Musique

Le chanteur Alain Barrière s'est éteint

Alain Barrière sur la scène de l'Olympia, à Paris, le 16 octobre 1974. © AFP

Il chantait Ma vie, Elle était si jolie, ou encore Tu t'en vas. Le crooner qui a illuminé la scène musicale française dans les années 1960 est décédé ce mercredi 18 décembre 2019.

C'est son agent, Fabien Lecœuvre, qui a fait part de la triste nouvelle à l'AFP : Alain Barrière s'est éteint ce 18 décembre 2019, à 84 ans. Le chanteur avait déjà été victime de plusieurs accidents vasculaires cérébraux, et c'est donc dans la soirée de ce mercredi qu'il a finalement rendu son dernier souffle après avoir souffert d'un arrêt cardiaque.

Ses problèmes de santé l'avaient contraint, en 2011, à se retirer précipitamment des devants de la scène. Lui qui avait pourtant prévu de faire ses adieux au public, au Palais des Congrès de Paris ainsi que dans sa ville natale de Trinité-sur-Mer, avait en effet dû y renoncer après avoir fait déjà deux AVC. Depuis, Alain Barrière luttait contre la maladie. Lorsque son épouse, Anièce, décède d'une pneumonie à seulement 69 ans en ce début de mois de décembre, le chanteur subit un nouvel accident vasculaire cérébral. C'est donc après avoir été hospitalisé une dizaine de jours, d'après Le Parisien, qu'il s'en est allé à son tour, quelques jours après sa chère et tendre, à Carnac dans le Morbihan.

Le chanteur aura marqué toute une génération, en tant qu'interprète mais aussi auteur-compositeur renommé des années 1960 et 1970, au destin assez incroyable. Car Alain Bellec, de son vrai nom, n'avait pas initialement espéré faire de la musique une carrière, lui qui était parti à Angers en 1955 pour poursuivre ses études à l'École nationale des ingénieurs des arts et métiers, comme le rappelle Le Monde. Mais voilà, juste avant d'obtenir son diplôme, le jeune homme est frappé par la maladie : la tuberculose, qui l'immobilise de longs mois. C'est à ce moment-là, durant sa convalescence, que ce passionné de Django Reinhardt se met à écrire et à composer sur sa guitare.

Des succès musicaux aux soucis fiscaux

Naît de cette période Cathy, en 1961. Un tout premier morceau qui lui ouvre déjà une grande porte. Celui qui se fera par la suite appeler Alain Barrière arrive en finale du concours "Le Coq d'or de la chanson française", qui se déroule à l'Olympia. Il est alors repéré par un certain Bruno Coquatrix, le directeur historique qui a d'ailleurs son nom sur la mythique salle parisienne. C'est le début de la gloire. À peine deux ans plus tard, voilà que le jeune chanteur est propulsé sur les devants de la scène grâce à son fameux titre Elle était si jolie, choisi pour représenter la France au concours de l'Eurovision. L'année suivante, il chante une complainte intitulée Ma vie, qui confirme son succès et restera à jamais sa plus célèbre œuvre.

S'en suivent La Marie-Joconde, Emporte-moi, À regarder la mer, Rien qu'un homme, ou encore Aux premiers jours d'avril. Puis Tu t'en vas en 1975, un duo avec Noëlle Cordier qui le fait renouer avec le succès après quelques années d'absence. Mais ce retour en tête des ventes ne sera qu'éphémère. D'abord car, sur le plan musical, Alain Barrière a choisi depuis quelques années de faire des chansons plus engagées, mais donc moins commerciales, telles que V comme Vietnam sur la guerre et Avion, béton, camion sur la pollution. Ensuite car, sur le plan personnel, il connaît des démêlés avec le fisc, qui lui inspireront d'ailleurs le morceau Mon pays en 1978, et qui le pousseront à s'installer quelques années à Los Angeles (1978-1980), dans un premier temps, puis encore quelques années à Québec (1983-1988), comme le rappelle Le Monde.

Alain Barrière revient définitivement dans l'Hexagone, dans sa Bretagne natale d'après France Bleu, ruiné, à la fin des années 1980. Il faudra toutefois attendre encore une décennie avant de le retrouver dans les bacs, avec deux albums : une compilation intitulée Ma vie : trente années de chansons et un double album de nouveautés nommé sobrement Barrière 97. Arrivé dans le nouveau millénaire, le chanteur décide de se retirer de la vie publique mais reviendra quand même ici et là pour quelques dates, notamment à l'Olympia. Rattrapé par la maladie en 2011, il ne pourra finalement jamais faire ses vrais adieux sur scène.

Sources : AFP, Le Parisien, Le Monde, France Bleu