
Get Back : pourquoi il faut absolument voir la série-docu de Peter Jackson sur Disney+
La fin de l’année 2021 a été marquée par une série-documentaire événement sur Disney+. Get Back, c’est la petite histoire derrière la dernière performance live des Beatles, sur un toit, et quelque part derrière leur séparation, racontée à travers des heures et des heures d’images d’archives inédites et incroyables, tournées à l’époque. Des images entièrement restaurées par un certain Peter Jackson, qui cherchait à rendre leurs lettres de noblesses aux sessions d’enregistrement de ce qui deviendra l’ultime album du groupe, le prodigieux Let It Be. Ce programme, découpé en trois (très longs) épisodes sur la plateforme de Mickey est tout simplement un must-see. On vous dit pourquoi.
Un peu de contexte, pour commencer, afin de comprendre ce qui fait de facto de Get Back un événement. Les fans sauront que ce titre, c’est celui d’une célèbre chanson des Beatles. Elle est née de sessions d’enregistrement qui se sont déroulées en janvier 1969. Les Fab Four ne s’étaient pas retrouvés depuis un moment. Surtout, ils n’étaient pas remontés sur scène depuis plus de deux ans. Aussi fallait-il marquer le coup, pour leur grand retour. Un vaste projet était alors prévu autour du prochain album : celui-ci devait être enregistré en live, dans le cadre d’un concert exceptionnel qui ferait également l’objet d’un documentaire, le tout devant être retransmis dans une émission spéciale télévisée. D’où la présence de caméras, qui ont capturé chaque instant des préparatifs dans les studios où Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr devaient concocter leurs nouvelles chansons.
Sauf que rien ne s’est vraiment passé comme prévu. Alors que le temps leur était compté, le batteur du groupe devant débuter le tournage du film The Magic Christian à la fin du mois, les Beatles se sont retrouvés sous pression pour élaborer ce nouvel album en quelques jours, étant par ailleurs toujours quelque peu frileux à l’idée de rejouer devant un public… Résultat, le projet a largement dévié en cours de route, aboutissant tout de même à une sorte de concert, donné le 30 janvier 1969 sur le toit de l’immeuble d’Apple Corps (non pas la marque à la pomme, mais la société des Beatles basée à Londres). L’histoire retiendra qu’il s’agit de la toute dernière performance live des Fab Four. Les chansons enregistrées à ce moment-là se retrouveront quant à elles, plus tard, sur un album des plus mémorables : Let It Be, le dernier de la discographie des Beatles, paru juste après leur séparation officielle en 1970. Et pour l’accompagner, les images tournées par Michael Lindsay-Hogg ont fini par être dévoilées (en partie) dans un documentaire éponyme qui, au vu du timing, a largement été perçu comme le récit de cette séparation…
Get Back : un superbe voyage dans le temps
Intervient Peter Jackson, un demi-siècle plus tard. L’illustre réalisateur du Seigneur des Anneaux, fan absolu des Beatles, a mis la main sur ces images. Surpris de découvrir une tout autre ambiance, par rapport à l’atmosphère morose qui émanait du documentaire de l’époque, il décide de rétablir la vérité sur ces fameuses sessions d’enregistrement. Avec à sa disposition près de 60 heures d’images inédites et plus de 150 heures d’audio captées par Michael Lindsay-Hogg à l’époque, le cinéaste nous a ainsi livré une nouvelle trilogie de choc : une série-documentaire en trois épisodes, de deux à trois heures chaque, qui nous plonge en immersion la plus totale dans les coulisses de cette période, quoiqu’il en soit charnière dans la carrière du mythique groupe de Liverpool. Un évènement, on vous dit.
Ce qui est tout d’abord saisissant avec Get Back, c’est l’incroyable travail de restauration effectué sur ces rushes vieux de plus de 50 ans. Grâce aux technologies d’aujourd’hui, et notamment une bonne dose d’intelligence artificielle, le grain a été supprimé, les couleurs restituées et le son nettoyé pour offrir une qualité absolument impeccable. Comme le dit Peter Jackson lui-même, pas peu fier : "On dirait que ça a été tourné hier." C’en est même troublant, de voir notamment la jeune bouille de Paul McCartney, que l’on connaît désormais ridé et blanchi, ou encore le visage de feu John Lennon parfaitement net, dans les moindres traits. Parce qu’on ne les a finalement jamais vus comme ça, dans leur jeunesse, en "haute définition". Et passer près de 8 heures au total avec eux, au fil des 3 épisodes de Get Back, ça donne un peu l’impression que les Fab Four de l’époque sont encore parmi nous. "C’est un voyage dans le temps, le présent et le passé se mélangent", comme le dit si bien le réalisateur dans une petite vidéo partagée par Disney+ :
Une série-docu dans l’intimité des Beatles
Alors que ce travail de restauration, vraiment épatant, participe ainsi à l’immersion, cette plongée dans les coulisses est en elle-même absolument passionnante. Alors, bon, prévenons tout de même que Get Back est taillé pour un public plutôt averti... Que ceux qui n’ont aucune affinité particulière avec les Beatles ou ont du mal avec les programmes longs, qui manquent d’action, passent leur chemin. Tout se déroule ici à huis clos, ou presque. On voit Paul, John, Ringo et George se dire bonjour chaque matin, discuter, élaborer puis répéter inlassablement leurs chansons, partir dans des délires aussi, tout au long de la journée. Le témoignage brut d’une petite souris qui se serait faufilée dans les studios, jusqu’à ce qu’arrive enfin le moment tant attendu du fameux concert sur le toit... à la toute fin de la série-documentaire. Donc non, clairement, il ne se passe pas grand-chose. Mais en même temps, on en apprend énormément.
Grâce à cette présence constante de caméras et de micros durant ces sessions d’enregistrement, que les Fab Four ont tant bien que mal essayé d’oublier, Get Back nous offre le portrait le plus intime jamais réalisé du groupe mythique. On découvre un Paul McCartney hyper méticuleux, leader un peu malgré lui, qui impose son rythme et doit parfois rappeler à l’ordre ses camarades plus dissipés - sans s’interdire des moments de dérision non plus. Alors qu’il apparaît, en tout cas pour cet album, comme le moteur et même le cerveau de la bande, à l’écriture et à la composition de la plupart des chansons bien qu’elles soient toujours signées "Lennon/McCartney", son ami John se montre plus distant, suivant calmement ses consignes, quand il ne fait pas le pitre. Même si l’alchimie entre les deux reste indéniable. Et tandis que Ringo demeure un mystère, répondant toujours présent à l’appel mais se montrant quelque peu effacé, on voit clairement George remettre en question sa place au sein du groupe...
Le début de la fin des Beatles
C’est là qu’on s’aperçoit de ce qui a vraiment, semble-t-il, mené à la séparation des Beatles l’année suivante. Longtemps accusée d’avoir semé le trouble, Yoko Ono est bien là elle aussi, comme attachée à John Lennon, tout le temps assise à ses côtés, muette… C’est étrange, Paul McCartney aborde d’ailleurs le sujet à un moment donné, estimant toutefois qu’il faut leur laisser vivre leur relation, aussi fusionnelle soit-elle. Et de plaisanter même : "Ce serait quand même risible que dans 50 ans, on dise que les Beatles se sont séparés parce que Yoko s'est assise sur un ampli !" Il a clairement vu dans l’avenir. Mais ce que Get Back montre, c’est que le groupe avait un problème de fond plus important que l’artiste japonaise. On voit bien que, comme essoufflés de leur folle décennie passés ensemble, les quatre comparses commençaient à comprendre que leur aventure touchait à sa fin. Et celui qui avait besoin le premier d’indépendance, c’est de toute évidence George Harrison.
Frustré de ne pas pouvoir jouer comme il l’entend, et de ne pas être plus reconnu en tant qu’auteur-compositeur, le guitariste évoque carrément sa volonté de se lancer en solo à la fin de la série-documentaire. Avant cela, il avait même brièvement claqué la porte du groupe, las de la tournure que prenaient les évènements (et surtout des directives de Macca). Enfin, "claquer la porte", c’est une façon de parler. Le jeune homme s’est simplement levé, en disant "OK, je vais partir maintenant". Et c’est ce qui fait plaisir à voir dans Get Back : à aucun moment, même les plus sombres, les membres des Beatles n’ont eu d’animosité les uns envers les autres. Les trois longs épisodes témoignent d’une amitié infaillible, d’un profond respect même dans les désaccords et, au-delà des moments de doute (certes nombreux), du vrai plaisir que les quatre musiciens prennent à jouer ensemble. C’est extrêmement rafraîchissant.
Voir Get Back pour redécouvrir Let It Be
Puis bien sûr, ce qui a de plus intéressant encore dans cette série documentaire, c’est d’assister à la création de chansons parmi les plus emblématiques du répertoire des Beatles. C’est fascinant de voir Paul McCartney gratouiller sa guitare et marmonner seul de son côté une inspiration spontanée, qui deviendra Get Back. De le voir avec John Lennon changer et rechanger des paroles. D'assister à des sessions qui virent souvent au grand n'importe quoi, mais qui aboutissent finalement à des œuvres particulièrement abouties, la preuve s'il en fallait encore une du génie virtuose du groupe légendaire. Un conseil d'ailleurs : après avoir fini de visionner la série-documentaire, allez (ré)écouter le célèbre album qui a finalement découlé de ces sessions d’enregistrement, Let It Be. Vous aurez les images sur la musique, et comprendrez toutes les interludes cocasses de Lennon. D’autant que Peter Jackson a bien pris soin de signaler les passages qui figurent tels quels sur l’opus. On l'en remercie.
Last but not least, on en vient au clou du spectacle : le fameux concert sur le toit. Get Back raconte donc la genèse de la toute dernière performance live des Beatles. Alors que les producteurs espéraient un évènement grandiloquent, dans un amphithéâtre en Libye au départ, mais que les Fab Four n’étaient finalement pas trop chauds pour remonter sur scène, cette solution était un peu celle du compromis. Quand elle a été soufflée à l’oreille de McCartney, on a vu la lueur dans ses yeux, lui qui cherchait surtout à faire quelque chose d’original. Or ce que montre le dernier épisode de la série-documentaire, c’est que ce n’était finalement pas l’idée du siècle ! Transis par le froid, et très loin du public qui s’est malgré tout agglutiné dans la rue pour les écouter, les Beatles ont en réalité joué seulement quelques morceaux (plusieurs fois), avant d’être interrompus par les Bobbies. De quoi offrir toutefois une séquence réjouissante, d’un ultime pied de nez aux autorités…
En bref, Peter Jackson signe un travail remarquable sur Get Back. Visuellement, c’est extraordinaire, et dans le fond on en apprend vraiment plus, toutes ces années après, sur les Beatles. Sur leur séparation, de toute évidence inévitable mais finalement pas si tragique. Puis surtout, pendant près de 8 heures (on vous conseille tout de même de découper le tout en plusieurs séances de visionnage…), Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr nous redonnent le sourire. On finit par les admirer encore plus, comme quoi c'est toujours possible. Et c’est avec un petit pincement au cœur qu’on les quitte, pour revenir dans un triste présent où les Beatles ne sont plus.
Retrouvez dès à présent les 3 épisodes de Get Back en exclusivité sur Disney+. Puis allez absolument (ré)écouter l’album Let It Be des Beatles, disponible sur Deezer. Les deux plateformes sont proposées en option chez SFR, ensemble même, ça tombe bien, dans un pack avec SFR Divertissement en prime, pour 17 euros par mois.
Source : Disney+
