
Thunderbolts* : une ode à la santé mentale façon Marvel
Après un Captain America qui a eu un accueil plus dur que son propre bouclier, Marvel compte bien se rattraper avec Thunderbolts*. Entre musique ultra travaillée, thèmes d’actualités, grand investissement des acteurs et personnages réalistes, le film a de très bons arguments.
Deuxième film Marvel de cette année 2025 sur les trois prévus, Thunderbolts* a de quoi rattraper le succès mitigé qu’a été Captain America : Brave New World. Pour cela, on peut compter sur un casting électrisant avec Florence Pugh (Black Widow), David Harbour (Red Guardian), Sebastian Stan (Winter Soldier), Wyatt Russel (U.S. Agent), Hannah John Kamen (Ghost), Lewis Pullman (The Sentry)... et bien d’autres encore ! À l’occasion de la sortie du film, nous avons pu assister à la conférence de presse réunissant les différents acteurs, mais aussi le groupe Son Lux, en charge des soundtracks.
Un investissement hors normes des acteurs
On le sait, pour fournir une performance poignante dans un film, il faut devenir soi-même le personnage. Beaucoup d’acteurs ont déjà raconté moult fois tous les efforts mis en place pour se mettre dans la peau ou la tête de leurs personnages. Nonobstant, parfois, ce travail n’est même pas nécessaire tant l’acteur s’identifie déjà à la personne qu’il va incarner. C’est le cas ici avec David Harbour aka le touchant Red Guardian, dont les sentiments se mêlent à celui de son interprète, comme il l’a expliqué lors de la conférence de presse :
“Je pense qu’il y a cette part de moi qui a des origines très denses et sombres. Mais il y en a aussi une autre qui est comme un enfant heureux de porter son costume de super-héros, d’être dans un film Marvel et de traîner avec d'incroyables acteurs. Red Guardian, comme moi, avons juste envie de dire “Les gars, venez on traîne ensemble aujourd’hui”. Red Guardian a vraiment cet aspect de “petit chiot” parfois.”

Plus encore, au-delà d’un investissement émotionnel fort, d’autres vont même jusqu’à un investissement physique encore plus extrême. En effet, difficile de réaliser un plus grand investissement pour un film que de sauter du second plus grand building du monde, le Merdeka PNB118 en Malaisie. C’est exactement ce qu’a fait Florence Pugh pour la scène d’ouverture de Thunderbolts*. Même si plusieurs cascadeurs ont pris en charge d’autres de ses scènes, c’est bien Florence elle-même qui a sauté de ce bâtiment haut de 679 mètres. Au-delà du sensationnalisme que peut offrir une telle scène, elle servait également à nous présenter le personnage de la nouvelle Black Widow comme l’explique Florence Pugh :
“Elle est tellement perdue. Elle n'a plus aucune raison d'être. Elle a perdu sa sœur, elle a perdu sa famille. La relation avec son père est réduite à néant. Et elle est dans un tel état d'esprit qu'elle est heureuse de se mettre en danger. [...] Elle se lance dans une mission sans aucune protection, elle est tellement désespérée qu’elle attend finalement que quelqu’un en finisse pour elle…”

Le thème de la santé mentale...
Cette scène d’ouverture, un saut dans le vide comme une métaphore, déclare l’un des thèmes principaux du film : la santé mentale. Loin des super-héros qui semblent parfois insensibles aux horreurs de la vie, la Black Widow de Florence Pugh, elle, a un comportement réaliste face à ce qu’elle a pu endurer. C’est ce que souligne Florence lors de la conférence :
“J’étais si reconnaissante que l’on ait un script qui représente vraiment ce que quelqu’un pourrait ressentir après tous les traumas qu’elle a pu récolter.”
Car oui, le point fort de Thunderbolts*, c’est que tous les personnages sont des ''losers'', ou du moins c’est ce qu’ils pensent d’eux. Ils ont tous un passé difficile, des souvenirs qui les hantent et tous à leur façon, ils envoient un message d’espoir à quiconque pouvant s'identifier à eux. Plus encore, chacun a un message unique. Par exemple, le personnage de Ghost a tendance à s’isoler avec sa peine, pensant qu’elle n’a pas besoin des autres. Hannah John-Kamen parle de l’évolution de son personnage au fur et à mesure du film :
“Ce que je trouve merveilleux dans le voyage de Ghost, c'est de comprendre qu'il est normal d'avoir besoin de quelqu'un et qu’il n'y a pas de mal à compter sur les autres. Il n'est pas nécessaire de traverser la vie en faisant cavalier seul.”

De la même façon, U.S. Agent/John Walker a lui aussi son message à passer. Il représente encore une autre catégorie de personne. Son interprète, Wyatt Russel, rapporte son personnage à des personnes réelles qu’il a connues :
“J'ai certainement connu beaucoup de gens qui étaient comme John, ceux qui ont le sport comme priorité, mais aussi le fait de se mettre en avant et de déborder de confiance en soi. Ils ont l’impression qu’il faut être comme ça, qu’il faut avoir constamment une armure et mettre ses vulnérabilités de côté. Ces personnes qui n’admettent jamais aller mal pourront s’identifier à John et réaliser qu’en fait, ces vulnérabilités nous rendent plus fort : le fait d’admettre que l’on n’est pas aussi bon ou fort qu’on le croyait nous fait progresser.”
Chaque personnage a son propre combat interne, mais celui dont le combat est le plus central, c’est The Sentry. Dépressif, instable et toxicomane, Robert se voit attribuer des super-pouvoirs hors-normes après avoir été le sujet d’une expérience gouvernementale obscure. Il devient alors The Sentry. Perdant très rapidement le contrôle, sa part sombre ressort et devient The Void, l’antagoniste principal du film. Pour sauver la ville ainsi que lui-même, il devra venir à bout de tous ses démons qui le rongent. Lewis Pullman, l’acteur, revient sur ce combat et les leçons à en tirer :
“J'ai moi-même grandi en étant très anxieux et en souffrant de dépression et ça a toujours été bizarre d’en parler à voix haute, même encore aujourd’hui [...] Mais je pense que c'est l'un des principaux enjeux de ce film : être capable de se débarrasser de ce sentiment étrange pour pouvoir en parler à ses proches. Parce que c’est dans le silence que la souffrance grandit, comme ce fût le cas pour Robert.”

…en musique
Pour accompagner ce lourd thème et ces personnages chargés émotionnellement, la musique a eu un rôle très important. Non seulement pour accompagner le spectateur, mais aussi pour accompagner le personnage tout au long de son processus de guérison. C’est un travail qu’a su réaliser Son Lux, le groupe de pop expérimental qui avait travailler sur le film oscarisé Everything, Everywhere, All At Once.
Effectivement, contrairement à ce que l’on peut entendre dans le MCU, où chaque fois qu’un personnage apparaît, qu’il soit sous sa douche ou à un enterrement, sa même musique signature se joue, ici, les mélodies sont plus personnalisées. C’est ce qu’explique le groupe durant la conférence :
“Le processus de création ne consistait pas tant à réfléchir à des thèmes pour des personnages spécifiques. Mais plutôt de créer des thèmes malléables et des thèmes que l'on pouvait habiller de différents vêtements. Ainsi, une scène émotionnelle, plus intime, peut être le même thème qu'un moment héroïque.”
Ainsi, c’est ce qui a permis aux émotions de prendre une plus grande place qu’à l’accoutumée dans l'univers Marvel. Aussi, là où la musique s’enregistre principalement en post-production, elle a ici été composée avant le tournage. Cela a d’abord permis d’avoir plus de temps, mais surtout d’exploiter le script et les émotions des dialogues, plutôt que de créer une musique qui colle au décor ou au personnage à l’écran.
En somme, Thunderbolts* nous plonge dans une véritable épopée mentale dans la psyché des protagonistes, mais également au sein de l’esprit torturé et tortueux de The Sentry. Le film, rythmé, se poursuit au fil d’une bande-son ultra travaillée et d’enjeux qui ne vont que crescendo, jusqu’à atteindre ceux de la deuxième scène post-générique qui annonce la couleur de la suite. Thunderbolts* est à voir en ce moment dans toutes les salles de cinéma de France.
Source : Marvel
