
10 reprises plus connues que les chansons originales
On part du principe que vous êtes au courant que le Je survivrai de Larusso est tiré du mythique I Will Survive de Gloria Gaynor, de même que Shakira a emprunté Je l’aime à mourir à Francis Cabrel. Dans cette sélection, vous trouverez plutôt des reprises si célèbres, que vous ne vous doutiez peut-être même pas qu’il s’agissait effectivement de reprises…
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, s’attaquer à une reprise, ce n’est pas simplement un bon moyen de s’assurer un tube sans avoir à trop se fouler. Apprécié tantôt parce qu’il dépoussière de vieux classiques, osant même parfois le changement de genre musical, tantôt parce qu’il permet de chanter un hit bien connu dans une langue que l’on comprend, c’est un exercice plutôt périlleux en réalité. C’est notamment prendre le risque de se faire incendier pour avoir massacré un morceau cher aux yeux du public… Mais parfois, le jeu en vaut la chandelle. En témoignent ces 10 covers, tellement populaires qu’elles sont souvent méprises comme des chansons originales.
Hallelujah de Jeff Buckley, mais en fait de Leonard Cohen
On commence avec une reprise parmi les plus légendaires. En 1994, Jeff Buckley explose sur la scène internationale avec son premier album, Grace, et notamment un titre qui restera son plus connu : Hallelujah. L’artiste prodige, décédé tragiquement à l’âge de 30 ans, n’en est toutefois pas l’auteur, puisqu’il s’agit d’un morceau paru 10 ans plus tôt, mais passé il faut dire quelque peu inaperçu, sur un opus du célèbre poète et chanteur Leonard Cohen. Reste qu’encore aujourd’hui, c’est bien la version de Buckley, plus mélancolique et plus rock, avec sa seule guitare électrique comme accompagnement musical, qui est favorisée sur les ondes. C’est même tout simplement devenu un grand classique.
All Along the Watchtower de Jimi Hendrix, mais en fait de Bob Dylan
Voilà un titre qui fait partie des plus connus dans le répertoire de Jimi Hendrix, aux côtés de Hey Joe et Purple Haze. Paru en 1968, All Along the Watchtower est même un grand incontournable du classic rock. Mais saviez-vous que le légendaire guitariste n’en est pas l’auteur ? Eh oui, c’est une chanson qu’il a empruntée à un autre monstre sacré, monsieur Bob Dylan, qui l’avait sortie un an plus tôt sur l’album qui marquait son grand retour après deux ans d’absence, John Wesley Harding. Évidemment, Hendrix a troqué l’harmonica pour des riffs de guitare endiablés, et en a fait un morceau plus enlevé, plus percutant. À tel point que Dylan himself a délaissé sa version acoustique et guillerette pour jouer cette interprétation électrique et assurément rock sur scène. Si ça, c’est pas la classe.
Le Pénitencier de Johnny Hallyday, qui est en fait The House of the Rising Sun de The Animals
Attaquons-nous maintenant à un classique bien de chez nous, par notre propre légende du rock : Johnny Hallyday. Le Pénitencier s’inscrit parmi les (très) nombreux tubes du chanteur, l’un de ses premiers, sorti en 1964 sur un 33 tours du même nom. Or ce titre bien célèbre de celui qui chantait déjà L’Idole des Jeunes n’est pas tout à fait un original. Il est inspiré d’une chanson folk américaine dénommée The House of the Rising Sun, maintes fois réinterprétées, mais dont la version la plus connue reste certainement celle du groupe britannique The Animals, sortie seulement quelques mois avant celle de Johnny. Pour la petite anecdote, c’est Hughes Aufray qui a adapté les paroles en français, Le Pénitencier étant en outre loin d’être la seule cover dans le répertoire du Taulier - Noir c’est noir, par exemple, est tout simplement la traduction de Black is Black de Los Bravos…
My Way de Frank Sinatra, qui est en fait Comme d’habitude de Claude François
Il faut dire que l’exercice de la reprise était très en vogue dans les années yéyé, et que nombreux sont les artistes de l’Hexagone à avoir ainsi surfé sur les succès rock d’outre-Manche et d’outre-Atlantique de l’époque. Mais l’inverse existe aussi. Beaucoup moins, certes, reste qu’il est un exemple dont on peut être fier : Frank Sinatra, le crooner de légende, a piqué un tube à notre one and only Claude François ! Son fameux My Way, sorti en 1969, est en effet l’adaptation en anglais de Comme d’habitude, paru deux ans plus tôt. Et à vrai dire, Sinatra n’était même pas le premier à l’avoir repris dans la langue de Shakespeare. Si c’est bien lui qui a popularisé cette version, reprenant le même air mais avec des paroles tout autres, on la doit en réalité à un certain Paul Anka.
I Will Always Love You de Whitney Houston, mais en fait de Dolly Parton
Attention, si vous n’étiez pas au courant, apprêtez-vous à voir votre monde s’écrouler. I Will Always Love You, LE tube de Whitney Houston, incontournable des années 1990, qui fait toujours figure de proue dans les playlists et compilations romantiques, n’est pas une chanson originale. Vous imaginiez, comme tout le monde, qu’elle avait été pensée pour la célèbre vocaliste ? Eh bien non. Ce qui pour rappel a servi de thème principal au film Bodyguard, où la chanteuse tombe (littéralement) dans les bras de son garde du corps Kevin Costner, est bel et bien une reprise. Et vous n’êtes pas au bout de votre surprise… Celle qui l’a interprétée la première, et d’ailleurs composée et écrite elle-même, c’est la reine de la musique country, Dolly Parton, en 1974. On vous laisse digérer…
Nothing Compares 2 U de Sinéad O’Connor, mais en fait de Prince
Encore un méga tube romantique du début des années 1990, qui est encore une fois une reprise. Au tout début de la décennie, une jeune artiste irlandaise au crâne rasé explose sur la scène internationale avec Nothing Compares 2 U. Il s’agit bien évidemment de Sinéad O’Connor, qui reste encore aujourd’hui surtout connue pour cette chanson, bien qu’elle l’ait empruntée à un artiste d’autant plus célèbre : Prince. Le prince de la pop l’avait en effet composée six ans plus tôt, pour un groupe qu’il a formé en 1984 en parallèle de sa carrière solo, The Family. Mais c’est donc la version d’O’Connor qui s’est hissée en tête des charts tout autour du globe, devenant ainsi de loin la plus populaire.
Killing Me Softly des Fugees, mais en fait de Lori Lieberman
Les amateurs de hip hop américain vous diront que The Fugees en a plusieurs, des tubes. Mais le plus célèbre du groupe East Coast, celui que même les non-initiés reconnaissent instantanément, ce n’est pas How Many Mics, ni Fu Gee La, ni même Ready or Not, mais Killing Me Softly With His Song. Sans doute parce qu’elle est plus "accessible", mettant en avant la sublime voix de Lauryn Hill, aussi talentueuse vocaliste que rappeuse, cette chanson a pris d’assaut les classements mondiaux, en pôle position dans plusieurs pays à sa sortie en 1996. Mais saviez-vous qu’il s’agissait donc d’une reprise ? Le titre avait même déjà caracolé en tête des charts deux décennies plus tôt, interprété par la chanteuse soul Roberta Flack qui décrocha d'ailleurs un précieux Grammy Award en 1974 pour celui-ci. Et ce, alors même qu’elle n’était pas non plus son interprète originelle… La première trace de Killing Me Softly remonte en réalité à 1972, sur le premier album d’une certaine Lori Lieberman.
Respect d’Aretha Franklin, mais en fait d'Otis Redding
Parmi les chansons les plus emblématiques de la reine de la soul, il y a notamment (You Make Me Feel Like) A Natural Woman et Respect. La première a fait l’objet de plusieurs covers, notamment une mémorable par Céline Dion, tandis que la seconde est elle-même une reprise ! Eh oui, ce n’est pas Aretha Franklin qui a revendiqué le respect la première. Même si c’est elle qui de toute évidence en a fait un véritable hymne féministe, ajoutant par ailleurs une jolie touche personnelle en épelant les lettres "R-E-S-P-E-C-T", ce titre est en réalité une composition originale d’un autre grand artiste soul, monsieur Otis Redding, qui l’a sorti deux ans auparavant, en 1965. Des deux versions, c’est toutefois celle d’Aretha Franklin qui a l’honneur de figurer en numéro 1 au prestigieux classement des 500 meilleures chansons de tous les temps, réédité en 2021 par le magazine Rolling Stone.
Torn de Natalie Imbruglia, mais en fait d’Ednaswap
On vous prévient, vous risquez d’être encore sous le choc : Torn, tube qui a marqué toute une génération à la fin des années 1990, propulsant Natalie Imbruglia sur les devants de la scène internationale, est en fait une reprise. L’originale, on la doit au groupe de rock californien Ednaswap. Mais son parcours aura été quelque peu tumultueux… Composée en 1993 par Scott Cutler et Anne Preven, de ladite formation, avec l’aide de Phil Thornalley qui a écrit notamment pour Bryan Adams, la chanson sort pour la première sur un disque… danois. Renommée Brændt, que l’on peut traduire par "brûlé", elle est interprétée dans un premier temps par une certaine Lis Sørensen, avant qu’Ednaswap ne se la réapproprie finalement deux ans plus tard. Or il faudra donc attendre 1997 pour que Torn fasse un vrai carton, lorsque le producteur Phil Thornalley la propose à cette jeune actrice australienne qui veut s’essayer à la musique... Sacrée histoire, n’est-ce pas ?
I Love Rock’n’Roll de Joan Jett, mais en fait The Arrows
On termine sur un hymne rock par excellence. Un titre mythique que l’on associe instantanément à une des grandes icones du genre, Joan Jett. Sauf que I Love Rock’n’Roll n’est en réalité pas son œuvre, mais celle de The Arrows. Un groupe britannique qui avait écrit cette chanson en 1975, en réponse à un autre classique bien connu, d’une formation légendaire : It’s Only Rock’n’Roll (But I Like It) des Rolling Stones. Joan Jett l’a donc reprise en 1982, lançant ainsi sa carrière solo tambour battant après la séparation de The Runaways. C’est encore aujourd’hui pour cette chanson que la rockeuse américaine reste la plus célèbre, alors que le morceau aura ensuite connu une troisième vie (mais pas sa meilleure) lorsqu’elle a été reprise au début des années 2000 par… Britney Spears.
Sources : Rock & Folk, RFM, Radio France, Nostalgie, Grammy Awards, Rolling Stone, France Bleu
