
Comment Heroes a révolutionné le genre des séries super-héroïques
“Save the cheerleader, save the world”. Cette phrase catchy, prononcée par le sympathique Hiro Nakamura, a été un véritable symbole de la pop culture télévisée dans les années 2000. Car la série Heroes avait si bien commencé…
De grands pouvoirs impliquent…
Quand la série débarque en 2006, elle devient aussitôt un véritable phénomène de mode. On commence à suivre des personnages ordinaires, qui se découvrent des pouvoirs extraordinaires un peu partout dans le monde. Enfin, dans le monde… surtout aux États-Unis, quoi. Le dessinateur Isaac Mendez découvre qu’il peint le futur à New York, où les frères Petrelli se révèlent également : le politicien Nathan peut voler, et le gentil Peter a le pouvoir d’absorber tous les pouvoirs. À Los Angeles, le policier Matt Parkman peut lire dans les pensées, dans le Nevada, Niki Sanders se découvre une double maléfique (pire pouvoir) et au Texas, la cheerleader Claire Bennet est invincible. Bon, il y a quand même Hiro à Tokyo, mais il va très vite arriver aux États-Unis.
Imaginée par Tim Kring, Heroes entend fonctionner comme un comic book, présentant les personnages via des animations façon cases de bande dessinée. Esthétiquement, c’est très réussi et les séries TV sont justement en train de devenir énormes. Il faut se replonger dans le contexte de l’époque : il n’y avait pas encore de Netflix, OCS, Disney+ ou Amazon prime Video. Pour suivre une série, il fallait attendre l’épisode de la semaine, ou la télécharger sur internet. Lost avait ouvert la voie à cette nouvelle vague deux ans auparavant et le succès a été au rendez-vous dès le début pour Heroes, réunissant aux États-Unis plus de 14 millions de téléspectateurs pour son premier épisode. Même en France, c’est un carton : la série est diffusée sur TF1, avec un générique de top qualité en français, qu’on vous laisse apprécier. Attention, on retourne dans le style de l’époque, ça peut piquer les yeux et les oreilles on vous prévient :
Sylar ou du cochon
Et qui dit héros dit forcément vilain : il faut un méchant à combattre pour toute cette équipe de héros amateurs, qui se fait guider par Hiro Nakamura. En allant à New York dans le futur, il a vu une énorme explosion qui causera la fin du monde. Pour empêcher celle-ci, il prévient Peter Petrelli, lui intimant la fameuse mission de sauver la cheerleader. Et la menace qui plane sur elle porte un nom, celui de Sylar, un dangereux serial killer lui aussi doué de pouvoirs, qui s’attaque aux autres “spéciaux” pour leur piquer leurs capacités... Comme Lost, la série repose sur le mystère et on cherche à comprendre tout au long de la saison le pourquoi ou le comment de certaines actions, dans l’attente d’une grande révélation finale.
Heroes est bien loin des séries super-héroïques classiques, où un épisode consiste à l’affrontement d’un méchant par le héros. Son arc narratif se déroule durant 23 épisodes pour la première saison, et les héros ressemblent à des X-Men sans tenue à base de cape ou superslip. Mais la résolution finale de la première saison déçoit fortement, avec un doux sentiment de “tout ça pour ça ?” Malgré tout, le lancement de la saison 2 est à nouveau un succès, avec le record d’audience de la série aux US : 17 millions de spectateurs. Qui ne sera plus jamais atteint. Les chiffres baissent tandis que l’intrigue s’étire et que les nouveaux personnages mettent trop longtemps à s’installer, cela pendant que de trop nombreuses romances apparaissent. Pire, la fameuse grève des scénaristes passe par là et la seconde saison ne compte que 11 épisodes. Les saisons 3 et 4, usant des mêmes artifices (voyage dans le temps, monde à sauver, “qui sont mes vrais parents ?”) n’aideront pas la série à se relever, avec même une tentative de retour en 2015 très vite annulée.
Malgré tout, Heroes reste une référence incontournable des années 2000, avec une première saison très intéressante, ayant laissé une grande influence : y aurait-il eu les Misfits sans les Heroes ? La série n’a t-elle pas permis aux gens de se familiariser avec le genre super-héroïque avant le début du Marvel Cinematic Universe en 2008 ? Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont réussi à sauver la cheerleader. Mais peut-être pas leur monde…
