Football

Mario Balotelli face au racisme à Vérone

Mario Balotelli lors d'un match contre la Juventus au stade Mario-Rigamonti, à Brescia, le 24 septembre 2019. © MARCO BERTORELLO / AFP

Des sanctions ont été imposées aux ultras du club vénitien, pour avoir émis des cris de singe à l’encontre du joueur de Brescia lors d’un match de Serie A.

Dimanche 03 novembre, au cours de la 11ème journée de Serie A, une bien triste affaire a éclaté sur les terrains transalpins. À la 55ème minute de jeu entre le Hellas Vérone et le Brescia Calcio, le célèbre international italien Mario Balotelli a craqué : en pleine action, il s’est emparé du ballon, l’attrapant par les mains, pour le dégager dans le public. L’arbitre a sifflé le geste, mais les coéquipiers comme les adversaires du joueur se sont précipités pour interjecter la sanction. De même, alors que le footballeur voulait quitter le terrain, plusieurs de ses partenaires de jeu, tous maillots confondus, sont venus l’en dissuader. Et pour cause, tous ont bien compris la raison de cet excès de colère de la part de l’ancien Marseillais : c’est qu’après avoir intercepté une remise en jeu, des cris imitant ceux du singe ont retenti dans les tribunes, du côté des supporters du Hellas Vérone.

Face à cet acte insupportable de racisme, les joueurs des deux clubs se sont unis le temps de quelques minutes pour consoler Mario Balotelli, de toute évidence particulièrement touché. Le jeu n’a ensuite repris qu’après la diffusion d’un message – sifflé par le public du stade de Vérone. Comme le rapporte L’Équipe, l’entraîneur du club hôte, Ivan Juric, a de son côté minimisé les faits lors d’une interview avec Sky Sports à l’issue du match : "Aujourd'hui, ce n'était rien, il n'y a pas eu de chants racistes. C'était des sifflets et un peu de chambrage. En Italie, le racisme est très présent mais aujourd'hui ce n'en était pas. Je ne sais pas pourquoi Balotelli a réagi comme cela."

"Réveillez-vous ignorants !"

Alors même qu’une vidéo partagée sur les réseaux sociaux, où les cris de singe sont clairement audibles, a eu vite fait de contredire ses propos, le chef des ultras du Hellas Vérone, Luca Castellini, a quant à lui estimé au micro d’une radio locale que "Balotelli est un clown, il a seulement entendu (ces cris) dans sa tête". Toujours d’après L’Équipe, ce "capo", par ailleurs représentant local d’un parti ouvertement néo-fasciste, a assuré que "ces chants venaient de seulement quatre personnes et ont été entendus uniquement par ceux qui ont visionné cette vidéo".

"Nous sommes un groupe de supporters irrévérencieux, nous nous moquons des joueurs chauves, aux cheveux longs, des joueurs du sud et de ceux de couleur, mais nous faisons cela sans visée politique ou raciste", s’est-il en outre défendu. Et d’ajouter, après avoir néanmoins estimé que le surnommé Super Mario ne pourrait "jamais être totalement Italien" : "Nous aussi on a un nègre dans l’équipe. Hier il a marqué et toute la ville a applaudi."

Mario Balotelli a réagi à ces propos ce lundi sur Instagram, considérant que cela "n’a plus rien à voir avec le foot" et déclarant : "Vous parlez d’une situation historique et politique bien plus grande que vos esprits fermés. Vous devenez fous. Réveillez-vous ignorants !" Le joueur a par ailleurs remercié ses collègues "pour la solidarité" et tous ses followers pour les messages de soutien.

Le club du Hellas Vérone a de son côté pris une mesure radicale ce mardi en interdisant le chef des ultras de stade… jusqu’en juin 2030. Et la commission de discipline de la Ligue italienne de football a décidé d’une sanction supplémentaire dans la foulée : la fermeture le temps d’un match d’un secteur du stade de Vérone, celui d’où avaient résonné les cris racistes dimanche dernier. Voilà qui devrait remettre quelques pendules à l’heure.

Sources : L’Équipe, AFP