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1985 : la série sur Canal+ est-elle tirée d'une histoire vraie ?

La série 1985 avec Tijmen Govaerts est-elle basée sur une histoire vraie ? © Eyeworks / Thomas Nolf

Fraîchement arrivée sur Canal+, la série 1985 raconte l'histoire d'un trio de jeunes gens, Marc, Francky et sa soeur Vicky, qui s'installent à Bruxelles pour y prendre leur envol. En toile de fond, cette fiction inédite évoque également une série de braquages particulièrement sanglants, qui fait voler en éclats le calme du plat pays. Ces crimes ont-ils réellement eu lieu ? SFR Actus fait la lumière sur cette affaire.

Visible sur Canal+ depuis le 3 juillet, 1985 se concentre avant tout les destins croisés de trois amis d’enfance qui, après avoir reçu leur précieux d’études secondaires, s'installent à Bruxelles pour s'y émanciper, et choisissent chacun des chemins bien différents. Le scénario aborde aussi les tueries du Brabant, une atroce série de crimes barbares qui a une place toute particulière dans l'histoire. S'agit-il d'une histoire vraie ? On vous dit tout.

1985 : l'histoire vraie des tueries du Barbant

La série 1985 s'inspire effectivement de faits réels, mais l'affaire sur laquelle elle s'appuie est particulièrement atypique et reste, 40 ans après les faits, toujours irrésolue. Cette série de crimes perpétrés entre 1982 et 1985, impliquant un gang dont le méfait le plus notable est une attaque meurtrière contre un supermarché, a été surnommée "les tueries du Barbant". Et ce qui distingue ces vols à main armée de la plupart des autres affaires de braquages et de cambriolages connues, ce sont les horribles meurtres qui y sont liés et qui ont plongé la Belgique en pleine psychose. Durant leur folle odysée criminelle, ces gangsters ne se sont pas contentés de voler et ont executé, souvent sans raison apparente, pas moins de 28 personnes, dont des enfants. Si certains points d'ombre demeurent, nous allons dans cet article nous concentrer sur les faits.

Cette sordide affaire débute le 13 mars 1982. Ce jour-là, deux d'hommes font irruption dans une armurerie de Dinant et y dérobent un fusil de chasse. Aucune victime n'est à déplorer, mais ce vol, en apparence banal, est en fait le premier d'une longue série.

Cinq mois plus tard, le 13 août 1982, c’est dans une épicerie de Maubeuge, au nord de la France, que le duo de malfaiteurs fait de nouveau parler de lui. Les deux hommes braquent la petite boutique, et un policier intervient. Le gardien de la paix est blessé, et les braqueurs s'enfuient, emportant cette fois encore un maigre butin : du foie gras, ainsi que quelques bouteilles de vin et de champagne.

C'est le 30 septembre 1982 que ces braqueurs deviennent des meurtriers. Armés, ils se garent devant une petite armurerie de Bruxelles. Le patron du magasin voit deux hommes sortir d'une berline bleue et se précipiter à l'intérieur de sa boutique. L'un d'eux est muni d'un fusil de chasse, et met en joue le commerçant. Un policier qui se trouve non loin est averti par des témoins de la scène, et décide d'intervenir. Il entre dans le magasin, et tente de raisonner les braqueurs. Peine perdue : les deux malfrats lui tirent une balle en pleine tête, prennent la fuite, et parviennent à s'enfuir à l'issue d'une course poursuite au cours de laquelle ils auront blessé deux officiers de police. Cette fois-ci, leur butin est plus conséquent que lors de l'attaque de Maubeuge : les deux hommes ont fait main basse sur une quinzaine d'armes à feu. De quoi faire un carnage...

Fin décembre 1982, à Beersel, le duo criminel s'introduit dans une auberge sur laquelle veille un concierge âgé de 72 ans. Le pauvre homme est ligoté, torturé et exécuté : on le retrouve abattu de six balles dans la tête. L'année s'achève et le constat est glaçant : c'est l'escalade, pour ceux qui n'étaient que de simples petits voleurs quelques mois plus tôt, et ils sont désormais prêts à tout pour obtenir ce qu'ils convoitent.

1983 : la terreur plane sur les supermarchés belges

En janvier 1983, à Mons, les policiers découvrent un taxi abandonné. Dans le coffre, ils retrouvent le cadavre du chauffeur, qui a reçu quatre balles dans la tête. En février 1983, le supermarché Delhaize de Genval est frappé par un hold-up. Aucune victime n'est à déplorer. Quelques jours plus tard, un autre magasin Delhaize, celui d'Uccle, est attaqué : un client est blessé. Le 3 mars, la bande s’attaque à un troisième supermarché, le Colruyt de Hal, dont le gérant est tué.

Ces quatre crimes sont en fait les premiers d'une année particulièrement sanglante. En septembre 1983, ceux que la presse surnomment désormais Les Tueurs du Barbant s'attaquent à l'usine de gilets pare-balles de Tamise. Ils tuent le concierge de l'usine, et blessent grièvement son épouse, s'enfuyant avec 7 gilets pare-balles.

Quelques jours plus tard, au Colruyt de Nivelles, un homme et une femme, qui font le plein de leur Mercedes à la pompe à essence située à l'arrière du magasin sont tués. Les criminels cachent leurs corps dans des caddys et entrent dans le supermarché. Trois gendarmes arrivent sur place. L'un est blessé, et l'autre tué. Les Tueurs du Barbant s'enfuient en emportant des bouteilles d'alcool, des bonbons et du café.

Le 2 octobre, un propriétaire de restaurant à Ohain est abattu lors d'un hold-up. Le 7 octobre, les braqueurs sont de retour à Beersel pour y braquer le Delhaize. Le gérant du magasin écope d'une balle dans la tête. Les malfaiteurs concluent leur année sanglante, en décembre 1983, en s'attaquant à un couple de bijoutiers Anderlus, qu'ils cambriolent et tuent dans leur boutique. Après une année au cours de laquelle, douze personnes sont tombées sous leurs balles, sans que la moindre piste sur leur identité ou leur mobile n'ait été trouvée, les Tueurs disparaissent... mais pas pour très longtemps.

1985 : le retour des Tueurs du Barbant

Après deux ans et demi répit, les tueries reprennent le 27 septembre 1985. En une soirée, les criminels font couler le sang à deux endroits distincts. Vers 20h, ils s'attaquent d'abord au Delhaize de Braine-L’Alleud. Lorsqu'ils en repartent, ils laissent trois cadavres de clients derrière eux. Seulement 20 minutes plus tard, ils frappent le Delhaize d’Overijse. Cinq personnes sont tuées.

Moins de deux mois plus tard, le 9 novembre 1985, c’est au Delhaize d’Alost que surgissent à nouveau ceux qui sont devenus depuis quelque temps un trio. Il y a le "Géant", reconnaissable à sa grande taille, le "Vieux" et enfin le "Killer", comme les ont surnommés les enquêteurs. Bilan de ce braquage : huit morts et sept blessés. Lors de cette attaque, le "Killer" est blessé. Les Tueurs du Barbant parviennent néanmoins à prendre la fuite et puis... plus rien. Le gang se volatilise définitivement.

40 ans après le premier crime de la bande, l'enquête est toujours ouverte, et plusieurs enquêteurs cherchent encore à mettre la main sur les Tueurs, après que de nombreuses pistes aient été explorées, sans succès.

La clé du mystère demeurant inconnue, c'est donc une fiction que propose Canal+ avec la série 1985, qui puise dans cette affaire pour construire son scénario et étoffer ses personnages. Le voile sera-t-il un jour levé sur les secrets des Tueurs du Barbant ? En théorie, en 2025, en vertu de la législation sur la prescription des crimes, l'enquête devait s'arrêter, mais le ministre de la justice de Belgique, Vincent Van Quickenborne, a fait modifier la loi afin que de tels faits ne puissent plus être prescrits. En attendant, d'éventuelles découvertes ou révélations, l'identité des Tueurs reste une énigme.

Sources : France Inter, Slate, L'Avenir

Pierre Champleboux
Pierre Champleboux Rédacteur