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Football

Manchester United - Liverpool, the Derby of England

Shaw et Lindelof face à Salah lors du dernier Manchester United - Liverpool à Old Trafford, le 24 février 2019 © OLI SCARFF / AFP

C'est l'affiche de l'année, la plus grande rivalité de la Premier League, la lutte pour la suprématie nationale. Distants de seulement 55 kilomètres, les deux clubs sont les plus titrés d'Angleterre et se détestent. Mais pas cordialement.

Le 24 avril dernier, Manchester United recevait Manchester City à Old Trafford, pour le derby mancunien. Un match entre les deux clubs de la ville, normalement, l'ambiance ne peut être que chaude bouillante et les supporters au taquet pour vouloir vaincre leurs rivaux de voisins...

Le "tout sauf Liverpool"

Sauf que non. Ce jour-là, les fans de Manchester United, jouant pourtant pour une place qualificative pour la Ligue des Champions, n'espèrent pas autre chose qu'une défaite face aux Skyblues. Pourquoi ? Parce que Manchester City est au coude-à-coude dans la lutte pour le titre avec... Liverpool. Et qu'à Manchester United, on ne déteste aucun autre club plus que Liverpool.

Alors quand Bernardo Silva et Leroy Sané marquent pour les hommes de Pep Guardiola, certains supporters de Manchester United se retiennent d'applaudir. Cette défaite 0-2 à domicile n'est pas considérée comme une nouvelle -contre - performance, mais comme un joli bâton à mettre dans les roues de Liverpool. Et si à la place du bâton, ils pouvaient carrément mettre un arbre, les fans ne se gêneraient pas. Même le joueur de City, Kyle Walker, a avoué avoir reçu des encouragements de supporters d'United :

City, ce voisin bruyant que tout le monde ignore

Mais pourquoi tant de haine ? Pourquoi détester un club d'une autre ville, plutôt que son voisin qui rafle trophées sur trophées depuis plusieurs saisons ? Et pourquoi est-ce la même chose du côté de Liverpool, où la haine pour le voisin Everton n'arrive même pas à la hauteur de la cheville de celle vouée à Manchester United ? La réponse tient en un seul mot : palmarès.

127 trophées. C'est ce que les deux clubs cumulent, sur les scènes nationales et continentales. Avec un léger avantage pour Manchester United, 65 à 62. 20 titres de champion pour Manchester, 18 pour Liverpool. 6 Ligues des Champions pour Liverpool, 3 pour Manchester... Les chiffres sont éloquents et placent les deux clubs tout en haut des charts anglais. En comparaison, Everton, l'autre club de Liverpool, ne compte "que" 9 titres de champion, 5 coupes d'Angleterre et une coupe d'Europe des vainqueurs de coupe. Et Manchester City présente des chiffres à peu près similaires : 6 championnats d'Angleterre, 6 coupes d'Angleterre, 6 coupes de la Ligue et une coupe d'Europe des vainqueurs de coupe... Alors même si Manchester City est l'équipe la plus en forme du moment, du côté de Manchester United, on estime qu'ils sont encore loin d'être une menace et qu'il vaut mieux que les Skyblues gagnent plutôt que les Reds.

Transferts interdits entre les deux clubs et chants méchants

Cette haine ancestrale date depuis si longtemps que certains fans ne savent même pas pourquoi ils n'aiment pas le club rival. C'est juste comme ça. Si tu supportes Liverpool, tu dois détester Manchester United. Et inversement. Même les joueurs sont concernés, avec une statistique hallucinante : depuis Phil Chisnall en 1964, aucun joueur n'est passé d'un club à l'autre ! Certains ont porté les deux tuniques (Paul Ince, Michael Owen, Peter Beardsley...), mais toujours avec un ou plusieurs clubs entre les deux, comme pour faire tampon. La légende dit même qu'il y aurait une clause dans les contrats des joueurs des deux clubs leur interdisant de signer pour le rival...

Depuis le titre de champion de Liverpool en 1964, en pleine montée du hooliganisme en Angleterre, les tensions sont vives. Si les bagarres à l'extérieur des stades ont depuis disparu, certains chants pas franchement bon enfant perdurent. Chaque camp se sert des tragédies vécues par l'autre pour faire plus que chambrer, mais faire mal. Les supporters de Liverpool chantent à propos du drame de Munich en 1958, quand l'avion de Manchester United s'est écrasé, 8 joueurs et 3 membres du staff perdant la vie. De l'autre coté, on célèbre la tragédie de Hillsborough en 1989, où 96 supporters de Liverpool sont morts dans un mouvement de foule, parmi lesquels le cousin d'un certain... Steven Gerrard, capitaine emblématique des Reds, pour qui ce Derby of England avait forcément une résonance particulière.

Le p****** de perchoir

Cette rivalité a même été un sacré frein pour une génération dorée de l'équipe d'Angleterre, les joueurs de Liverpool (Gerrard, Carragher, Owen) et de Manchester United (Scholes, Beckham, Gary Neville ou Rooney, enfant... d'Everton) n'appréciant pas spécialement de se retrouver ensemble. Elle a surout été alimentée par le passage triomphal de Sir Alex Ferguson sur le banc de Manchester United. Alors que Liverpool était au top dans les années 1980, les Red Devils se sont lancés dans une série de victoires hallucinantes en championnat, remportant 13 titres en 20 ans, entre 1993 et 2013 ! Auxquels il faut rajouter 2 Ligues des Champions et 4 coupes d'Angleterre. Une performance qui a permis au club de faire "descendre Liverpool de son p****** de perchoir", comme aimait le dire Ferguson.

Surtout que dans le même temps, Liverpool a certes brillé sur la scène européenne, mais court après un titre de champion d'Angleterre depuis... 30 ans ! Le dernier date de 1990 et les difficultés de Liverpool font sourire tout le Royaume, surtout du côté de Manchester. Alors pour que la série continue, cet après-midi, tous les supporters de Manchester United seront derrière leur équipe, espérant empêcher les hommes de Jürgen Klopp de remporter un neuvième succès de suite en Premier League.

Car Liverpool s'est peut-être mis sur la voie royale en ce début de saison, et rêve du titre tant convoité, mais le parcours sera semé d'embûches. Et la prochaine les attend à Manchester. Où les bûches, justement, on est prêt à les jeter dans les roues des Reds...

Sébastien Delecroix
https://twitter.com/seb_o_matic Sébastien Delecroix Rédacteur