
SEIN, la fougue de la jeunesse sur un rap-electro travaillé aux petits soins
À gauche, Joseph, 21 ans. À droite, Balthazar, 20 ans. Ne vous laissez pas méprendre par leur attitude décontractée : ces deux jeunes, qui découvrent à peine "le monde du travail", prennent leur projet musical très au sérieux. Et ça s’entend. Après un joli featuring avec Therapie TAXI, un passage remarqué à Rock en Seine, une place dans la liste des "10 groupes à suivre en 2019" établie par YouTube, le duo dévoile aujourd’hui son deuxième EP, ULTRA. Un six-titres plus abouti, plus réfléchi que le premier, confectionné quand ils étaient encore au lycée. Rencontre.
Vous vous appelez SEIN. Et on a cru comprendre qu’il pouvait y avoir deux lectures à ce nom de groupe. Il y aurait un jeu de mot avec l’allemand — "sein" signifiant "être" ?
Joseph : C’est une petite raison...
Balthazar : Ce n’est pas la principale.
Puis quand on vous écoute, quand même, on comprend rapidement que vous "aimez les femmes et les seins nus"… Alors, pourquoi ce nom ?
Balthazar : On était au lycée quand on a commencé notre groupe. Il fallait qu’on trouve un nom et justement on était en cours d’allemand, d’où la petite anecdote. On faisait des listes et des listes de noms, c’était toujours des gros mots… ou des noms absurdes. Mais petit à petit on a resserré le champ des possibles et on s’est retrouvés avec quelques propositions, dont SEIN, tout en majuscules. Écrit, c’est joli, c’est carré.
Comment est né votre duo ?
Joseph : Je suis arrivé au lycée en 2013 – j’ai un an de plus que Balthazar. Je redouble ma seconde… (rires) Et je me retrouve dans la même classe que lui. On avait tous les deux des groupes de musique quand on s’est rencontrés, on n’était pas hyper potes mais il se trouve que nos deux groupes étaient un peu en train de s’arrêter. Donc on s’est dits pourquoi pas faire de la musique ensemble. Et ça a matché. Du coup on a développé notre amitié autour de ça aussi.

Vous êtes tous deux musiciens à la base, Joseph au piano et Balthazar à la guitare. Alors pourquoi le rap ?
Joseph : Ça s’est fait naturellement. Après on ne se cloisonne pas, on n’est pas qu’un groupe de rap. On aime bien travailler tout ce qui est composition, du coup on fait tout nous-mêmes. Mais on est catégorisés comme ça parce que je pense qu’aujourd’hui le rap c’est un énorme tout.
On sent effectivement que la partie musicale est très importante à vos yeux et elle est d'ailleurs très variée. D’où viennent vos inspirations ?
Joseph : Déjà de nos influences communes, on n’a pas forcément les mêmes et ça c’est plutôt un avantage. Puis ça revient à expliquer comment on compose notre musique : la base de la production, elle est faite par l’un de nous deux et après on met tout en commun pour se mettre d’accord sur ce que l’on aime ou ce que l’on n’aime pas. Mais je pense que, comme chaque base de chaque morceau est faite soit par moi, soit par Balthazar, sans que l’autre soit là, il y a déjà pas mal d’influences qui sont là dès le début du morceau. Bal' a des influences plus pop-rock et moi peut-être plus rap-electro… C’est un exemple, mais c’est ce qui va donner une variété à ces sons.
Comment vous travaillez vos textes ?
Joseph : On les a beaucoup écrits chacun de notre côté pour le premier EP (Sein la vie, ndlr). Pour le deuxième on a essayé de le faire ensemble. On s’est fait des sessions d’écriture, c’était un peu bizarre au début. C’était super dur de se concentrer...
Balthazar : On était hyper dissipés ! (rires)
Joseph : C’était infernal ! Mais je pense que ça nous a apporté des nouveaux trucs, donc du coup c’est cool.
Balthazar : Peut-être des textes un peu plus construits aussi… Je pense qu’on a plus un fil directeur, on réfléchit peut-être un peu plus à ce qu’on dit. On était vachement dans l’instantané, à avoir une phrase et se dire : "Ouais, ça sonne bien." Une phrase un peu marrante, avec une punchline, la seule de tout le morceau… (rires) Mais aujourd’hui on réfléchit plus à ce que ça dégage, au choix des mots.
Dans votre premier EP vous aviez aussi des préoccupations de jeunes que vous étiez (même si vous l’êtes encore) : les potes, les soirées, les filles…
Joseph : C’était à peu près les seules préoccupations qu’on avait. (rires)
Et là à travers les singles plus récents, notamment Dans ma tête, on ressent un peu plus de maturité...
Joseph : Carrément. C’est un peu le parfait exemple dans le sens où Dans ma tête, c’est le premier morceau qu’on a fait après être entrés dans le monde du travail, dans les labels, après avoir signé, etc.. Quand on écrivait au lycée, sur le premier EP, on évoquait des préoccupations qui étaient les nôtres à l’époque : passer le BAC, aller en soirée, draguer des filles. Des préoccupations assez globales chez les jeunes. Après, on a eu la chance de rentrer dans le milieu du travail – entre guillemets – assez tôt. Moi j’avais 20 ans, Balthazar en avait 19 quand on a signé il y a un an. D’un coup ça ouvre des portes, avec beaucoup plus de sujets à aborder. Ce n’est pas forcément mieux ou moins bien, c’est juste différent.
Balthazar : Peut-être plus introspectif. On se pose des questions.
Il y a presque une espèce de spleen, si ce n’était pas pour Passion - qui est sorti à peu près en même temps - on vous aurait demandé : "Bah alors, vous déprimez ?"
Joseph : (rires) L’EP prend un peu cette tournure.
Balthazar : Il est peut-être un peu plus sombre, mais pas dans le mauvais sens du terme. C’est ce que je disais, s’il y a des questions qui se posent, autant en parler dans nos textes. Est-ce qu’on trouve une réponse ? Non, pas forcément. Au lycée, on avait que des réponses. C’était très clair : "À la fin de l’année, qu’est-ce qu’on fait ? On passe notre BAC." Le premier EP pour le coup est hyper décomplexé par rapport à ça. Sur le deuxième, c’est des thèmes qui je pense nous tiennent plus à cœur.
Vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce nouvel EP, ULTRA ?
Joseph : C’est dans la même veine que le premier, parce que les sons sont soit assez rap soit assez electro.
Balthazar : Je me dis que, comme on est encore au tout début de notre vie de musiciens, on a envie de dire plein de choses. Comme un premier film où tu fous tout dedans. Mais je trouve que dans le choix des morceaux qu’on a mis dedans, parce qu’on en a pas mal dans les tiroirs, naturellement on en a choisi de plein de styles différents, comme on a fait sur le premier EP.

Vous dites que vous avez plusieurs titres déjà dans les tiroirs… Ça présage un album ?
Balthazar : C’est la prochaine étape.
Joseph : Faut vraiment bien le réfléchir. Aujourd’hui surtout, avec le streaming, etc., c’est hyper important un premier album. Et nous on ne se sentait pas assez prêts, en tout cas pour la rentrée de septembre, c’est pour ça qu’on est partis sur un deuxième EP. Mais en 2020, ouais c’est sûr qu’il y aura un album.
Dans le clip de Passion on a la surprise de voir Thomas Meunier (défenseur du PSG). Comment ça se fait ?
Balthazar : (rires) On avait écrit cette idée, ce truc un peu délirant dans un Décathlon où on fait 10 milliards de sports avec des potes, c’est le bazar, c’est drôle. Et à la fin on voulait un caméo un peu marrant. On avait plein d’idées de footballeurs ou de sportifs et c’est un gars qui bosse avec nous qui avait le contact de l’agent de Thomas Meunier, de Benoît Paire, et plein d’autres sportifs. Bref, on s’est dits : "Meunier, ça déchire !" On est des vieux fans du PSG, donc c’est trop cool quoi !
Joseph : Il a accepté direct, et on est encore en contact aujourd’hui. Il est vraiment adorable. Il est resté plus longtemps que prévu…
Balthazar : Il ne voulait plus partir ! (rires)
Puis il y a Illy. Un titre que vous aviez déjà sorti en featuring avec Minette, mais dans le clip on retrouve Therapie TAXI... Comment ça s’est passé cette collaboration ?
Balthazar : On avait fait un concert en janvier 2018 et il y avait Raph, le moustachu de Therapie, qui était venu nous voir. Il avait grave kiffé, on avait échangé sur les réseaux et on était devenus assez potes. Il nous a dit : "On peut vous filer un coup de main." Il n’était pas question de feat ou quoi mais de se voir, en parler. Et à un moment donné, assez naturellement, on s’est dits : "Ça ferait plaisir de bosser avec eux."
Joseph : Ça s’est fait assez naturellement. Ils nous ont dit : "Bah pourquoi pas, avec plaisir." Ils ont rajouté un texte sur le son qui existait déjà. Puis vu que c’était un des seuls morceaux de l’EP qui n’avait pas de clip, on s’est dits : "Profitons-en pour tourner un clip avec eux." Du coup c’était parfait pour nous.
Balthazar : C’était assez cohérent et compatible.
Vous avez aussi joué en première partie de Therapie TAXI...
Joseph : Oui, on en a fait pas mal d’ailleurs. Une dizaine je pense, maintenant.
Balthazar : Un peu plus même. C’est des bons potes.
Dernière question : on a déjà évoqué plusieurs de vos titres, mais si vous deviez en choisir un à faire écouter, pour faire découvrir votre groupe, votre musique, vous conseilleriez lequel ?
Balthazar : Je dirais Sur Mars.
Joseph : Alors, attends. N’importe quelle personne sur Terre, on la prend au hasard, et tu lui fais écouter Sur Mars ? C’est la moins facile à écouter !
Balthazar : Ouais, elle est un peu concept… Mais en même temps je trouve qu’elle nous correspond très bien.
Joseph : Le son qu’on devrait faire écouter c’est celui avec Therapie TAXI, tout simplement ! (rires) Sinon celui qui nous correspond le mieux pour moi, enfin celui que je kiffe le plus… Alors, il y en a un qui sortira dans l’album, c’est un de mes préférés mais il n’a pas encore de nom alors retenez bien que le refrain ça dit : "C’est fini, je passe à autre chose !" (rires) Et sinon, un qui est déjà sorti… Dis-moi tout, je l’aime vraiment bien. Il est un peu bizarre, mais c’est mon petit péché mignon.
Retrouvez SEIN en concert le vendredi 18 octobre prochain à Paris, dans le cadre du MaMA Festival. En attendant découvrez dès aujourd'hui leur nouvel EP, ULTRA, en écoute sur Napster, ainsi que le clip de leur nouveau single du même nom sur YouTube !
