Musique

Mhysa : ambassadrice d’un R’n’B futuriste

Mhysa, artiste américaine extravagante et décalée, et son R’n’B complètement futuriste. © Mhysa / Naima Green

L’artiste R’n’B Mhysa s’invite dans vos oreilles avec une musique complètement futuriste.

Mhysa, ce nom vous dit probablement quelque chose. Et pour cause : c’est comme ça que se fait appeler Daenerys Targaryen dans Game of Thrones par les esclaves qu’elle a libérés. À Westeros, en valyrien, cela signifie “mère”. Qu’on se mette d’emblée d’accord, la Mhysa dont on veut vous parler n’a rien à voir avec celle de la série. Elle n’est pas à la tête d’une armée, elle ne dirige pas de dragons et elle ne prétend à aucun trône, qu’il soit en fer ou en bois. Le seul point commun qu’on pourrait lui trouver avec Khaleesi, c’est qu’elle vient d’une autre dimension. Et les sons qu’elle produit, on ne les a jamais entendus nulle part ailleurs.

Mais qui est Mhysa ?

Originaire de Philadelphie aux États-Unis, on croirait de prime abord que Mhysa ne vient pas de notre planète. À 28 ans, celle qui se fait aussi appeler E. Jane possède de multiples talents. Mais elle en a un bien particulier : une inventivité musicale hors du commun. Les sons qu’elle produit sont urbains, cybernétiques, difficile de leur assigner une étiquette. On ne comprend pas vraiment ce que c’est. Vous ne nous croyez pas ? Vérifiez donc par vous-même.

On retrouve chez elle un côté brut, non-poli, c’est de la viande crue qui arrive directement dans nos oreilles. Sans cuisson, sans assaisonnement, juste des protéines à l’état naturel. Si c’est très brut, tout est pourtant méticuleusement travaillé. Interviewée par Les Inrockuptibles en mars 2019, elle explique son cheminement artistique :

“J’écrivais de la poésie, je squattais dans les bars jazz, je me nourrissais d’improvisations. À 23 ans, j’ai découvert les machines, les synthétiseurs, qui ont réveillé mon langage. D’un seul coup, l’électronique donnait corps à mes idées. La musique m’a rattrapée.”

Et c’est de ce mélange audacieux entre les différents genres, époques et technologies que naît Mhysa. Un ovni insoupçonnable, invertébré et à l’harmonie ambiguë.

L’absurdité exacerbée de Mhysa

Parfois, la chanteuse pousse le vice beaucoup plus loin. Quitte à ce que ça en devienne potentiellement trop. Lorsqu’elle fonde le duo SCRAAATCH, on nage en plein délire. Sait-elle ce qu’elle fait ? Y a-t-il une réelle cohérence ? Peut-on encore appeler ça de la musique ? Des questions qu’on est en droit de se poser. Mais pour lesquelles on n’obtiendra jamais une réponse claire.

Une chose est sûre, il y a ce quelque chose de psychédélique, d’hypnotique, de surréel, empreint d’une transe visionnaire. On ne comprend pas ce qu’on écoute et pourtant, on ne peut pas faire autrement que d’y revenir. On n’arrive pas à s’arrêter d’écouter. Ce n’est peut-être pas la meilleure musique pour un dîner aux chandelles. Mais réunissez plusieurs personnes dans une pièce, éteignez les lumières, lancez Mhysa, et cela devrait normalement faire son petit effet.

Quand elle ne donne pas dans ce style amer, Mhysa n’hésite pas à s’attaquer aux grands artistes. Elle reprend par exemple le titre I’m Just a Girl, du groupe No Doubt et sa chanteuse iconique Gwen Stefani. Vous dire qu’on a immédiatement reconnu le morceau serait mentir.

Mhysa est donc une artiste brillante et incompréhensible. Et si on veut la voir en concert, il faut rester alerte, car ce n’est pas souvent que ça se produit. Du moins, pas dans l’Hexagone.

La dernière fois, c’était au festival Banlieues Bleues, fin mars 2019, à Pantin. La prochaine fois ? Ce n’est pas encore annoncé. En attendant, il faut simplement se contenter de sa musique dystopique que l’on peut trouver sur internet.

Clément Capot
https://twitter.com/Clepotp Clément Capot Rédacteur