
Coupe Davis version Gerard Piqué : le flop
Quand le monde du tennis rencontre celui du football, ça ne fait pas bon ménage. En tout cas en ce qui concerne cette compétition internationale créée en 1900 par un tennisman américain dénommé Dwight Davis, et rachetée l’an dernier par le célèbre défenseur du Barça. Alors que les Français ont d’ores et déjà quitté la course, éliminés avant même les quarts de finale, retour sur une réforme qui fait jaser.
Ça avait mal commencé pour nos joueurs français dès le début de la compétition, avec la défaite de Gaël Monfils face à Yoshihito Nishioka (7-5, 6-2), mardi 19 novembre dernier. Si Jo-Wilfried Tsonga l’avait de son côté aisément emporté sur Yasutaka Uchiyama (6-2, 6-1) et le double formé par Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut était aussi sorti vainqueur face aux Japonais, c’est avec l’équipe de Serbie que les espoirs tricolores ont été anéantis ce jeudi 21 novembre. Jo-Wilfried Tsonga n’a pas réussi son duel face à Filip Krajinovic (7-5, 7-6 [5]), puis Benoît Paire s’est fait expédié par Novak Djokovic (6-3, 6-3). Le duo de l’Hexagone a, lui, encore remporté son double, mais pas de quoi suffire à qualifier les Bleus pour les quarts de finale.
Voilà donc la France éliminée, dès le premier tour de la Coupe Davis 2019. Elle qui avait pourtant remporté l’édition 2017, portant son nombre de titres dans la compétition mondiale à 10, et s’était ensuite honorablement inclinée en finale face à la Croatie l’an passé.
C’est un Nicolas Mahut désabusé qui est apparu devant la presse à l’issue de cette élimination éclair, pestant contre cette nouvelle formule imaginée par Gerard Piqué. "Entre la tradition et la modernité, c'est toujours compliqué. La tradition, ils l'ont complètement piétinée", regrette-t-il ainsi dans des propos rapportés par RMC Sport. Et de soulever deux (gros) problèmes :
"Pour que ça fonctionne, il faut plus de temps. Une semaine c'est trop court, on ne peut pas se permettre d'avoir deux rotations par journée et de finir des matches à 4 heures du matin. Il faut que les stades soient pleins pour que ce soit une réussite, ça ne l'était pas. Il faut aussi que nos supporters reviennent, pour nous c’est important."
Un planning totalement chamboulé
Reprenons, en expliquant d’abord qu’est-ce que c’est que cette Coupe Davis version Gerard Piqué. Il faut savoir qu’elle a d’abord vu pas moins de 24 équipes se confronter lors de qualifications organisées en février dernier, là où "seulement" 16 équipes commençaient auparavant à s’affronter en huitièmes de finale classiques. Ce qui a surtout changé, c’est que, comme l’a évoqué Nicolas Mahut, la compétition a ensuite été réduite à une toute petite semaine (intense !) de rencontres, entre le 18 et le 24 novembre cette année, alors qu’elle continuait à s’étaler sur plusieurs mois dans son ancienne version, avec des quarts disputés en avril, des demies en septembre, puis la finale en novembre. Sans compter qu’avant d’arriver à la phase à élimination directe, cette nouvelle édition présentait une phase de poules où se sont rencontrées quelque 18 équipes du 18 au 21 novembre derniers...
Résultat : le planning est chargé. Pour que tout le monde puisse jouer en l’espace de quatre jours, deux sessions étaient prévues en une journée, une matinale à 11 heures suivie d’une nocturne à 18 heures. Et une session est égale à trois rencontres, chaque nation disputant effectivement trois matches en un jour, deux fois à quelques jours d’écart. Autant dire que les journées étaient longues, parfois même très longues. C’est ainsi qu’un double de l’Espagne face à la Russie mardi a commencé à... 0h45. Et que celui des États-Unis face à l’Italie le lendemain a démarré encore 40 minutes plus tard pour se terminer à... 4h04 du matin. D’autres n’ont tout simplement pas eu le courage, les Canadiens et les Australiens profitant effectivement de leur qualification effective pour faire l’impasse sur leurs derniers matchs en duo tardifs, évoquant des blessures. Des abandons qui faussent quelque peu la donne quant au calcul des deux meilleurs deuxièmes tous groupes confondus, destinés à rejoindre les équipes ayant terminées premières de leur poule en quarts de finale.
Des tribunes quasi vides
À cette programmation compliquée, s’ajoute un autre souci non négligeable, qui aurait déstabilisé d’autant plus les Français à en croire les propos de Nicolas Mahut : la Coupe Davis nouvelle formule de Gerard Piqué, organisée à Madrid, est largement boudée par le public. La cérémonie d’ouverture, organisée pourtant en grande pompe, n’a pas réussi à remplir le stade Caja Mágica de 12 000 places. Dans la foulée, un internaute a fait savoir sur Twitter que seules quelques personnes s’étaient déplacées pour un match Belgique – Colombie. "Vous êtes sûrs qu’ils ne sont que 15 ?", a alors riposté le défenseur du Barça, photo et smileys rieurs à l’appui, avant de se faire corriger par notre Alizée Cornet nationale : "Cher Gerard, je vois que tu n’es jamais allé à une VRAIE Coupe Davis ! On en est loin."
Ces tribunes quelques peu désertées, si ce n’est pour les matches de l’Espagne bien sûr, s’expliquent justement par le fait que pour la première fois la Coupe Davis se déroule dans un lieu unique, alors qu’elle était auparavant jouée dans plusieurs nations participantes sur le principe du domicile – extérieur. Et ce n’est pas tout. La compétition est aussi moins suivie sur le petit écran français cette année, étant diffusée sur TMC au lieu des traditionnelles chaînes de France Télévisions. Ainsi la rencontre des Bleus face aux Serbes n’a-t-elle été regardée que par 121 000 curieux d’après Médiamétrie. Certes, il ne s’agissait encore que de la phase de poules. Mais autant dire que, d’autant plus après l’élimination de l’équipe tricolore, on restera loin, très loin de l’audience enregistrée pour la finale de 2017 et ses 5,4 millions de téléspectateurs...
Sources : Coupe Davis, RMC Sport, 20 minutes, L’Équipe, Ozap
