
Qui est Eddy de Pretto ?
Entre le hip-hop et la chanson française, le natif de Créteil fait un carton partout où il passe depuis 2017. Eddy de Pretto est passé de valeur montante de la scène française à tête d’affiche. Mais qui est donc le chanteur ? Retour sur son parcours.
“Moi je l'ai faite, défaite et ça jusqu'au fiasco, c'est la fête de trop“. Si vous connaissez ces paroles devenues cultes, c’est que vous avez déjà entendu parler d’Eddy de Pretto. Ou que vous avez entendu Eddy de Pretto, tout simplement. Il aime se définir comme un artiste "non-genré". Ce grand blond au teint pâle, inconnu il y a encore trois ans fait aujourd’hui la Une des magazines et enchaîne les concerts grâce à ses tubes comme Fête de trop, Kid et Normal. Si le chanteur plaît aussi bien aux jeunes qu’aux plus vieux, c’est qu’il a trouvé la recette qui fonctionne.
Pour réunir un public transgénérationnel, porté par son groove, de Pretto mêle dans ses titres de la chanson, du slam et du rap. Mais surtout, ses textes ancrés sur les problématiques familiales et sociétales du moment, parlent à tout le monde. Il puise ce métissage dans des influences éclectiques. Des sons qu’il écoutait en bas des immeubles à Créteil, à la musique que sa mère écoutait à la maison. Ces univers opposés ont rapidement inspiré le chanteur : "J’évoluais vraiment dans deux milieux très différents, celui de ma mère avec ses disques de Nougaro et Barbara et un autre plus rap justement. Quand je traînais au foyer du quartier avec mes potes, c’était plus Rohff, Sinik, Booba ou Diam’s qui passaient en boucle. Donc j’ai été bercé par la chanson et le rap, et inconsciemment ça s’est mélangé. Aujourd’hui, j’essaye de faire le pont entre les deux, qui me plaisent tout autant", confiait-il dans Les Inrocks en 2017.
Eddy de Pretto, un ovni qui brise les codes
Des goûts surprenants qui l’ont poussé rapidement vers la musique et le milieu artistique en général. Dès l’âge de douze ans, il prend des cours de théâtre, de chant et de piano. Dans La Parisienne, il revient sur sa passion pour le spectacle, qui l’anime depuis sa plus tendre enfance :
"Petit, j'aimais déjà le spectacle, la scène, chanter. Je prenais la télécommande pour faire un micro et je tournais l’halogène pour faire la lumière. Du coup ma mère m’a proposé de prendre des cours de théâtre vu que je n’excellais pas au sport."
Désormais, Eddy de Pretto s’assume entièrement. Mais pendant sa scolarité en banlieue parisienne, il a dû faire face à l’animosité de ses camarades, comme il le raconte dans les colonnes du Huffington Post, "Je me suis souvent tu, surtout à l'école pour me cacher et pour ne pas assumer ce que j'étais, pour essayer de rentrer dans un certain moule." Un moment de sa vie qu’il n’a pas oublié mais qui il lui a permis de se construire et de devenir la personne qu’il est.
Après des premiers pas d’acteur dans des publicités et des petites apparitions au cinéma (Paulette en 2013), Eddy de Pretto se lance dans la chanson, son premier amour. Tout commence en 2011 quand il se met à écrire ses premières chansons, "c’est arrivé en dernier après la scène, le théâtre, le chant, la corporalité. Mais au début je chantais les mots des autres et c’est arrivé un peu par magie", explique-t-il dans les colonnes de Shoes-up.
2017 est l’année de l'éclosion. Il participe au Printemps de Bourges où il remporte le Prix Inouïs et à l’automne, il sort son premier EP Kid où se trouve notamment le tube Fête de trop qui a remporté un grand succès. Eddy de Pretto se confie sur ce qui fait son quotidien, dont les clichés machistes et les questions de sexualité. L'exemple parfait est le tube Kid où il dénonce les diktats de la virilité dans une société encore bien trop machiste ("Tu seras viril mon kid/Tu brilleras par ta force physique/ ta posture de caïd/Je ne veux voir aucune once féminine”).
"Mon père me disait souvent : va jouer au ballon, pleure pas, alors que j’avais envie de jouer aux poupées. C’est mon expérience personnelle, ce n’est pas une attaque ou une dénonciation. Mais ça se rapproche aussi de mes racines, où l’on montre et on démontre sa masculinité", peut-on lire dans les colonnes des Inrocks en 2017.
Après des premiers succès, s’en suit les concerts. Seul sur scène avec un batteur, il s’illustre dans des performances sobres. Véritable écho de sa génération, il lance ses titres depuis un iPhone. Plus rien ne l'arrête. En 2018, il est nommé aux Victoires de la musique dans la catégorie Révélation scène de l’année et il sort dans la foulée son premier album au printemps 2018, Cure (à découvrir sur Napster). En une semaine, le disque est numéro 1 des ventes avec 13.5000 exemplaires vendus.
Eddy de Pretto déculpabilise !
Loin des stéréotypes du rap actuel, l'artiste joue avec les codes et ça plaît. Dans ses textes, il évoque souvent son homosexualité, qu’il ne cache pas, même s’il ne souhaite pas que ce soit le seul sujet de discussion. Ce subtil mélange des genres lui a permis d’être produit par les producteurs de Booba et PNL.
Faire ce qu'on veut, aimer qui ont veut : déculpabiliser, c’est le message ultime qu’il souhaite faire passer à travers ses chansons (“Ce n'est pas grave si tu aimes mater ton voisin / Tu peux faire c'que tu veux, vas-y explose et fous l'feu / Serre les poings gamin, sans te cacher pour un rien”). Eddy de Pretto, un homme qui ne souhaite pas que sa musique soit rangée dans une case, tout comme lui.
Sources : Les Inrocks, Le Parisien, Shoes Up, Charts in France, Huffington Post
