
Qui est Yseult ?
L'artiste sacrée Révélation féminine de l'année a marqué les esprits, tant par sa prestation que par son discours, aux Victoires de la musique. Retour sur son parcours, peu commun, depuis la Nouvelle Star jusqu'à cette consécration qu'elle est allée "arracher" à la prestigieuse cérémonie de remises de prix.
Il fallait s'y attendre, au vu du contexte actuel, et ça n'a pas loupé : les 36èmes Victoires de la musique, organisées ce vendredi 12 février 2021, ont été marquées par plusieurs discours engagés. Celui de Benjamin Biolay, doublement sacré Artiste masculin et Album de l'année, qui a rappelé l'inquiétude du milieu en ces temps de crise sanitaire. Celui de Pomme aussi, désignée Artiste féminine de l'année, qui a quant à elle fait valoir la cause des femmes en dénonçant les violences sexuelles dans l'industrie. Puis celui d'Yseult, Révélation féminine de l'année, qui n'a pas hésité à faire savoir sa "colère" face aux discriminations qu'elle, comme tant d'autres, subissent encore aujourd'hui :
"Le chemin est long en tant que femme noire, le chemin est long en tant que femme grosse, oubliée de la société, de la culture (…) Notre colère est légitime, et j'aimerais que ce soir toute la France l'entende : notre colère est légitime, notre combat est sinueux, et juste, soyons unis. (…) C'est une Victoire, pas que pour moi mais pour mes frères et sœurs. On est allés l'arracher, notre liberté, notre indépendance, on est allés arracher cette place et on la mérite."
Sur la Seine musicale, la jeune chanteuse a interprété son single phare, Corps, en compagnie de danseurs et danseuses de différentes corpulences, de différentes couleurs de peau. Un sublime ballet montrant la beauté sous toutes ses formes et promouvant surtout, à une heure de grande écoute, l'acceptation de soi. Yseult en a fait un combat, elle qui a dû surmonter les obstacles d'une industrie vraisemblablement trop policée. "7 ans ! 7 ans, ce n'est pas pour rien", s'est d'ailleurs exclamée Yseult en recevant son prix lors de ces Victoires de la musique. Eh oui, elle en a fait du chemin avant d'en arriver là…
Une "différence" pas encore acceptée
Certains se souviendront peut-être de ses premiers pas sur les devants de la scène. C'était effectivement en 2014, sur le plateau de… Nouvelle Star. À des années lumières de sa performance à la prestigieuse cérémonie de remises de prix vendredi dernier, Yseult s'est en effet d'abord fait connaître du grand public en arrivant jusqu'en finale du célèbre télé-crochet. Ses interprétations de Lettre à France (Michel Polnareff), Papaoutai (Stromae) ou encore Breathe me (Sia) ont beau avoir envoûté le jury, c'est finalement son adversaire Mathieu Saïkaly qui est élu "Nouvelle Star" de la saison 10. Et pour la chanteuse, qui n'a pas encore 20 ans à l'époque, ce n'est à vrai dire même pas une surprise. "Je savais que je n'allais pas gagner", affirme-t-elle un an plus tard à Pure Charts, avant d'estimer : "On n'accepte pas encore les différences des gens. Malheureusement, je suis noire, malheureusement, je suis très forte corporellement (…) C'est dur... de m'imposer... en tant que moi-même."
L'émotion est plus que palpable dans cette interview. Pourtant, à ce moment-là, Yseult est en promotion pour son premier album. Un disque éponyme, porté notamment par le single La Vague, paru chez Polydor, la maison de disque avec laquelle elle a signé après son aventure télévisée, et qui a fait appel à Da Silva pour lui écrire des chansons. En résulte donc un opus aux sonorités électro-pop, assez loin de l'univers qu'on lui connaît désormais… "Je m'entendais bien avec lui, mais je me retrouvais face à une personne qui ne me connaissait pas et qui devait écrire des morceaux pour moi. Je me rends compte aujourd'hui que tout cela sonnait un peu faux", confiera plus tard la jeune femme auprès du Parisien.
Yseult, femme libérée
Alors que son parcours à la Nouvelle Star semblait lui promettre un brillant avenir, son album ne décolle pas, et elle sombre dans la dépression. Mais Yseult est une femme forte, dans tous les sens du terme, alors elle décide de quitter Polydor et de créer son propre label : Y.Y.Y.. Une émancipation qui lui permet de retrouver sa voix, qu'elle offre d'abord à d'autres — elle écrit pour Chimène Badi, Jenifer ou encore les rappeurs PLK. Libérée, Yseult embrasse ses formes, ses origines et un style musical qui lui est propre, qu'elle baptise "Y-trap". "J'ai plus rien à prouver", clame-t-elle dans un nouveau single paru après 4 ans d'absence, en 2019.
La transformation est totale, et en sera d'autant plus belle qu'elle se dévoilera à nue l'année suivante, au sens propre comme au figuré, dans Corps. Un titre dans lequel elle fait savoir, d'une voix toute puissante, sa lutte personnelle face au "regard des autres", qu'elle défie en se montrant dénudée dans le clip. Et bien qu'elle ait depuis un nouvel EP à défendre, Brut dévoilé en novembre dernier, c'est justement ce Corps, comme une belle revanche sur la vie, qui lui a valu d'être sacrée Révélation féminine aux Victoires cette année. Une consécration qu'elle est allée "arracher", c'est peu dire à corps et âme, amplement "méritée" en effet.
De Noir à Brut, retrouvez tout le répertoire d'Yseult sur Napster ou Deezer, des plateformes de streaming proposées en option avec un abonnement SFR.
Sources : Franceinfo, Pure Charts, Le Parisien
