À la fin des années 1990 et au début des années 2000, le nu metal, ou néo-metal en français, était absolument partout, et même à la radio ou la télévision, ce qui peut sembler complètement fou aujourd'hui. Mélange de rap et de metal, le genre cartonnait, et avait comme ambassadeurs des groupes comme Korn, Limp Bizkit (qui signait la BO de Mission Impossible 2), et d'autres qui arrivaient sur les ondes avec fracas, comme Papa Roach ou Linkin Park. Même en France, un mouvement s'était lancé, avec la Team Nowhere, regroupant Pleymo, Watcha, Enhancer... Et puis il avait Deftones.

Apparus en 1995 avec l'album Adrenaline, Deftones s'impose vite comme une valeur sûre du genre. Des riffs de guitare tranchants, la voix de Chino Moreno qui permet d'alterner passages rappés et chantés : la formule fonctionne parfaitement et colle avec l'époque. Mais en 2000, alors que le nu metal est plus populaire que jamais, que les groupes cités remplissent des stades et que leurs mauvais clones se multiplient, en voulant tous avoir des guitares à sept cordes, un DJ et des chanteurs tatoués avec des piercings (qui se rappelle de Crazy Town, Taproot ou Puddle of Mud ?), Deftones décide de... changer de son. Pour son troisième album, White Pony, le groupe de Sacramento expérimente, empruntant des éléments electro, trip hop, ou même du shoegazing. Plus aérien mais incroyablement efficace, le disque est une claque monumentale, inattendue, et souffle donc cette année ses 20 bougies.

Pour célébrer l'événement, Deftones a donc organisé ce jeudi 17 juin une conférence de presse internationale... sur Zoom, à laquelle SFR Actus était convié. Le chanteur Chino Moreno, le DJ / claviériste Frank Delgado et le batteur Abe Cunningham se sont ainsi livrés au jeu des questions / réponses avec des journalistes du monde entier, en revenant sur le processus de création de White Pony ("poney blanc" en VF), et en annonçant surtout la prochaine sortie d'une nouvelle édition, qui sera accompagnée d'un album bonus de remixes, et dont le nom sera... Black Stallion ("étalon noir" en VF). Un projet qui semble particulièrement réjouir Chino Moreno :

"Il y a plusieurs personnes différentes qui travaillent sur ces remixes, dont certaines qui ont directement influencé la composition de l'album original. C'est un peu comme si la boucle était bouclée."

Deftones, DJ Shadow et le ska

Si le groupe n'avait pas trop le droit de rentrer dans les détails, on a cependant pu apprendre que DJ Shadow, le fameux, faisait partie de la liste des artistes collaborant à Black Stallion, et que ce projet remontait même à... avant la sortie de White Pony, comme l'a confié Frank Delgado dans une anecdote qui caresse le sublime :

"On parlait entre nous de la qualité de White Pony, et on s'enflammait en mode 'ça va être tellement bien, on va pouvoir en faire un album de remixes par DJ Shadow, et on l'appellera Black Stallion'. Et une fois, on lui en a directement parlé. Il passait en ville et je faisais la première partie aux platines. Avec Chino on est allé le trouver pour lui dire qu'on était les Deftones, et qu'on voulait qu'il remixe notre album. Il nous a regardés comme si on était fous, et nous a demandé : 'Deftones, c'est quoi, un groupe de ska ?'''

Et pourtant, 20 ans après, le rêve des Deftones est bien sur le point de se réaliser, avec la sortie en 2020 de Black Stallion, pour accompagner la ré-édition de White Pony, en collaboration avec DJ Shadow. Alors joyeux anniversaire au plus metal de tous les poneys blancs !

En attendant le Black Stallion, retrouvez White Pony et toute la discographie de Deftones sur Napster.