
Green Day, plus rock'n'roll que jamais sur Father of all...
De retour avec son treizième album studio, le groupe californien Green day a décidé d'aller droit au but : 10 titres, 26 minutes, tout à fond !
Depuis ses débuts en 1987, le trio n'a jamais cessé d'évoluer. Dans les années 1990, la pop-punk de Green Day a cartonné dans le monde entier, écoulant notamment 15 millions d'exemplaires de Dookie, l'album contenant les tubes Basket Case, Longview ou When I Come Around.
Le succès a été moindre par la suite, avec des incartades plus rock (Nimrod) ou même folk (Warning). En 2004, Green Day sort American Idiot, un opéra rock anti-Bush rempli de tubes, qui fait du groupe une formation rock capable de remplir des stades, bien aidé par des prestations live absolument épiques. L'album se vend aussi à 15 millions d'exemplaires, et le suivant 21st Century Breakdown, bien que moins inspiré, confirme le renouveau commercial du groupe. Mais Green Day s'enferme peut-être trop dans les albums conceptuels. Après ces deux efforts racontant une histoire où toutes les chansons sont liées, le groupe sort carrément... une trilogie. Sortis en 2012, ¡Uno!, ¡Dos! et ¡Tre! sont trop aléatoires, contenant quelques bonnes chansons, mais surtout beaucoup de remplissage. Un naufrage digne de la prélogie Star Wars. Un seul album aurait été bien mieux...
Mais au moins, le groupe semble laisser tomber les concepts, et revient en 2016 avec le trop sous-estimé Revolution Radio, composé de très bons titres et renouant avec le côté nerveux du Green Day du début des années 2000. Et comme le trio n'aime pas se répéter et préfère essayer de nouvelles choses, son nouvel album de 2020, Father of all motherf******, ne sonne comme aucun autre album de Green Day...
Viva la rock !
Ce qui se ressent dès les premières secondes du titre d'ouverture, qui donne son nom au disque. La voix de Billie Joe Armstrong est méconnaissable, dans une tonalité plus aigüe que d'habitude. On comprend mieux pourquoi l'improbable pochette montre une licorne et des graffitis recouvrant celle d'American Idiot. Green Day se fait plaisir, balance les chansons sans se soucier de ce que les fans en penseront, et tant pis pour celles et ceux qui attendaient un nouvel American Idiot sous l'ère Trump. L'ambiance est rock'n'roll à souhait, comme le confirme la déflagration Fire, Ready, Aim, qui dure moins de deux minutes et renverse tout sur son passage, avec un gros riff que The Hives n'aurait pas renié...
Il y a tout de même de quoi être déstabilisé, tout comme avec le single Oh yeah!, taillé pour résonner dans les stades, et habillé par un sample du morceau Do you wanna touch me de Joan Jett. Dévoilés séparément, ces trois titres ont fait peur à beaucoup de fans, mais mis à la suite sur l'album, ils passent bien mieux. Surtout que derrière, les choses deviennent encore plus groovy et catchy, avec des titres comme Stab you in the heart et son riff Elvis Presleyen, Take the money and crawl et son refrain imparable, l'ultra-catchy Sugar Youth, où la ligne de chant de Billie Joe revient en pleine époque American Idiot, pour le plus grand plaisir des conduits auditifs. Et puis il y a Meet me on the roof, autre morceau où Green Day explore le genre garage pour faire chauffer la gomme, et qui a eu le droit à un clip avec Gaten Matarazzo, plus connu en tant que Dustin dans Stranger Things. La bande-son idéale pour une fête de lycée, où apparemment, il est super facile d'inviter Green Day à jouer :
Green Day ne se refuse donc rien, et lâche même un improbable son entre du hip-hop et une rythmique bien heavy à la Royal Blood sur la surprenante Junkies on a high, ou encore une conclusion épique sur Graffitia, morceau sonnant comme un titre de The Clash avec une production du 21e siècle. Et alors qu'Against Me! avait signé I was a teenage anarchist, Green Day a maintenant un titre "pléonasmique" à souhait, avec I was a teenage teenager, tube pop bien sucré rappelant presque du Weezer sur les couplets. Ça tombe bien, les deux groupes seront sur la scène de la U Arena de La Défense le 13 juin prochain, dans le cadre du Hella Mega Tour, aux côtés de Fall Out Boy et Amyl and the Sniffers.
Avec son album le plus court à ce jour, Green Day parvient encore à surprendre, passant du rock au punk en passant par la pop et le garage sans jamais ennuyer. Father of all motherf****** est un véritable petit jukebox qui ne contient que des chansons taillées pour faire remuer les chevilles et crier les cordes vocales. Un sacré défouloir, pour le groupe comme les auditeurs...
L'intégralité des albums de Green Day, dont le dernier Father of all motherf******, est à découvrir sur Napster.
