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Welcome to Chippendales : de quelle histoire vraie est inspirée la série Disney+ ?

Découvrez la vétitable histoire de Welcome to Chippendales © Disney+ / Hulu

Welcome to Chippendales débarque sur Disney+, et il y en a pour tous les goûts dans cette nouvelle série. Les fans de Magic Mike seront ravis d'y retrouver la sulfureuse ambiance des clubs où l'effeuillage masculin est roi, et les passionnés de fait-divers et de true crime auront l'occasion d'y découvrir une incroyable histoire vraie digne d'un grand polar. Strip-tease, boules à facettes, magouilles et meurtres : SFR Actus vous dévoile l'envers du décor et ce qu'il s'est réellement passé en marge de la création des tous premiers spectacles de Chippendales !

Bien avant que Channing Tatum ne crève l'écran en Magic Mike, il y a eu les Chippendales. Un mot qui fait désormais partie du langage courant lorsqu'on évoque des spectacles de strip-tease mettant en scène des hommes, mais qui était à l'origine le nom d'une troupe de danseurs créée par un entrepreneur aux dents longues qui comptait bien vivre le rêve américain quoi qu'il en coûte. C'est cette histoire, digne des meilleurs épisodes de Faites entrer l'accusé, que raconte la série Welcome to Chippendales, disponible sur Disney+ à partir de ce mercredi 11 janvier. Envie de découvrir les faits qui ont inspiré la fiction ? Attachez vos ceintures, remontez vos bretelles, et installez-vous confortablement, car nous embarquons pour un voyage mouvementé dans le monde du strip-tease au masculin.

Sur 8 épisodes, Welcome to Chippendales raconte comment, dans les années 1980, le businessman Steve Banerjee a créé le premier club de strip-tease pour femmes, connu le succès, puis la descente aux enfers. L'histoire d'un rêve américain qui vire au cauchemar quand les strass et les paillettes cèdent la place aux coups bas et que les morts suspectes s'accumulent.

Somen "Steve" Banerjee : un type qui en veut

Né à Bombay en 1946, c'est à la fin les années 1960 que Somen Banerjee quitte l'Inde pour tenter sa chance aux États-Unis. Somen se fait désormais appeler "Steve", et n'a plus qu'un objectif : devenir un homme riche, coûte que coûte. Il s'installe à Los Angeles où il commence par gérer une station-service, puis passe aux choses sérieuses en se lançant dans le monde de la nuit avec l'achat d'une discothèque en faillite qu'il transforme en strip-club. Au départ, ce sont des spectacles de catch féminin dans la boue qu'organise Steve dans son club, sans grand succès. C'est en 1979 que notre homme trouve enfin l'idée de génie qui va renflouer ses caisses : fonder une troupe de strip-teasers et organiser des soirées réservées aux femmes. À l'époque, c'est du jamais vu, et à chaque représentation, la petite boîte de nuit affiche complet. Il faut préciser que ce concept, Steve Banerjee ne l'a pas trouvé seul. C'est le promoteur Paul Snider, proxénète à ses heures perdues, qui lui a soufflé l'idée, comme l'a expliqué à Vice l'historienne Natalia Petrzela :

"Paul Snider a assisté à un numéro de strip-tease masculin dans une boîte gay et s'est dit que ce serait marrant de faire pareil pour les femmes. Il a proposé le concept à Banerjee, et c'est comme ça que tout a commencé".

Au départ, Steve charge Paul de chorégraphier des numéros de la troupe, fraîchement baptisée "les Chippendales". Mais la collaboration entre les deux hommes ne sera que de courte durée. Le 14 août 1980, Paul Snider tue son épouse, la playmate Dorothy Stratten, avant de se donner la mort à son tour.

Pour lui succéder, Steve engage le célèbre chorégraphe Nick De Noia qui fait monter en gamme les spectacles et apporte une vraie patte artistique à ce qui n'était jusque-là que du strip-tease. Le public adore, la presse encense le show, et l'argent coule à flot. Tout pourrait donc aller pour le mieux, mais le courant passe mal entre Steve et son nouvel associé. Les deux hommes ne cessent de se disputer et ne sont pas d'accord sur la dimension artistique du projet. En 1984, Nick part pour New York où il créé son propre spectacle de Chippendales avec une autre troupe, tout en reversant la moitié de ses recettes à Steve pour l'usage du nom.

Le spectacle de Nick est un vrai succès et devient bientôt une tournée : le Chippendales Universal Tour. Et si cette tournée rapporte beaucoup d'argent à Steve sans qu'il ait à s'en occuper, elle alimente aussi la jalousie que le businessman commence à nourrir envers le chorégaphe...

Du rififi dans le monde de la nuit

Les Chippendales de Nick De Noia font exploser la popularité du concept qu'avait lancé Steve. Le spectacle est devenu un phénomène culturel que les médias s'arrachent, et c'est Nick qui est invité dans les émissions pour en parler. Son visage et son nom sont désormais tellement associés aux spectacles à la mode qu'on le surnomme publiquement "Monsieur Chippendales". Une popularité qui n'est pas du goût de Steve, dont la jalousie envers Nick se change petit à petit en haine pure et dure. D'autant que de son côté, Steve Banerjee fait face à de nombreux problèmes : on le suspecte d'avoir incendié une boîte de nuit concurrente, et il a perdu un procès pour discrimination raciale après avoir refusé l'accès de son établissement à un étudiant noir.

De plus en plus isolé, Steve est maintenant convaincu que Nick ne lui reverse pas réellement 50% des recettes que génèrent ses spectacles, et qu'il le vole. Steve engage alors Ray Colon, un ancien policier, et lui demande de l'aider à faire tomber Nick. Le 7 avril 1987, Nick De Noia est tué par balle alors qu'il est assis à son bureau de New York. Et pendant plusieurs années, ce crime restera impuni.

Steve Banerjee : la mort dans la peau

Le fait de ne pas avoir été inquiété dans l'affaire du meurtre de Nick semble enhardir Steve, qui rachète les droits de la tournée Chippendales après la mort du chorégraphe, et essaie de s'en approprier le succès. Mais l'orgueil et la colère ne tardent pas à le faire replonger dans le crime. En 1990, l'homme décide de faire de nouveau appel à Ray Colon pour faire disparaître trois de ses anciens collaborateurs : Michael Fullington, ancien danseur et chorégraphe des Chippendales, et deux autres anciens membres de la formation. Il se trouve que le trio a quitté les Chippendales pour voler de ses propres ailes en fondant une troupe rivale baptisée Adonis : Men of Hollywood. Vous l'aurez compris : Steve Banerjee a quelques difficultés à accepter la concurrence.

Tel est pris qui croyait prendre

Mandaté par Steve, Ray Colon recrute un tueur à gages pour régler leur compte aux trois Chippendales dissidents. Mais celui-ci, au lieu de s'exécuter, informe le FBI. Après avoir été arrêté, l'ex-flic accepte d'aider le FBI à piéger Steve Banerjee en lui enregistrant ses aveux à son insu. En septembre 1993, le créateur des Chippendales est accusé d'avoir engagé Colon pour assassiner Nick De Noia et d'avoir projeté de tuer trois anciens danseurs. Steve Banerjee plaide coupable, mais le 23 octobre 1994, quelques heures avant le verdict, il se suicide dans sa cellule.

Epilogue et héritage des Chippendales

La license Chippendales n'appartient plus à la famille Banerjee et a survécu aux scandales qui ont entâché son ascension. De nos jours, la troupe continue à se produire à l'occasion de tournées ou de résidences à Las Vegas. En 2020, Christian Banerjee, le fils de Steve, a lancé son propre spectacle d'effeuillage masculin et formé une nouvelle troupe : les Strippendales. "Mon père était coupable de l'affaire des 'meurtres des Chippendales', maintenant je me déshabille pour gagner de l'argent. (...) C'était mon destin", a-t-il déclaré au New York Post. En lui souhaitant que cette fois-ci, le succès sera au rendez-vous sans que personne ne perde la vie.

Sources : Time, Vice, The New York Post, Disney+

Pierre Champleboux
Pierre Champleboux Rédacteur