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Beyoncé : une sortie chaotique pour RENAISSANCE rattrapée par des morceaux puissants

Beyoncé sur la scène de la 59e cérémonie des Grammy Awards, le 23 février 2017 à Los Angeles. © KEVORK DJANSEZIAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP

Vendredi 29 juillet dernier, Beyoncé dévoilait enfin en intégralité son dernier album, RENAISSANCE, dans les bacs et sur les plateformes musicales. Une sortie qui ne s'est pas faite sans encombre, à cause d'une malencontreuse fuite. Mais tout est rattrapé par la tracklist aussi puissante qu'entraînante, qui nous prouve bien que Beyoncé est toujours la reine de la pop.

Un peu plus de six ans après la sortie de l'acclamé Lemonade, la star incomparable Beyoncé sort enfin un nouvel album solo, intitulé RENAISSANCE, cette fois, comme si elle revenait d'entre les morts après cette longue absence d'une demi-douzaine d'années. Un album qui avait été officialisé le 15 juin dernier et avait offert à ses fans les 44 jours les plus longs de leur vie. Mais alors que l'attente touchait enfin à sa fin, la semaine dernière, tout ne s'est pas passé comme prévu.

RENAISSANCE : une sortie sous haute tension pour Beyoncé

Alors que la sortie de RENAISSANCE est prévue dans la nuit de jeudi 28 à vendredi 29 juillet, un drame se produit : dans la soirée du mercredi 27, l'album fuite complètement sur Internet. Qui se cache derrière ce leak odieux ? À la surprise générale, tous les indices pointent vers la France. Et plus particulièrement vers une enseigne : les magasins Leclerc qui, selon diverses sources sur Twitter, comme le rapporte BFMTV, auraient mis le disque en rayon un poil trop tôt. Une information qui n'a finalement toujours pas pu être confirmée, pas plus qu'infirmée.

Les fans sont furieux. Comment résister à la tentation de l'écouter en avant-première, eux qui ne voudraient pas pour un sou profiter de ce nouvel opus de manière illégale, de peur de léser l'artiste. Un mot d'ordre se répand alors sur les réseaux sociaux : "la patience est une vertu".

Mais les feux ne sont toujours pas éteints. Vendredi, alors que RENAISSANCE arrive enfin officiellement dans les bacs et qu'on n'a presque pas encore eu le temps de s'y plonger, c'est la douche froide pour la chanteuse américaine Kelis, star du R'n'B au début des années 2000 et quasi disparue des radars depuis son dernier album en 2014 : elle découvre avec stupeur qu'un de ses morceaux, Milkshake, a été samplé sur le titre ENERGY du dernier album de Beyoncé. Sauf qu'elle n'aurait pas donné son accord, pas plus qu'elle n'en aurait été informée. Deuxième polémique, alors que le monde n'a pas encore eu le temps de vraiment écouter RENAISSANCE.

Mais comme dit l'adage, jamais deux sans trois. Et cette fois, c'est le titre HEATED qui choque, car Beyoncé y chante : "Spazzin' on that ass, spazz on that ass". Et c'est ce terme "spaz", qui ici pose problème. Un dérivé de l'adjectif "spastic" (spastique en français, que l'on pourrait traduire par crétin, dérangé ou empoté), qui peut être utilisé pour se moquer des personnes handicapées et qui cause bien du trouble à la chanteuse, désormais accusée de validisme. Si son usage est rare aux États-Unis, et que le mot a même une tout autre signification en anglais vernaculaire afro-américain, c'est surtout au Royaume-Uni que le terme choque. Une troisième polémique rapidement éteinte, puisque la chanteuse a déjà annoncé qu'elle enregistrerait une nouvelle version du titre dans lequel ce mot qui divise disparaîtrait.

C'est donc sur cet arrière-goût amer et ces braises encore chaudes que l'on se plonge dans la première écoute du dernier projet solo de Queen B.

Beyoncé et RENAISSANCE survolent les polémiques

Une fois encore, Beyoncé réaffirme son statut de reine : ces piques la ciblent, mais ne l'atteignent pas. Jamais. Et c'est probablement en partie grâce au fait qu'elle tienne la promesse avancée lors de la sortie du premier single de son disque, BREAK MY SOUL, en juin dernier. Elle se réinvente définitivement, mais garde cette fibre royale qui lui va toujours comme un gant.

Si l'album commence logiquement par deux titres qui sonnent plus comme une introduction qu'un climax emblématique, c'est ALIEN SUPERSTAR qui marque véritablement le début de RENAISSANCE. Un alliage parfait entre la Beyoncé pop que l'on connaissait jusqu'ici et la nouvelle Beyoncé, celle qui puise ses sources dans la musique house et l'héritage des ballrooms new-yorkais, qui ont servi de seule zone d'expression aux personnes noires et LGBTQI+ dans les années 1980 et 1990. C'est justement le titre dont on avait besoin pour être propulsé au cœur de la renaissance de la diva.

Mais qui dit Beyoncé dit nécessairement diversité et absence de monotonie. Pas question pour l'artiste de nous enfermer dans un seul et même univers qui n'aurait qu'une corde à son arc à nous offrir. Et juste avant que BREAK MY SOUL n'arrive sur la tracklist, c'est l'excellent CUFF IT qui fait son entrée. Un titre résolument plus funk, qui conserve toujours ce même fil conducteur royal et nous donne bien envie de nous déhancher sans plus attendre. On en oublierait presque toutes les polémiques, alors même qu'on a passé ENERGY, le très court morceau de moins de deux minutes remis en question par Kelis.

Beyoncé termine son album en apothéose

Et quand on pensait que Beyoncé ne pouvait plus nous étonner, elle revient à la charge avec VIRGO'S GROOVE. Un titre qui rend hommage à son signe astrologique, Vierge (rappelons qu'elle est née un 4 septembre), et qu'on imagine déjà joué dans une arène de patin à roulettes dans une ambiance à la Stranger Things, à l'image de son titre Blow en 2013. Et là où le morceau surprend, c'est qu'il est long d'un peu plus de six minutes et ne nous offre pas une seule seconde d'ennui.

Mais maintenant, place aux gros titres : MOVE, où elle collabore avec Tems (récemment entendu dans la bande-annonce de Black Panther : Wakanda Forever) et l'immense Grace Jones, et THIQUE. Deux morceaux entraînants qui risquent de faire danser le monde jusqu'à la fin de l'année et que l'on ne manquera pas d'entendre à de nombreuses reprises.

Mais il ne faut pas s'y tromper : Beyoncé, ce n'est pas que de la musique pour se déhancher, pas plus qu'une ode égocentrique de l'artiste qui veut s'imposer comme la reine. Certes, on ne trouve sur RENAISSANCE aucune ballade, contrairement à ses précédents albums, tous les titres sont dédiés à faire vibrer le dance floor. Certes encore, Beyoncé se lance des fleurs sur chacun de ses morceaux, comme dans PURE/HONEY, qu'on adore, d'ailleurs. Non, RENAISSANCE, c'est avant tout un refuge qu'elle nous offre. Un havre de paix pour celles et ceux qui refusent la non-conformité, pour celles et ceux qui s'en sentent isolés. Sur chacune des pistes, Beyoncé nous en offre un différent. Et le dernier : le disco, avec SUMMER RENAISSANCE, où elle reprend le bien connu I Feel Love, de Donna Summer, en y rajoutant sa sauce spéciale, bien entendu. On termine l'album de manière toujours plus puissante.

Alors ce RENAISSANCE de Beyoncé, est-ce qu'il vaut le coup ? Il est presque inutile d'en dire plus. Après six ans d'attente, la diva nous récompense comme il se doit. Malgré les fuites, les polémiques, cela valait également le coup d'attendre l'album une journée de plus pour l'écouter sur les plateformes officielles, et remercier la star avec nos nombreuses écoutes.

Sources : BFMTV, Rolling Stone, Entertainment Weekly

Clément Capot
https://twitter.com/Clepotp Clément Capot Rédacteur