
Dropkick Murphys triomphe au Zénith de Paris
C'est devenu un rendez-vous habituel : tous les deux ans, début février, les Dropkick Murphys, groupe de rock celtique de Boston, investissent le Zénith de Paris. Et plutôt deux fois qu'une !
En presque 25 ans d'existence, le gang de Boston s'est forgé une solide réputation, sa musique aux inspirations celtiques plaisant tant aux punk qu'aux métalleux, en passant par les rockeurs. C'est surtout l'utilisation du tube I'm shipping up to Boston dans Les Infiltrés de Martin Scorsese qui a permis de faire connaître le groupe au grand public.
Le succès des Dropkick Murphys est donc monté crescendo, d'albums en albums, d'années en années, de concerts en concerts, de tubes en tubes. Ils sont passés par le Trabendo, la Maroquinerie, l'Élysée Montmatre, le Bataclan, l'Olympia (toutes ces salles sont à Paris), ont été en tête d'affiche du Hellfest, et ont finalement investi le Zénith de la capitale, dans lequel ils viennent maintenant deux fois de suite. Officiellement parce que Bercy serait trop grand, trop éloigné du public. Officieusement, parce qu'il y a quand même beaucoup de fans qui viennent les deux soirs... On croise donc de tout dans les travées du Zénith : des jeune punks, des vieux métalleux, des familles, des cadres qui sortent du travail en costume, des supporters du PSG, des personnes au look de Peaky Blinders, d'autres ressemblant à des figurants dans Kaamelott... Leur musique rassemble, et brasse très large. C'est que quand on a des racines irlandaises, c'est très naturel, de brasser...
En première partie, le fougueux anglais Frank Turner ambiance parfaitement le Zénith, accompagné des Sleeping Souls, son backing band. En 45 minutes et une douzaine de hits, il parvient à faire chanter et danser les premiers rangs, ravis de le voir essayer de parler en français pendant tout son show. Mais on sent bien que tout le monde n'est venu que pour une seule raison. Fêter la Saint Patrick avec un mois d'avance, grâce au concert des Dropkick Murphys.
Let's go Murphys !
L'intro habituelle et grandiloquente du Foggy dew de Sinéad O'Connor retentit, les mains tapent plus ou moins en rythme pour accompagner la superbe mélodie, les cris "Let's go Murphys" partent de la fosse, et enfin les Bostonniens apparaissent derrière un rideau, le temps d'une seconde intro, The Lonesome Boatman. Ça chante déjà très fort, et les choses sérieuses commencent juste après avec la bien-nommée The boys are back. Le pogo, cette danse pas du tout coordonnée où les corps s'élancent les uns contre les autres, débute, et il ne faut pas être fragile des côtés pour y participer. Mettez Neymar dans la fosse d'un concert des Dropkick Murphys, et il fait trois fois le tour du monde en se roulant par terre...
Ça bastonne à Boston
En deux soirées, le groupe va jouer 50 chansons, à raison de 25 par soir. Dont les plus grands tubes pour les deux concerts. Impossible en effet d'aller voir les Dropkick Murphys et de repartir sans avoir vu et entendu la chanson des pirates Johnny, I hardly knew ya, le banjo entraînant de The state of Massachusetts, l'incroyable ballade Rose Tattoo ou encore le fameux tube qui fait se lever et danser absolument tout le monde dans le Zénith : I'm shipping up to Boston.
L'énergie déployée est incroyable et vient compenser un son brouillon, comme souvent dans cette salle. Avec deux chanteurs et une succession d'instruments folkloriques (cornemuse, banjo, mandoline, accordéon...), les Dropkick Murphys ne doivent pas non plus faciliter la vie des ingénieurs du son... À la lumière en revanche, rien à redire, tout est carré, parfait, avec même un écran géant qui diffuse régulièrement des clips du groupe, et parfois même les paroles de la chanson en cours... Apparemment, c'est soirée karaoké ! Et le public, déchaîné, ne se fait pas prier, réservant un très bon accueil aux deux nouveaux titres, Smash Shit Up (et ses couplets trop proches de ceux de I'm shipping up to Boston pour être honnêtes) et la reprise de The Bonny.
La Saint Patrick en février
Mais pour les fans les plus hardcore du groupe, il faut vraiment venir les deux soirs pour avoir le droit à des chansons plus anciennes, ou d'autres plus rares. Durant le week-end, Sunshine highway, Black velvet band, Fields of Athenry, (F)lanningan's ball, God willing, Peg o'my heart ou même une reprise du I fought the law de The Clash peuvent être entendues selon la soirée. C'est la limite d'un tel exercice : la frustration que peut engender la setlist du seul concert auquel on peut se rendre.
Dans la fosse en tout cas, l'intensité ne sera pas retombée du week-end, chacun des concerts se terminant comme s'achèvent chaque concert des Dropkick Murphys : avec le public sur scène, dansant, embrassant les musiciens, s'amusant comme un soir de Saint Patrick dans un bar de Dublin, alors que le groupe joue la très attendue I'm shipping up to Boston puis Until the next time, chanson-générique de fin faisant la promesse d'un prochain retour. Les fans des Dropkick Murphys seront sans nul doute au rendez-vous. Et plutôt deux fois qu'une.
En attendant, plusieurs smartphones et quelques côtés semblent avoir été déposés au bureau des objets trouvés du Zénith de Paris...
