vendredi, de 9h à 12h sur RMC BFM Play, disponible gratuitement sur le site RMCBFMPlay.com, ainsi que sur l'App Store et le Play Store.

Margaux Sailly
Margaux Sailly Rédactrice