
Nouveau bras de fer entre Apple et l'UE
L'entrée en vigueur de la DMA, nouvelle réglementation votée par la Commission Européenne, va imposer des règles inédites aux géants du numérique. Après avoir perdu la bataille de l'USB-C, Apple pourrait se retrouver forcé de revoir totalement son écosystème. Ce nouveau texte de loi pourrait contraindre le constructeur à lever définitivement les restrictions imposées sur les appareils iOS et à s’ouvrir à la concurrence. Explications.
Les choses s'apprêtent-elles à changer radicalement pour Apple ? L'Union Européenne a statué sur la législation sur les marchés numériques avec un texte qui aura des conséquences concrètes sur l’utilisation de nos smartphones et la façon dont ils fonctionnent. Pour le géant à la pomme, il va désormais falloir s'adapter et rebattre ses cartes. Ce règlement ne vise pas seulement la multinationale californienne, puisqu'il a pour but de réguler la concurence entre les géants du numérique parmi lesquels figurent également Meta et Google. Mais pour Apple, qui a toujours affiché sa volonté de proposer des solutions exclusives à ses appareils, il est maintenant temps d'ouvrir iOS à ses concurrents et de proposer plus de choix à ses utilisateurs. Après avoir cédé sur le port USB-C, la firme va devoir faire de nouvelles concessions. On vous détaille les différents changements qui pourraient intervenir prochainement dans vos smartphones.
Vers la fin de la domination de l'App Store ?
Depuis l'apparition des premiers modèles d'iPhone et d'iPad, c'était la règle chez Apple : ses utilisateurs ne pouvaient télécharger des applications que via l'App Store, le magasin officiel d’Apple, qui justifiait ces restrictions en invoquant des raisons de sécurité. Mais bientôt, il se pourrait que cela change. La loi européenne sur les marchés numériques pourrait obliger la firme à autoriser les utilisateurs d'iOS à accéder à d'autres shops d'applications tels que Google Play. Une petite révolution pour les possesseurs d'iPhone, et un sacré revers pour son constructeur, qui a toujours privilégié un système fermé sur ses appareils. Une bulle très contrôlée qui permettait notamment à Apple d’obliger les développeurs d'applications à lui reverser une commission sur les achats effectués via l’App Store. Mais pour les utilisateurs, ce changement serait l'occasion d'accéder enfin à des applications jusqu'alors exclusivement disponibles dans le Google Play Store et donc impossible à utiliser sur des appareils fonctionnant sous iOS. Un changement parmi d'autres, puisque les exigeances formulées par l'Union Européenne dans la DMA ne s'arrêtent pas là.
Du nouveau dans iMessage ?
Jusqu'à présent, les iMessages ne pouvaient être échangés qu'entre utilisateurs d'iPhone. Il se pourrait toutefois qu'à l'avenir ce système soit amené à évoluer puisque l'entrée en vigueur de la DMA obligera les grandes sociétés possédant des messageries instantannées à rendre leurs applications capables de communiquer les unes avec les autres. Un changement qui ne va certainement pas faire le bonheur des dirigeants d'Apple qui se sont jusqu'alors toujours opposés fermement à l'adoption du RCS sur leurs appareils, un protocole conçu par la GSM Association et plébiscité par Google, ayant pour objectif de remplacer à terme le traditionnel SMS en autorisant par exemple les conversations groupées et en offrant des communications chiffrées de bout en bout. Concrêtement, il faut comprendre qu'il devrait être possible dans un futur proche de communiquer librement entre utilisateurs de WhatsApp, Signal, Telegram ou iMessage sans avoir besoin de changer d'application ou d'en installer de nouvelles.
Apple obligé à revoir sa copie d'ici 2024
La DMA devrait entrer en vigueur à la fin de l'année 2022 ou au tout début de l'année 2023, mais les géants du numérique auront jusqu'au 6 mars 2024 pour mettre en oeuvre les différentes mesures dictées par ces nouvelles directives européennes. Si elles ne s'y plient pas, les firmes telles qu'Apple, Google, et Meta s'exposent à des sanctions dissuasives : l’Union européenne a statué sur des amendes pouvant aller jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial de ces firmes, et jusqu'à 20 % en cas de récidive. De quoi rendre ces changements inévitables pour les géants du numérique ? L'avenir nous le dira, mais il semble qu'une nouvelle ère se profile dans l'univers des smartphones.
Sources : Parlement Européen, BFMTV
