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Sports de Combat

Lucie Bertaud : "Le Bellator Paris, avec Koh-Lanta, ça a été ma plus belle expérience"

La combattante française de MMA, et ex-finaliste de Koh-Lanta, Lucie Bertaud. © Jessica Rat / SFR Actus

Alors que la célèbre ligue américaine de MMA nous donne rendez-vous le 6 mai prochain pour une soirée exceptionnelle, SFR Actus a pu s’entretenir avec une des participantes parmi les (nombreux) combattants français au programme. Même si vous n’êtes pas spécialement fan d’arts martiaux mixtes, vous devez la connaître, puisqu’il s'agit de Lucie Bertaud, la grande finaliste de l’édition 2021 de Koh-Lanta : Les Armes Secrètes.

Le grand jour approche, à grands pas ! C’est dans moins de 10 jours maintenant que le Bellator fera son grand retour à Paris, le 6 mai prochain. Un rendez-vous attendu de pied ferme par beaucoup de fans et qui marquera, c’est sûr, un tournant dans le MMA français. Après une première édition qui s’était déroulée dans un contexte sanitaire particulier en octobre 2020, cette nouvelle soirée promet d’être des plus spectaculaires. Non seulement parce que, cette fois, il y aura un vrai public, mais aussi parce que la ligue américaine nous a concocté un joli programme…

Ce Bellator Paris, qui sera retransmis en direct de l’Accor Arena en exclusivité sur RMC Sport, nous réserve tout d’abord une tête d’affiche de choc : Bader vs. Kongo, acte II. Un championnat du monde des poids lourds, s’il vous plaît, où le combattant américain retrouvera le pionnier du MMA français pour une revanche qui s’annonce explosive. Et surtout, à l’image de ce main event, c’est tout le MMA tricolore qui sera mis à l’honneur le 6 mai prochain, avec de nombreux autres combattants français qui feront leur entrée dans l’octogone.

Bellator Paris : après la consécration, un combat pour l’honneur pour Lucie Bertaud

Parmi eux, Lucie Bertaud. Un nom bien connu dans l’Hexagone, même par les néophytes. Pour cause, c’est elle qui, aux côtés de la gagnante Maxine, était la finaliste de Koh-Lanta : Les Armes Secrètes, l’édition 2021 de la célèbre émission de survie sur TF1 ! Depuis, elle a retrouvé le chemin des sports de combat, et c’est après une lourde défaite contre la Vénézuelienne Karla Benitez en octobre dernier qu’elle se prépare à remonter dans l’octogone, pour affronter au Bellator Paris la combattante polonaise Katarzyna Sadura. Rencontre.

Après un premier évènement en 2020, le 6 mai prochain marquera le grand retour du Bellator à Paris. Ça vous fait quoi de voir la ligue américaine s’intéresser autant à la France ?

C’est un moment qu’on a tous attendu. Moi je fais partie de la génération qui a combattu à l’étranger, qui a vécu dans l’illégalité du sport. Donc aujourd’hui, concrètement, c’est notre libération ! Un peu comme la lutte des femmes finalement, nos droits sont là, on a le droit de combattre en France. Que la ligue américaine s’intéresse à nous, forcément ça dynamise tout l’aspect fédéral, le sport en France, et ça crée de beaux évènements, de belles soirées, de belles expériences à vivre pour le public. Et c’est ça que j’ai envie de montrer aux gens, que ce sont de belles soirées spectacles, des soirées originales et insolites.

Vous étiez déjà de la partie au premier Bellator Paris. Vous en gardez quel souvenir ?

Très franchement, je crois que ça a été la plus belle expérience de toute ma vie. Ça, avec Koh-Lanta, en plus les deux se sont enchaînés, c’était incroyable ! J’ai combattu à Bercy, j’ai gagné, une semaine plus tard je m’envolais pour Koh-Lanta… Les deux, ça a été trop d’émotions pour moi en fait ! Je revenais de tellement loin, il avait fallu que je m’expatrie aux États-Unis pour pouvoir embrasser ce rêve de carrière, finalement ça n’avait pas fonctionné comme je voulais, j’avais dû revenir sans un sou en poche… Il a fallu que je me reconstruise en France, et finalement boom ! Le Bellator est arrivé, il m’a fait signer mon premier gros contrat, je me suis sentie enfin valorisée, enfin combattante professionnelle. J’ai eu l’impression, enfin, d’être une vraie sportive d’élite.

C’était une belle première. Mais vous espérez peut-être que, le 6 mai prochain, il y aura un peu plus d’ambiance…

Alors c’est vrai que, la première édition… Après moi je m’en fichais, c’était le Bellator, et c’était important de planter mon drapeau dans cette cage du Bellator pour la première fois. Mais c’est vrai qu’on entendait presque les mouches voler (rires). Là effectivement on va avoir du public, je ne sais pas du tout comment je vais vivre ça à vrai dire, parce que je ne l’ai jamais vécu. Donc ce sera une grande première pour moi (la première édition s'était déroulée à huis clos, pendant une période de restrictions sanitaires, ndlr).

Vous comptez vous imprégner de votre victoire au premier Bellator Paris pour cette nouvelle édition ?

Chaque combat est différent. Oui, je sais ce dont je suis capable, mais je sais aussi qu’un jour on est capable du meilleur et le lendemain du pire. Tout ce que je veux moi, c’est laisser le moins de place possible à la chance. Donc là je suis en train de roder chaque détail du combat, de manière à ce que ça aille dans mon sens. Stratégiquement, mentalement, physiquement, je ne laisse vraiment rien au hasard. Et si le hasard trouve sa place là-dedans, ça voudra dire que j’ai péché quelque part ! Il y a un dicton dans les sports de combat : "La sueur évite le sang." C’est exactement ça, je m’entraîne dur pour éviter les revers le jour du combat.

D’autant que votre dernier à combat, c’était en octobre dernier pour Hexagone MMA 2, sauf que cette fois vous avez subi un violent TKO, après avoir pourtant dominé votre adversaire. Vous allez vous servir aussi de cette défaite pour en tirer des leçons ?

J’ai pour habitude de faire des difficultés une ressource. Et pour moi ça a été une très grosse difficulté, ce combat, à digérer… Ce n’est pas tant la violence du coup, c’est plus la violence visuelle et morale, c’est ça qui m’a le plus touché. J’ai été très, très touchée. Donc maintenant, je dois me prouver encore une fois que je suis suffisamment forte pour dépasser ça.

Vous avez dit en conférence de presse que c’était un combat pour l’honneur…

C’est ça. C’est une question d’honneur. Vous savez, depuis que j’ai fait Koh-Lanta, j’ai pris une dimension médiatique plus importante, et parfois le public peut être très dur. Quand vous êtes au top, on vous encense, mais quand vous êtes au plus bas on vous enterre. J’ai vu des réactions que j’ai trouvées très injustes, on m’envoyait carrément à la retraite, au placard… Non. D’une, je vais montrer qui je suis, mais à moi-même, et de deux c’est moi qui décide quand ce sera fini. Certes, on est plus vers la fin que vers le début de ma carrière… Mais là, ce combat-là, il est important pour mon amour-propre.

On se souvient de votre visage tuméfié après ce combat contre Karla Benitez, c’est toujours impressionnant de telles images… Comment on se remet d’un combat comme ça ?

On fait toujours bonne figure publiquement, mais la vérité c’est que quand on se prend un coup comme celui-ci qui nous défigure complètement, et qu’en plus on voit dans la presse des titres racoleurs du type "le visage ensanglanté de Lucie Bertaud, défigurée, méconnaissable"… Forcément que ça touche. Je suis humaine, je ne suis pas insensible. Ça rajoute une petite pointe de douleur à ce que je ressentais déjà. Maintenant, encore une fois, je mets un point d’honneur à transformer chaque défaite, chaque revers en réussite future. C’est ma manière de faire, c’est même un devoir envers moi-même.

Ce combat marquait votre retour dans l’octogone après un an de parenthèse, pendant laquelle vous l'avez dit vous avez vécu l’aventure Koh-Lanta. Vous pensez que ça a joué ?

Non, ce n’est pas la parenthèse d’un an parce que ça m’était déjà arrivé auparavant. Ce n’est pas ça, c’est que l’aventure a laissé des séquelles, soyons clairs. Physiquement, j’ai ramassé quand même. Je n’ai jamais ressenti que je pouvais être la Lucie d’avant Koh-Lanta depuis que je suis revenue en fait. Il y a eu un avant et un après, j’avais sous-estimé les conséquences physiques. Surtout que, j’ai vraiment l’impression que ceux qui morflent le plus dans l’aventure ce sont les grands gabarits et les sportifs. Parce que plus t’as de muscles, plus faut les nourrir, et quand on ne te nourrit pas… C’est très délétère sur le long terme, mais on ne s’en rend pas compte sur le moment, on s’en rend compte longtemps après.

Qu’est-ce que cette aventure Koh-Lanta vous a apporté, globalement dans la vie et aussi plus spécifiquement dans l’octogone ?

Dans la vie, ça m’a conforté dans l’idée que je pouvais toujours m’en sortir quoiqu’il arrive. Peu importe la situation dans laquelle je me trouve, peu importe que je connaisse la situation ou non – parce que Koh-Lanta c’était une nouveauté pour moi, je ne connais rien en survie, l’équilibre, tous ces trucs-là ce ne sont pas des choses que je fais au quotidien, je découvrais complètement... Donc je peux m’en sortir partout, je le sais, même dans la plus grande difficulté. Ça me donne cette confiance, et au-delà de ça, il y a l’aspect médiatique. Avec ses bons et ses mauvais côtés, mais moi je retiendrai surtout les bons : ça m’a permis d’avoir plus de sponsors, qui m’aident au quotidien à être une combattante professionnelle accomplie. Ça m’aide vraiment à pouvoir davantage me consacrer à l’entraînement, et me donner beaucoup plus dans ce sport.

Question bête : c’est quoi le plus dur, un combat dans l’octogone ou l’épreuve des poteaux ?

Oh non, moi les poteaux j’ai adoré (rires) ! C’était un super moment, j’ai kiffé ! Non, c’est plus dur de combattre dans un octogone que d’être sur les poteaux. Par contre, l’aventure dans sa globalité est moralement très difficile à vivre parce qu’on est dans des hauts et des bas émotionnels constants, c’est épuisant. Mais c’est une expérience de dingue que je ne regretterai jamais, et que je serais prête à revivre si on m’en offrait la possibilité. Je ne refuse aucune aventure, que ce soit dans l’octogone ou ailleurs !

Vous étiez boxeuse avant. Qu’est-ce que le MMA vous a apporté de plus ?

J’ai été boxeuse pendant des années, niveau international, j’ai été championne d’Europe en équipe de France... J’ai fait le tour, puis j’en ai eu marre à un moment donné. Et finalement j’ai découvert que, dans le MMA, les femmes étaient beaucoup plus valorisées que dans la boxe. Au niveau médiatique, on est traitées à égalité avec les hommes. Surtout les ligues américaines, elles ont compris le potentiel des femmes. Ça, ça m’a plu. D’autre part, la grille de salaires est égale à celle des hommes. Et ça, c’est très important. Donc je me suis dit, moi qui n’aimais pas ce sport au début : "Ok, ils ont une démarche qui me plaît, donc je vais me faire violence et aller explorer ce sport, essayer de l’apprécier et m’épanouir au sein de celui-ci."

C’est aussi un sport qui a beaucoup gagné en popularité ces dernières années…

Ah c’est LE sport tendance des années 2020 ! Tout le monde ne parle que de ça. Aujourd’hui, dès qu’il y a une petite tension dans la rue, les gens vont dire : "Octogone, octogone !" C’est la tendance du moment, on ne jure que par le MMA. Mais ça je l’ai senti, ce n’est pas pour rien que je me suis orientée vers ce sport aussi. J’ai senti très vite le vent tourner, je me suis dit : "C’est ici que ça se passe, c’est là qu’il faut aller."

Il y a même des films maintenant sur ce sport, avec par exemple Halle Berry qui a joué une combattante MMA pour le film Meurtrie sur Netflix. Vous l’avez vu ?

Bien sûr. Après, j’ai toujours un peu du mal avec les films sur les sports de combat… Quand on a un niveau technique assez avancé, on voit toute la mise en scène, et c’est gênant (rires). Quand on voit qu’on force une championne comme Valentina Shevchenko à faire des choses qui sont irréalistes, c’est gênant, parce qu’on sait très bien qu’elle ne le ferait jamais dans la vraie vie ! Mais c’est bien pour la démocratisation de ce sport, c’est bien pour sa popularité, c’est bien aussi qu’on comprenne un peu ce que vivent les combattants, parce que certes c’est romancé, mais ça illustre bien le parcours torturé des combattants en général.

Dans le monde réel, comment vous préparez-vous pour votre combat face à Katarzyna Sadura le 6 mai prochain ?

Pour ce combat, j’ai mis vraiment tous les ingrédients possibles dans ma petite casserole de la performance (rires). J’ai fait appel à un préparateur physique, qui encadre aussi ma nutrition. J’ai également un préparateur mental, avec qui on travaille beaucoup sous forme d’hypnose. Ça c’est plus pour rebondir après le revers de l’Hexagone MMA 2 en octobre dernier. Et puis, dans ma team, j’ai des combattants aguerris, j’ai un champion du monde de MMA, j’ai le combattant le plus chevronné du circuit qui travaille aussi à la fédération… Bref, j’ai une équipe technique qui est franchement opérationnelle !

Dernière petite question : d’où vient votre surnom dans l’octogone, Fireball ?

(Rires) Ça n’a rien à voir avec ma puissance, je tiens à le dire ! Fireball, c’est juste parce que j’ai un tempérament de feu et quand j’étais aux États-Unis on me surnommait comme ça. On me surnommait Fireball, mais juste pour dire : "Oulala, elle a un caractère celle-là, c’est une boule de feu !" Ça m’a fait rire, et c’est vrai que mes coaches m’appellent comme ça maintenant, donc voilà, c'est resté. Je trouve ça drôle.

Rendez-vous le 6 mai 2022 à l’Accor Arena, ou en direct sur RMC Sport, pour voir Lucie Bertaud remonter dans l'octogone, entre autres combattants de choc au programme de ce Bellator Paris !