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Musique

Comment le punk rock a explosé il y a 25 ans

Billie Joe Armstrong et son groupe Green Day ont largement contribué au succès du punk en 1994, avec le carton de l'album "Dookie" © Paul Bergen / AFP

Apparu au début des années 1970 comme un mouvement musical contestataire et à teneur politique, le punk rock a opéré un virage inattendu en 1994, porté par des groupes comme Green Day ou The Offspring.

La fin du grunge

Des Sex Pistols aux Ramones en passant bien évidemment par The Clash, le punk rock a très vite montré que sous ses apparences simplistes, il pouvait revêtir de nombreuses formes. Chacun de ces trois groupes avait une identité sonore bien précise, un style reconnaissable dès la première écoute, encore aujourd’hui. De nombreux courants sont donc apparus, comme le ska, le hardcore, la Oi!, la new wave ou l’emo. Mais aussi le grunge, débarqué à la fin des années 1980 et qui va, avec l’incroyable succès de Nirvana, permettre aux guitares saturées de revenir en force sur les ondes radiophoniques, à la fin d’une décennie surtout marquée par les synthétiseurs.

Dans l’ombre du groupe de Seattle, la scène punk est en pleine révolution, avec la création de nombreux labels indépendants et l’émergence de nouveaux groupes qui ont mis de la pop dans leur punk. Aussi, quand en avril 1994, la mort de Kurt Cobain est annoncée, le grand public désormais habitué au rock alternatif, va découvrir de nouveaux groupes qui vont à leur tour marquer leur époque.

Do It Yourself

DIY. Trois lettres qui sont maintenant associées à des tutos sur YouTube, mais qui constituent pourtant le credo du punk. DIY pour “Do It Yourself” : “fais-le toi-même”.

Le mouvement punk s’est très vite autogéré et a su faire preuve d’initiative pour survivre dans une société de consommation qui ne voulait pas vraiment de cet enfant encore plus terrible que Pete Doherty après l’apéro. Personne n’allait oser faire jouer ces groupes bruyants et réputés violents (au moins dans les propos) ? Les punks ont alors commencé à organiser des concerts. Pour en faire la promo ces derniers ont fait des flyers, des affiches, avec des collages, à la main, imprimés : par tous les moyens. Ils allaient les distribuer eux-mêmes.

Personne n’allait parler des groupes ? Les punks ont écrit des fanzines : des mini-journaux imprimés par leurs soins, écrits avec passion et racontant via des interviews, des chroniques, des billets d’humeur, la vraie vie du milieu alternatif.

Les grands médias et le grand public ne voulaient pas s’intéresser à ce mouvement ? Il allait exister en parallèle, en souterrain, en contre-culture de masse, dans l’underground. Et il a tellement bien survécu qu’il a commencé à vivre et à s’épanouir. Le DIY des débuts a pu obtenir plus de moyens et des acteurs de la scène ont pu commencer à fonder leurs propres labels indépendants, qui sont devenus de plus en plus grands. Bad Religion, groupe californien, se fait connaître dans les années 1980 avec un punk rock mélodique et sort ses albums sur Epitaph Records, le propre label du guitariste, Brett Gurewitz. Le label signe des petits groupes qui montent, comme NOFX, Pennywise, Rancid ou The Offspring, le groupe qui va tout changer.

Du rock sur Skyrock

“You gotta keep them separated”. Cette phrase, suivie d’une riff grunge puis d’un autre thème d’inspiration moyen-orientale, c’est l’intro du morceau Come Out And Play de The Offspring. Et en 1994, c’était le son de la pub de… Fun Radio ! Impossible à imaginer 25 ans après ? Et pourtant.

Il ne vous a jamais paru étonnant que la radio estampillée “première sur le rap” ait le mot “rock” dans son nom ? Au début des années 1990, Skyrock diffusait comme tout le monde des tubes rock et The Offspring également y avait droit. D’autres singles comme Self Esteem suivent, toujours avec beaucoup de succès et permettent à l’album Smash de se vendre à… 11 millions d’exemplaires ! De la folie encore plus furieuse qu’une Tortue Ninja à qui on refuse une part de pizza. Un chiffre énormissime pour un groupe de punk et le record de ventes pour un label indépendant.

À la même époque, Rancid avec Let’s Go, et NOFX avec Punk In Drublic, signent deux albums également certifiés disques d’or, qui vont devenir des classiques du genre. MTV se régale de ce revival punk rock, avec des sonorités bien moins agressives que ce qui se faisait auparavant. La chaîne musicale refuse cependant de diffuser les clips de NOFX, jugés trop crades. Hey, on est punk ou on ne l’est pas… En revanche, ils se sont un plaisir de passer celui-ci :

Signé sur major, le trio Green Day sort Dookie, un album qui se vend à huit millions d’exemplaires. Le single Basket Case peut être entendu absolument partout et les accents très pop de leur punk font apparaître un genre nouveau, plus posé, plus accessible. Certains vont parler de punk californien. D’autres de punk commercial.

Génération American Pie

Motivés par les succès de ces groupes, de nombreuses formations de pop-punk apparaissent. Avec quatre accords, des lignes de chant mélodiques et des refrains le plus entêtant possibles, ils apportent du fun dans une imagerie punk en pleine mutation.

Les Offspring coupent leurs dreadlocks pour commencer à se teindre les cheveux, et chaque groupe semble sortir d’une compétition de skate. D’ailleurs la musique punk est très utilisée dans les vidéos de sport extrême. La mode est aux Vans, Converse, DC Shoes aux pieds, t-shirt XXL sur les épaules et baggy Dickies sur les fesses, avec option casquette à l’envers. Le punk est devenu frais, insouciant, s’est éloigné des messages politiques pour envahir les radios et émissions de télévision. Le meilleur exemple est sans doute Blink-182, groupe de San Diego aux paroles scatophiles, qui apparaît dans le film phénomène American Pie en 1999. D’ailleurs, tous les teen movies parus à cette époque avaient une bande-son remplie de pop-punk. Dans la lignée de Green Day et The Offspring, de nombreux groupes se sont formés et ont rencontré le succès. Parmi eux : Sum 41, Good Charlotte, New Found Glory, America Hi-Fi, Fenix TX, Bowling For Soup, MxPx, Yellowcard, The Ataris et bien d’autres, jusqu’à l’avènement de l’emo dans les années 2000. Mais ça, c’est une autre histoire…

Sébastien Delecroix
https://twitter.com/seb_o_matic Sébastien Delecroix Rédacteur