
The Last of Us : l'infection cérébrale est-elle possible dans la vraie vie ?
La série inspirée des jeux vidéo The Last of Us nous propulse dans un monde dans lequel une dangereuse infection transforme les humains en zombies. On y suit Joel, un contrebandier endurci, et Ellie, la jeune fille de 14 ans qu'il est chargé de conduire à l'autre bout du pays. Ensemble, ils font face aux infectés qui pullulent dans cet univers. Et si ces contaminés ont un aspect très particulier, c'est principalement dû à une infection liée à des champignons parasites. Vous êtes de ceux qui aiment se rassurer en se disant que cette pandémie ne pourrait pas se produire dans la vraie ? Apprêtez-vous à frémir : les scénaristes se sont inspirés d'observations scientifiques bien réelles qui font froid dans le dos. Notre monde pourrait-il prochainement basculer et finir par ressembler à celui d'Ellie et Joel ? On vous explique tout.
La différence la plus évidente entre la série The Last of Us, fraîchement débarquée sur Prime Video, et les autres séries d'horreur comme The Walking Dead et ses spin-offs mettant en scène des morts-vivants, c'est que ce n'est pas un virus qui transforme les êtres humains en zombies : il s'agit ici d'une infection causée par un champignon qui prend le contrôle de ses hôtes. L'infection de cette nouvelle série HBO pourrait-elle se produire dans la vie réelle ? SFR Actus vous répond.
Quelle est l'infection de The Last of Us ?
La maladie au centre de la série télévisée et des jeux The Last of Us est l'infection du cerveau par Cordyceps, causée par le champignon du même nom. La série télévisée l'explique au début du premier épisode au moyen d'un flashback montrant deux scientifiques qui discutent des pandémies dans une émission diffusée dans les années 60. L'un des scientifiques explique que sa plus grande inquiétude est qu'un virus semblable à la grippe contre lequel nous n'aurions pas de vaccin se répande sur la surface du globe, ce qui n'est pas sans rappeler la pandémie de Covid-19.
Mais l'autre scientifique, un certain docteur Neuman, lui rétorque que si les virus sont effectivements très dangereux, l'humanité parvient toujours à les combattre. Il explique ensuite qu'il est pour sa part beaucoup plus inquiet à l'idée d'une infection liée à des champignons, ce qui ne manque pas de provoquer l'hilarité sur le plateau. Le docteur Neuman précise alors les raisons de son inquiétude :
“Il suffit d’une mutation pour que les champignons réussissent à se frayer un chemin jusqu’à notre cerveau, prennent le contrôle de milliards d’entre nous. Des milliards de marionnettes, à l’esprit empoisonné, avec un seul objectif : disséminer l’infection chez chaque être humain”,
Le docteur parle d'un champignon bien réel, l'Ophiocordyceps unilateralis, qui est notamment capable de prendre le contrôle des fourmis qu'il infecte, et contre lequel il n'existe aucun traitement. Et si ce champignon ne touche que des insectes, l'homme précise que le réchauffement climatique pourrait favoriser sa mutation et un jour, peut-être, le rendre compatible avec un hôte humain, entraînant dès lors un cataclysme sanitaire à l'échelle de la planète. C'est ce qu'il s'est passé dans The Last of Us, mais une telle chose peut-elle se produire dans notre monde ?
L'infection cérébrale de The Last of Us pourrait-elle devenir réelle ?
Si l'infection que l'on voit dans The Last of Us est assez peu probable dans notre monde, elle n'est toutefois pas impossible. David Hughes, biologiste spécialiste des maladies et professeur d'entomologie et de biologie à l'université Penn State, a ainsi expliqué au site Fandom que le Cordyceps est un vrai champignon, et qu'il s'est déjà répandu à grande échelle chez des insectes d'Amérique du Sud, qui ont dès lors adopté des comportements similaires à ceux des créatures de la série. Et le professeur de noter qu'il n'est pas rare que les humains contractent des maladies fongiques mortelles :
"Si vous êtes immunodéprimé, c'est très probablement un champignon qui vous tuera, surtout si vous êtes porteurs du VIH. En fait, les champignons tuent plus que la malaria. 1,3 million de personnes meurent chaque année à cause de maladies fongiques. Il n'y a donc aucune raison pour que nous ne puissions pas contracter ces maladies"
Le scientifique, qui a officié en tant que consultant sur la franchise The Last of Us, bien décidé à nous empêcher de trouver le sommeil dans les prochains jours, poursuit en expliquant qu'il est par ailleurs déjà arrivé qu'un champignon fasse perdre la tête à des humains :
"Historiquement, on sait que les champignons affectent le comportement humain. L'ergot est un champignon qui vit dans les herbes et qui a évolué à partir des vers et des fourmis, et il produit des alcaloïdes qui contrôlent le comportement. En Europe, il y a eu ce qu'on appelle le feu de Saint-Antoine, c'est-à-dire ces délires convulsifs qui se sont produits pendant des milliers d'années, lorsque les gens mangeaient du seigle infecté. On pense même que l'hystérie des procès des sorcières de Salem dans les années 1600 était due au fait que les gens mangeaient du seigle qui contenait ce champignon... Le dernier cas remonte à 1954 environ, en France, lorsque quelqu'un a intentionnellement vendu à une petite ville française un chargement de céréales contenant le champignon. Tout le monde est devenu fou et une fille de 12 ans a essayé de tuer sa mère avec un couteau de cuisine."
Mais le professeur Hugues se veut tout de même rassurant : il est peu probable que le Cordyceps passe de la fourmi à l'homme, car la plupart des maladies proviennent des animaux que nous mangeons et qu'heureusement, rares sont les humains qui mangent des fourmis en grande quantité. Il ajoute que les champignons ne se propagent généralement pas aussi largement que les autres maladies. Cependant, le scientifique explique que les fourmis pourraient, dans le plus cauchemardesque des scénarios, transmettre à d'autres animaux le champignon... et que ceux-ci pourraient ensuite transmettre l'infection aux humains.
Et le professeur de conclure par une information glaçante : si une telle infection se propageait sur le globe, il faudrait environ 20 ans aux spécialistes pour trouver un remède.
Un autre champignon mortel fait redouter une future crise sanitaire
Le Cordyceps n'est pas le seul champignon qui pourrait faire donner lieu à une situation similaire à celle décrite dans The Last of Us dans le monde réel. Ces dernières semaines, les autorités sanitaires américaines ont en effet tiré la sonnette d'alarme concernant le Candida auris, un champignon pathogène invasif apparu au Japon en 2009 et qui s'est révélé comme étant particulièrement résistant.
En outre, sa capacité à se reproduire à une vitesse exponantielle est, elle aussi, très préoccupante. Ces dernières années aux États-Unis, ce champignon microscopique a été à l’origine de plusieurs foyers de contamination en milieu hospitalier, et le 20 mars dernier, le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) a publié un article pour alerter de "la menace grandissante" représentée par le Candida auris. L'institution précise que si, pour l'heure, le champignon n'affecte que les personnes les plus vulnérables, il représente un danger à ne pas négliger :
"En général, le Candida auris ne constitue pas une menace pour les personnes en bonne santé. Les personnes très malades, porteuses d'appareils médicaux invasifs ou effectuant des séjours longs ou fréquents dans des établissements de santé courent un risque accru de contracter le Candida auris. Le CDC le considère comme une menace urgente, car il est souvent résistant à plusieurs médicaments antifongiques, se propage facilement dans les établissements de santé et peut provoquer des infections graves avec un taux de mortalité élevé. (...) L’augmentation rapide et la propagation géographique des cas sont préoccupantes et soulignent la nécessité d’une surveillance continue"
Le Candida auris a également été identifié comme étant à l’origine de contaminations en Europe et en France ces dernières années, Eurosurveillance ayant recensé 327 cas entre 2019 et 2021. Sur le site de l'autorité sanitaire québécoise, on peut en apprendre plus sur les symptômes et la façon dont l'infection se transmet :
"Les symptômes dépendent du lieu de l’infection. Le Candida auris peut notamment causer une infection du sang, d’une plaie, de l’oreille, des voies urinaires, des os ou des méninges (enveloppe du cerveau) (...) Le Candida auris se transmet principalement par contact direct avec les mains contaminées d’une personne porteuse ou infectée, avec celles du personnel soignant ou encore par contact indirect avec des surfaces et des objets contaminés."
Et pour éviter les risques de contamination, les recommandations sont claires :
- Se laver les mains avec de l’eau savonneuse ou du gel hydroalcoolique. "Cette mesure, la plus efficace et la plus simple, doit être appliquée autant par la personne infectée que par les membres de sa famille", précise le communiqué québécois.
- Nettoyer les vêtements et la literie des personnes infectées avec de l'eau tiède ou chaude et un détergent à usage domestique.
- Ne pas utiliser les rasoirs ou serviettes des personnes infectées.
- Utiliser de l’eau de Javel pour désinfecter les objets possiblement contaminés par les personnes infectées.
- Jeter dans un sac de plastique fermé les pansements utilisés par les personnes infectées, avant de se laver les mains.
Selon Eurosurveillance, on ne dénombre dans l'Hexagone à l'heure actuelle que 6 cas de contamination au Candida auris, mais si vous avez le moindre doute et que vous pensez avoir identifié un ou plusieurs des symptômes causés par cette infection, n'hésitez pas à consulter.
Même si on reste encore loin d'un scénario zombiesque, désormais, on fera donc très attention aux champignons, et on regardera la prochaine saison de The Last of Us d'un autre œil.
Sources : CDC, Eurosurveillance, Fandom, Quebec.ca, RadioFrance
