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Microsoft veut stocker des données sur… du verre

Le laboratoire de recherche de Microsoft a réussi à graver le film "Superman" (1978) sur ce tout petit carré de verre... © Jonathan Banks / Microsoft

Une solution d’archivage qui serait des plus résistantes et donc de très (très) longue durée. C’est ce que le géant informatique est en train de développer avec le projet Silica, ayant effectué un premier essai réussi d’après un communiqué publié cette semaine.

Les solutions de stockage ne manquent pas. Qui plus est, tout en se faisant de plus en plus petites, elles sont de plus en plus puissantes. Ainsi, alors qu’à la fin des années 1990 les CD-RW étaient le top du top pour graver et re-graver (avec plus ou moins de succès) jusqu’à 500 Mo de fichiers audio, avant que les clé USB ne prennent le dessus au début du nouveau millénaire avec une capacité de 1 Go (wow), on trouve aujourd’hui des cartes Micro SD de plusieurs centaines de giga-octets voire quelques téraoctets. Mais voilà, tous ces supports ont en commun un éternel problème : celui de la durabilité. Ce qui pousse les plus paranos d’entre nous à toujours faire plusieurs archives sur différents supports, dans l’éventualité où l’un d’eux déciderait du jour au lendemain de ne plus fonctionner…

C’est précisément ce "petit" souci auquel Microsoft compte bien palier avec Silica, un projet de la branche Recherche de l’entreprise, qui s’intéresse au verre comme nouvelle matière de support révolutionnaire pour le stockage des données. Pourquoi le verre ? Parce qu’il résiste "à l’eau bouillante, au passage au four, traditionnel ou à micro-ondes, aux inondations, aux rayures, à la démagnétisation et autres menaces de notre environnement qui peuvent détruire des archives historiques et des trésors culturels qui n’ont pas de prix", explique la société dans son communiqué. Et d’expliquer le procédé ainsi :

"Un laser encode des données dans du verre en créant des couches en trois dimensions de grilles à nano-échelle et de déformations à différents angles et profondeur. Des algorithmes créés à partir du machine learning lisent ensuite les données en décodant les images et motifs crées par la lumière polarisée qui traverse le verre."

En d’autres termes, les données sont encodées d’une manière spécifique dans la plaque de verre, par un laser, afin de permettre à une intelligence artificielle de les traduire. En revanche, si vous avez bien suivi, vous comprendrez qu’il s’agit-là d’une gravure indélébile, sans possibilité donc d’effacer et réécrire par-dessus des données déjà encodées. Le verre serait donc plutôt une solution d’archivage que de stockage.

Après les VHS, DVD et Blu-Ray, on peut désormais lire un film sur une plaque de verre

Mais, son grand avantage, c’est que cette solution mise sur le (très, très) long terme. "Un gros point que nous voulions épargner à la prochaine génération c’est le cycle onéreux de transposer et réécrire les données. Nous voulons vraiment quelque chose que l’on pourra conserver 50, ou 100, ou 1 000 ans, l’oubliant sur une étagère jusqu’à ce qu’on en ait besoin", a ainsi souligné Ant Rowstron, directeur adjoint du laboratoire de recherche de Microsoft à Cambridge.

Une longévité qui a tout particulièrement intéressé une certaine Warner Bros.. L’emblématique société de production hollywoodienne a en effet approché Microsoft dans l’idée de trouver, enfin, une technologie d’archivage digne de ce nom qui lui permettrait de préserver en toute sécurité quelques-uns de ses fameux classiques, comme le film "Casablanca, des émissions de radio des années 1940, des courts-métrages animés, des longs-métrages digitaux, des sitcoms télévisés, des rushes de tournage", peut-on ainsi lire dans le communiqué du géant informatique.

Et c’est ce partenariat pour le moins surprenant qui a permis à Microsoft de réaliser le tout premier test réussi du projet Silica. Les chercheurs ont encodé toute la longueur du film Superman – celui légendaire de 1978, porté par Christopher Reeve – sur une petite plaque de verre carrée, de deux millimètres d’épaisseur pour 7,5 centimètres de largeur sur chaque côté. Soit "la taille à peu près d’un dessous de verre". Surtout, une fois les données gravées avec succès, ils ont pu lire le film à partir de cette archive pas comme les autres. Aussi, s’il y a encore sans doute bien du chemin à faire avant de perfectionner le projet, on semble s’approcher sérieusement de ce qui pourrait être la solution de stockage de demain.

Source : Microsoft