
On a parlé musique et bateaux avec Pépite au FNAC Live Paris 2019
À l’occasion du festival parisien, nous avons pu rencontrer le duo pop qui monte, un peu avant sa montée sur scène devant les milliers de spectateurs présents sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
Vous jouez à 18h00 aujourd’hui : c’est cool ou c’est tôt ?
Thomas : C’est cool… et c’est tôt ! (rires) Non c’est cool, on est content.
Édouard : Non c’est bien. C’est ce que je disais dans une interview un peu avant, comme on fait les balances en derniers parce qu’on joue en premiers, tout est installé sur scène, il n’y a pas trop de rush, de changement de plateau et tout, on peut profiter, faire des interviews…
Et puis en jouant dès le début vous pouvez faire la fête le reste de la soirée…
Thomas : Aussi, aussi, ça peut !
Édouard : Non on va être sérieux parce qu’on a un gros week-end là…
Thomas : Ouais, on part demain matin pour Calvi donc il ne va pas falloir rater l’avion.
Édouard : Mais on aime bien jouer à ces heures, entre 18 et 21 heures, quand le soleil est en train de se coucher…
Thomas : Là il va être bien bien chaud…
Édouard : On a joué à Vie Sauvage il y a deux semaines pendant le coucher de soleil, et c’était trop chouette.
Thomas : C’était top !
Dans le duo Thomas tu t’occupes plutôt de la composition et Édouard de la production : comment est-ce que naissent vos chansons ?
Thomas : Généralement ça vient d’une grille d’accords avec des paroles et ensuite on met ça dans “la moulinette Eddie”, qui produit des très belles choses en se basant sur ça.
Édouard : J’essaie de produire des chansons aussi, que j’envoie à Thomas, qui trouve des textes cool dessus et ça vient de… Je ne sais pas trop d’où ça vient en fait. Souvent j’essaie de copier un truc et je fais ça très mal, ou alors ça vient d’une petite expérience, où j’ai essayé un plug-in ou un truc avec mon ordinateur. On n’a pas trop d’instruments en ce moment comme points de départ, on travaille plutôt sur ordinateur.
Jamais les paroles en premier ?
Thomas : Si, ça peut être les paroles en premier. C’est assez rare mais c’est déjà arrivé, il n’y a pas de règles je dirais. Sur l’album il y a Monte-Carlo par exemple.
Édouard : C’est le premier morceau qu’on a gardé pour l’album.
Thomas : Exactement, c’était le plus ancien.

Est-ce que chacun peut dire ce qui est selon lui la plus grande qualité et le plus grand défaut de travailler en duo ?
Édouard : Ce qui est super c’est qu’il y en a toujours un pour calmer l’autre direct s’il part dans une direction trop nulle et il n’y a pas trop de honte à le dire. Après on a chacun nos goûts aussi. On est très ouvert à plein de choses, mais quelquefois on essaie d’aller quelque part avec Pépite et on se dit “ouais non ça laisse tomber, je ne le sens pas trop”. De toute façon on s’envoie toujours plein de trucs tout le temps et c’est ça qui est cool : cet espèce de ping-pong qui va de plus en plus vite, des périodes où on peut échanger entre nos studios respectifs.
Thomas : Et le plus grand défaut, c’est que du coup ça peut être plus lent, le jeu de ping-pong.
Édouard : Ouais, il faut qu’on soit tous les deux d’accord, qu’on n’ait pas à se convaincre, sinon on part sur autre chose…
La légende dit que Pépite s’est formé en Bretagne…
Thomas : En fait on s’est rencontré en Bretagne. Et après comme on habitait pas loin, en banlieue, on a fait de la musique ensemble. C’est aussi simple que ça.
D’où vient ce champ lexical marin assez récurrent chez vous, tant dans les paroles que l’esthétique ?
Thomas : C’est surtout lié au fait que quand on a commencé Pépite, moi j’avais fait pas mal de bateau et que du coup ça m’avait inspiré pour les premières chansons.
Édouard : C’est vrai qu’il y a eu pas mal de coïncidences sur les plages avec Pépite. On a même fait pas mal de festivals sur les plages, ce week-end on va en faire deux par exemple.
Vous avez un côté très chanson française, comme la chanson Rubis qui fait très Michel Berger, mais aussi une touche années 70/80. D’où vient ce mélange des genres : ce sont vos deux univers qui se rencontrent, ou vous avez déjà chacun ces affinités-là ?
Thomas : Je pense que c’est un mélange des deux. Nous on aime bien ça, cette époque-là, donc on est venu rapidement là-dessus, avec Édouard qui apporte aussi une certaine modernité que moi je n’ai peut-être pas, ou moins.
Édouard : Il y a aussi un socle en commun très rock…
Thomas : Les Clash, les Strokes, ces classiques du rock qu’on a tous aimés et qu’on écoutait quand on était jeune.
Édouard : Ça fait partie de nos influences. Et Thomas a aussi un côté plus “chanson”.
Thomas : Et c’est vrai que les seventies, ça peut nous réunir.
Édouard : Et puis il y a des trucs qu’on se fait découvrir aussi. Je n’aimais pas Bruce Springsteen avant par exemple. Mais Thomas m’a fait adorer Bruce Springsteen.
Pourquoi avoir appelé cet album Virages ?
Thomas : Parce que les virages justement, ce sont ces pérégrinations ordinaires que l’on fait à chaque fois à l’arrière d’une voiture. Ce sont aussi les virages de la vie qu’on prend à l’âge qu’on a, c’est-à-dire une trentaine d’années. Je pense que c’est ça, tout simplement.
Édouard : Et les virages musicaux aussi, une petite influence par-ci, une petite influence par-là… C’était un mot qui collait bien à quelque chose à ce moment-là.
C’est votre premier album après deux EPs qui ont été encensés par les critiques. C’est donc plutôt un virage contrôle ?
Édouard : Ce sont plusieurs petits virages.
Thomas : Ouais ouais ça a été contrôlé, c’est sûr. Après le prochain on verra… Ça sera peut-être un virage en épingle. (rires)
Édouard : Ouais, peut-être… (rires)
Est-ce qu’après avoir écrit la chanson Feu Rouge, vous vous êtes dit “on vient de composer la chanson parfaite pour bader dans un taxi après une soirée” ?
Thomas : (rires) Ça pourrait être ça ouais. Mais ça venait de là. Donc c’était ça. T’as bien cerné le truc… Elle a été écrite en rentrant d’un taxi sous la pluie. Au moins le couplet, parce que le refrain a été écrit plus tard, mais les couplets ont été écrits comme ça. C’est une histoire vraie, plus ou moins… C’était piano-voix au départ et puis ensuite sur cette chanson on s’est fait aider de Voyou et puis de Benoît du groupe Grand Blanc. C’est avec eux qu’on a trouvé le refrain et certains arrangements.
Les chansons Les Bateaux et Hiéroglyphes, présentes sur votre premier EP, se retrouvent aussi sur l’album. Pourquoi avoir offert cette nouvelle vie à ces deux titres ?
Édouard : Parce qu’on les aime bien et qu’on voulait que les gens les découvrent, pour ceux qui nous découvrent avec l’album aujourd’hui, juste pour rappeler d’où on vient. Et puis ils trouvaient bien leurs places dedans. L’idée c’était de faire 10 morceaux inédits, et comme c’était deux morceaux qui avaient plutôt bien marché, c’était cool de leur rendre hommage et les mettre sur le disque.
Et vous les avez ré-enregistrés du coup ?
Thomas : Pas du tout, on ne voulait pas.
Édouard : Ça nous faisait très peur, on ne voulait pas remettre les mains dedans. J’ai déjà entendu des groupes que je kiffais qui sortaient des EPs et après il y avait la version album, et c’était un petit peu moins bien, parce que ouais il y a des petits défauts, mais tu es attaché quoi. Si tu lisses trop le truc, l’auditeur peut le remarquer et ne pas retrouver ce petit truc un petit peu dissident qu’il aimait bien. On ne voulait pas les ré-enregistrer, changer la voix et tout. Et c’est marrant parce qu’elle sont vraiment différentes ces chansons, ça fait encore plus de variété dans l’album.
Est-ce que vous avez l’impression de faire partie d’une nouvelle scène pop française, avec des groupes comme L’Impératrice, Voyou, Grand Blanc ou Fishbach par exemple ?
Thomas : Ce qui est amusant c’est que ce qui nous rapproche c’est avant tout la langue française, mais dans tous ces groupes, personne ne fait la même musique et c’est ça qui est intéressant. Alors je dirais que c’est peut-être un peu plus de visibilité pour certains artistes un peu plus indépendants qui chantent en français, et je pense que c’est cool.
Édouard : Et puis c’est marrant, on s’est tous retrouvé à produire du son. C’est une époque qui nous permet de faire ça et tous les gens qu’on connaît, comme Fishbach, Grand Blanc, Voyou, ils vont tous faire de la musique chez eux, c’est peut-être pour ça qu’on entend beaucoup de choses aujourd’hui. Enfin je ne sais pas, c’est une hypothèse….
Il y a dans pas mal de vos titres un contraste entre des paroles mélancoliques et une musique plus festive : c’est quelque chose que vous recherchez ou qui vient naturellement ?
Thomas : Ça vient plutôt naturellement et c’est quelque chose qu’on aime, qu’on apprécie, donc parfois on se dit qu’on va essayer de ne pas forcer le trait. Quand on a des paroles mélancoliques, si on met une musique très triste derrière, ça va être too much.
Édouard : Voilà, c’est ce que j’allais dire. Moi ce que je déteste, c’est écouter des morceaux qui me dépriment. J’aime bien écouter des chansons tristes, mais qui te réconfortent plutôt que de te mettre encore plus au fond. Du coup ça vient assez naturellement de contrebalancer ça, et ça fait tout de suite un morceau beaucoup plus sympa.
Pépite est un duo, mais vous êtes cinq sur scène pour les concerts : comment ça se met en place ?
Édouard : En fait ça serait impossible de jouer tous les arrangements qu’il y a sur l’album. On a essayé de faire des sons qui puissent être joués par un groupe, mais il y avait trop de pistes. Du coup on apporte les parties pour tous les musiciens qui nous font des retours et les morceaux peuvent évoluer. Sur le live, il y en a des morceaux qui ont beaucoup changé, qui peuvent être plus longs, il y a des belles surprises. Même en balances, il se passe parfois des choses, comme là tout à l’heure… (rires)
Vous avez fait une reprise de Capri pour une playlist Deezer, pourquoi avoir choisi ce morceau ?
Thomas : En fait c’est eux qui nous l’ont proposé et moi j’aimais bien ce morceau.
Édouard : Moi je ne le connais que de très loin, je n’avais que le refrain en tête et puis je l’ai écouté et j’ai trouvé ça magnifique.

Votre musique est super cinématographique : si on vous proposait de faire la musique d’un film qui existe déjà, genre “Pépite refait la musique de tel film”, lequel choisiriez-vous ?
Thomas : Ah ça serait trop bien ça !
Édouard : Il faudrait qu’on se mette d’accord déjà.
Thomas : Ça serait un film français, forcément…
Édouard : Ah ouais, déjà ?
Thomas : Bah oui, si on chante en français… Ah remarque non, si on ne met pas de chant… Alors je te laisse le faire ! (rires)
Édouard : Le premier truc qui m’est venu en tête, c’est 2001, Odyssée de l’Espace. Ça pourrait être délirant de faire un truc là-dessus. Mais il y a peut-être plus inconnu, plus fou à trouver, plus improbable. Mais c’est une super idée, il y a des soirées qui existent comme ça, des films projetés avec des groupes qui jouent par-dessus ?
Je vais peut-être déposer le concept alors, ouais… Et selon vous, quel est le meilleur endroit, quelle est la meilleure situation pour écouter votre album, Virages, et l’apprécier ?
Thomas : En voiture c’est bien. En taxi ! Quand il y a des embouteillages pour aller à Roissy. 45 minutes c’est pas mal.
Édouard : Ouais c’est pas mal. On l’a pas trop écouté en voiture…
Thomas : Je ne l’ai pas encore écouté moi. (rires)
Édouard : J’ai la flemme de le ré-écouter. (rires) Mais je dirais à la plage, aussi.
