
Qui est Hedy Lamarr, l’inventrice du wifi ?
Elle est la seule femme au monde à pouvoir se targuer d’avoir à la fois une étoile sur Hollywood Boulevard et son nom inscrit au prestigieux Hall of Fame américain des inventeurs. C’était l’une des actrices les plus populaires de sa génération, "la plus belle femme du cinéma", disait-on même. Mais outre sa beauté et sa carrière sur le grand écran, c’est pour un autre fait d’armes qu’Hedy Lamarr aura marqué l’Histoire : une petite idée qui lui est venue pendant la Seconde Guerre mondiale et qui, quoique bien plus tard, révolutionnera les technologies de communication sans fil…
Née le 9 novembre 1914 à Vienne, Hedwig Eva Kiesler, de son vrai nom, n’a d’abord d’yeux que pour le cinéma. Après avoir quitté les bancs de l’école à 15 ans, elle devient l’élève de Max Reinhardt à Berlin, où elle tourne déjà dans un premier film en 1930. La célébrité ne tarde pas, puisqu’elle fait sensation tout autour du globe à peine deux ans plus tard, en apparaissant nue dans un long-métrage allemand intitulé Extase. De quoi attiser la curiosité d’Hollywood : voilà qu’elle signe auprès des studios MGM et, par la même occasion, change de nom. Hedwig Eva Kiesler devient Hedy Lamarr.
Ses premiers pas sur le grand écran américain, avec Casbah (1938), sont rapidement suivis d’une série de rôles où elle donne la réplique à de grandes stars masculines de l’époque, tels Clark Gable (Camarade X, 1940) et Jimmy Stewart (Viens avec moi, 1941). Mais l’Autrichienne a beau être considérée comme "la plus belle femme du cinéma", sa réputation de capricieuse aura raison de sa carrière hollywoodienne. Après avoir refusé le premier rôle féminin de Casablanca (1942), qui lui aurait valu une vraie reconnaissance dans l’histoire du septième art et malgré une belle tête d’affiche avec Samson et Dalila (1949), alors devenu le plus gros succès de Paramount Pictures, Hedy Lamarr quitte définitivement les plateaux à la fin des années 1950.
Entre les tournages, la recherche scientifique
Si l’on parle encore aujourd’hui de celle qui s’est éteinte le 19 janvier 2000 en Floride, ce n’est donc pas tant pour la trentaine de films à son compteur, ni pour ses six mariages (et divorces), ni pour le fait qu’elle ait servi de modèle pour les personnages de Blanche-Neige et Catwoman… Non, parce qu’Hedy Lamarr était encore plus que cela. C’était, aussi, une femme de sciences. Bien qu’il lui aura fallu attendre des années avant d’être reconnue pour son travail, elle s’est même avérée être une véritable pionnière en matière de communication sans fil.
On rembobine un peu, jusqu’en 1942. La jeune femme de 28 ans continue de jouer les actrices mais, soucieuse de se rendre utile en pleine Seconde Guerre mondiale, elle dépose un brevet avec le compositeur George Antheil pour un "Système de Communication Secret". C’est que, pour avoir appris des choses pendant son mariage de 4 ans à un fabricant de munitions autrichien avant son arrivée à Hollywood, Hedy Lamarr est persuadée que la bataille peut se gagner sur le front sous-marin. Pour cela, il suffit d’une chose : une technologie qui permettrait de guider les torpilles en toute discrétion.
Une pionnière reconnue sur le tard
Forts des connaissances de l’actrice et du travail de synchronisation du compositeur sur une musique à seize pianos (Ballet mécanique, 1924), Hedy Lamarr et George Antheil ont mis au point une technique de communication qui permet à l’envoyeur et au receveur d’un signal, de se positionner en même temps sur une même fréquence. Ce qui, dans le contexte de 39-45, aurait permis aux navires de guerre de guider les torpilles sans se faire détecter. Mais les deux artistes ne sont alors pas pris au sérieux par l’armée américaine, qui suggère même à la star de faire plutôt valoir sa notoriété (et son sex-appeal) pour lever des fonds. Ce qu’elle fait, malgré tout.
Si son invention sera finalement utilisée, 20 ans plus tard, par les forces militaires envoyées sur la baie des Cochons à Cuba, ce n’est qu’encore 35 ans après cela qu’Hedy Lamarr acquiert enfin la reconnaissance qui lui est due pour son innovation technologique.
En 1997, l’ancienne actrice et scientifique se voit remettre un prix par l’Electric Frontier Foundation pour son travail dorénavant considéré comme "un important développement dans le domaine des communications sans fil", selon les termes du Hall of Fame américain des inventeurs. Cette année-là, d'ailleurs, le wifi faisait son apparition. Une technologie qui n’aurait donc sans doute jamais existé sans l’étoile hollywoodienne.
Sources : IMDB, National Inventors Hall of Fame, "Hedy Lamarr : From Extase To Wifi", Le Monde
