
FNAC Live Paris : on a vu Eddy de Pretto, Parcels et Clara Luciani
Pour cette deuxième journée sur le festival FNAC Live Paris, on prend les mêmes et on recommence : grand soleil, ciel bleu et bonne ambiance.
C’est le groupe de pop qui monte : Pépite, chargé de débuter les réjouissances, se présente sur le Parvis de l'Hôtel de Ville à 18h devant un public déjà bien conséquent et motivé. Duo à la base, le groupe devient quintet (ils sont cinq quoi) en live, pour dynamiser un peu des morceaux très atmosphériques — à l'image de Feu Rouge, qui évoque les fins de nuit parisiennes à bord des taxis. Édouard et Thomas, indispensables lunettes de soleil vissées sur le nez, forment un duo bien complice, à l'image de cette fin de morceau sur Monte-Carlo où une erreur d'accord à la guitare acoustique les fait exploser de rire. Le public se laisse bercer sur les vagues pop de Pépite et se prélasse sur le tube Les Bateaux, réclamé à corps et surtout à cris. Une belle manière de lever les voiles pour cette deuxième journée.

Clara Luciani enchante le Parvis
C’est Clara Luciani qui accoste ensuite, avec un début surprenant, très rock'n'roll. Elle a trouvé son groupe au Hellfest ou quoi ? Ses zicos sont tout de noir vêtus et tatoués — on dirait un gang de bikers — tandis qu’elle arbore un chemisier vert et des talons, mais se la joue rock aussi en balançant de gros riffs de guitare électrique sur le second titre joué. La jeune chanteuse envoûte très vite le public grâce à sa voix tantôt suave, tantôt aiguë. Bon par contre, on ne comprend pas toujours les paroles, mais la magie opère : Clara Luciani semble ravie d'être là et du chaleureux accueil qui lui est fait. La suite est plus pop que le début, avec La Baie ou Nue, mais permet de faire chanter et danser les gens, surtout sur le final explosif forcément laissé à son tube La Grenade. Signe de l’affection que le public lui porte : on lui offre même des roses rouges à la fin d’un concert très efficace.

Mesdames et messieurs, on vous présente Nelson Beer !
Puis arrive le moment WTF du festival. Un mec en short, avec une coupe mulet, vient poser son laptop sur la scène. Et chante le tube de Mylène Farmer Libertine sur une instru pou...ssive, disons poussive, c’est bien. Celui qui se fait appeler Nelson Beer monte ensuite sur la table, puis se met torse nu, danse comme s'il était en descente d'acide et la foule est morte de rire. On ne sait pas encore si c'était vraiment un concert et c'était nul, ou une performance artistique et c'était génial. Mais on a beaucoup ri grâce à l'admirable Nelson.

Flavien Berger, dans son monde
Mais peut-être que Nelson Beer est venu instaurer une ambiance délirante pour préparer le public au set de Flavien Berger, dont l'univers est bien différent de celui de Michel. Beats electro qui font bouger et quelques vannes balancées avec un flegme particulièrement savoureux. Genre : "Il doit y avoir des gens qui habitent dans ces immeubles classe en face... Mais qui habite ici ? Pas nous en tout cas..." Ou encore : "Je vais faire un truc que je ne fais jamais, dire le nom de la ville où on est, et derrière vous criez, OK ?"
Le gaillard a une fanbase, ça danse un peu sur Maddy La Nuit ou Brutalisme, et c'est aussi bonne ambiance que lunaire, avec sur scène des espèces de parasols motorisés (ou des petits fantômes, on n’est pas sûrs), qui se dandinent pour accompagner la performance de Flavien Berger. Une autre version de Paris Plages.

L'efficacité de Parcels
Très franco-français depuis le début (bon, OK, Stephan Eicher et l’inénarrable Nelson Beer sont Suisses), le FNAC Live Paris ouvre un peu ses frontières à un groupe anglophone avec les Australiens de Parcels. Dégaines de mannequins et look de fashion victimes — entre un sosie de Ringo Starr (à l’époque) et un autre sorti tout droit semble-t-il d’un boys band des années 1990 — les cinq jeunes hommes semblent ravis d'être là, surpris même du très bon accueil qui leur est fait. Claviers, guitares, basse, batterie et... bouteille en verre pour l'un d’eux, qui tape frénétiquement dessus sur le premier titre. Est-ce qu'il fait voyager son drôle d'instrument en soute avec ceux de ses potes ? En tout cas, ça le fait, le public adhère autant qu'il adore. Ça se secoue partout sur le Parvis, au son de Tape ou Lightenup. Et on comprend pourquoi en écoutant la précision ultime des musiciens de Parcels, qui chantent tous les cinq et délivrent une pop langoureuse aux forts accents seventies, avec une petite touche disco qui fait aussi son effet. Assurément l'une des plus jolies révélations du festival.

Faites place pour Monsieur Eddy
Le voilà enfin, le patron de la soirée. Très attendu, Eddy de Pretto débarque en survêt-casquette, commence direct sur Kid, et fait tout de suite participer la foule. Si certains se demandaient ce que pouvait donner le frêle chanteur en live, force est de constater qu'il est assez balèze pour porter le show sur ses épaules, n'hésitant pas à solliciter le public pour le faire danser, chanter et surtout sauter. C'est déjà la grosse fiesta sur le Parvis, alors que suivent Jimmy puis Random. Mais s'il fait ses hits dès le début du concert, qu'est-ce qu'il va bien pouvoir jouer ensuite ? En fait le jeune rappeur a un secret : son album Cure est rempli de tubes (Quartier des Lunes, Mamere, Desmurs...). Il n'a donc aucun mal à maintenir une grosse ambiance, grâce à son chant aussi propre que sur le disque et sa voix délicieusement rocailleuse, faisant sonner certains titres telle une improbable rencontre entre Orelsan et Jacques Brel.
Accompagné d'un batteur et d'un DJ, il déroule ses titres avec une grande aisance, délivrant ses paroles intimes et touchantes dans un décor parfait : la Mairie de Paris est toujours flanquée du drapeau LGBT de la Gay Pride. Une Fête de Trop comme faux dernier morceau avant un rappel et Eddy de Pretto achève son concert après avoir avoué qu'en 2015, il assistait au concert de Christine and the Queens durant le même festival, sur la même scène qu'il arpente maintenant. Alors qui sait, peut-être que dans le public se tenait ce soir la tête d'affiche qui fera à son tour vibrer le Parvis de l'Hôtel de Ville dans 4 ans…
