
2018-19 : la Ligue des Champions de la remontada
Cette édition de la plus prestigieuse des Coupes d’Europe finalement remportée par Liverpool aura été de très loin la plus imprévisible depuis des années. Et encore plus spectaculaire que la dernière saison de Game of Thrones...
Le PSG, spécialiste du genre
La tendance s’est affirmée dès les huitièmes de finale, avec des retournements de situations complètement dingues. Et quand on parle de remontada, la première équipe à qui l’on pense est bien sûr… le Paris Saint-Germain ! Après la fameuse humiliation face à Barcelone en 2017 (victoire 4-0 à l’aller, défaite 6-1 au retour), on ne pensait vraiment pas voir Mbappé, Cavani, Verratti et cie (Neymar étant blessé) butter face à Manchester United, pénible sixième de Premier League. Surtout après l’avoir emporté 2-0 au match aller, à Old Trafford. Et pourtant, on connaît la suite : les chances de qualification de Manchester étaient de 0% d’après les statistiques. Même eux n’y croyaient pas, se présentant au Parc de Princes avec une équipe C : Pogba suspendu, huit blessés et des jeunes de 17 ans qui ont effectué leurs débuts. Un victoire 3-1 improbable plus tard et le PSG avait à nouveau sombré dans les travers de la remontada… Mais ils n’ont pas été les seuls cette année !
L’Ajax nettoie tout !
L’Atlético de Madrid, réputée comme l’une des équipes les plus solides d’Europe, a également subi les foudres de la remontada. Et celles de Ronaldo, surtout ! Si certains se demandaient pourquoi la Juve avait accepté de payer 100 millions d’euros pour un joueur de 34 ans, le huitième de finale retour a donné la meilleure des réponses. Défaite 2-0 à Madrid, la Vieille Dame s’impose 3-0 au retour, avec un hat-trick du portugais. Absolument épique ! Tout comme la performance de l’Ajax d’Amsterdam.
Avec une génération dorée portée par de Jong ou de Ligt, les bataves doivent affronter le triple tenant du titre, le Real Madrid, qui s’impose 2-1 aux Pays-Bas. Ce vicieux de Sergio Ramos, sûr de voir son équipe se qualifier facilement, se permet même de prendre un carton jaune pour être suspendu au match retour et ainsi avoir son compte de cartons remis à zéro à partir des quarts de finale. Très bon calcul : l’Ajax vient rouler sur le Real Madrid au retour, s’imposant 4-1 sur la pelouse de Santiago Bernabeu. Et comme Ramos a osé dire face caméra qu’il avait fait exprès de prendre son carton, il gagne en cadeau bonus une petite suspension supplémentaire. Comme quoi en foot, le crime ne paie pas toujours…
Barcelone is the new PSG
Si les quarts de finale ont été sans grande surprise, mis à part la nouvelle performance de l’Ajax, qui sort cette fois la Juve, les demi-finales seront elles constituées de deux remontadas incroyables. Et comme l’an passé, le Barça en est la victime. Après avoir été éliminés par l’AS Roma en quarts de finale en 2018 après l’avoir emporté 4-1 à domicile, et perdu 3-0 en Italie, les catalans pensent se mettre à l’abri au Camp Nou, en infligeant un sévère 3-0 à Liverpool, grâce à un doublé du génie Léo Messi. On se dit qu’une grande équipe comme le FC Barcelone ne peut pas vivre deux ans d’affilée un même scénario, surtout qu’en face, Firmino et Salah sont blessés pour le match retour. Liverpool doit marquer quatre buts sans deux de ses meilleurs joueurs. On dirait une scénario de Mission Impossible…
Sauf qu’on est à Anfield et que Liverpool en Coupe d’Europe a un supplément d’âme, qui lui a déjà permis de renverser des situations incroyables : un quart de finale de Ligue Europa en 2017 remporté 4-3 face à Dortmund après avoir été mené 3-1, ou encore le miracle d’Istanbul en 2005. Mené 3-0 à la mi-temps par le Milan AC, le LFC de Steven Gerrard marque trois buts en 15 minutes et remporte la compétition aux tirs au but. C’est le même genre de soirée que va vivre Anfield Road, avec une incroyable victoire 4-0 ! Dont Luis Suarez, l’avant-centre de Barcelone, est l’un des principaux responsables : en fin de première mi-temps, il modifie sa course pour envoyer des grands coups de talon en arrière, comme un cheval en train de ruer, sur l’arrière gauche de Liverpool Andy Robertson. Celui-ci doit sortir à la mi-temps, remplacé par Gini Winaldjum, qui laisse le vétéran James Milner prendre le poste d’arrière gauche. Et c’est ce même Winaldjum qui inscrit un doublé, lançant une remontada inespérée, complétée par un autre doublé signé Divock Origi. Pour Suarez, karma is a bitch.
Ajax, de bourreau à victime
Dans l’autre demi-finale, c’est cette fois l’équipe la plus réjouissante de la Ligue des Champions qui va goûter au déplaisir de la remontada. Vainqueurs 1-0 à Londres, dans le tout nouveau stade flambant neuf de Tottenham, les jeunes prodiges hollandais mettent un pied, quatre oreilles, une épaule et leur sac de linge sale en finale en menant 2-0 dès la 35ème minute de jeu au match retour. Mais cette cuvée de la Ligue des Champions 2018-19 est décidément extraordinaire : Lucas, le brésilien qui faisait partie de l’effectif du PSG terrorisé lors du 6-1 subi à Barcelone, inscrit un, puis, deux, puis trois buts ! Et les trois de son mauvais pied, le gauche ! Un scénario impensable, incroyable, une nouvelle fois renversant, qui permet à Tottenham de s’imposer 3-2 à l’extérieur. 3-3 sur l’ensemble des deux matchs, mais avec les buts à l’extérieur, ce sont bien les londoniens qui se retrouvent en finale pour affronter Liverpool dans un choc 100% anglais que les Reds remportent 2-0.
Et c’est en cela que le football est un sport aussi merveilleux que cruel. Il ne peut pas s’appuyer sur des statistiques, sur des certitudes. La seule vérité est sur le terrain, et si cette édition de la Ligue des Champions devait avoir un slogan, il serait sans doute : “n’abandonnez jamais” !
