
Years and Years : la série qui explore les 10 ans post-Brexit
Alors que la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne est toujours pendante, une question brûle les lèvres de toutes et tous : quelles en seront les conséquences ? Une mini-série a la réponse : Years and Years, qui explore les dix années post-Brexit.
Vous vous êtes toutes et tous déjà demandés de quoi serait fait le futur. De nombreuses œuvres de fictions s'y sont aussi livrées. Ces dernières années, sur le devant de la scène, on trouvait notamment la série d'anthologie Black Mirror, qui dans chacun de ses épisodes présentait une dérive terrifiante et angoissante liée à la technologie. La science-fiction, de manière générale, explore ces futurs plus terribles les uns que les autres, pour mieux nous y préparer.
Mais jamais un film ou une série n'a aussi bien relevé le défi que Years and Years. Série britannique diffusée en France sur Canal+ (accessible depuis votre box SFR), elle explore une grosse décennie post-Brexit, avec une intrigue centrée sur le destin d'une famille de Manchester, les Lyons. Avec Russel T David aux commandes, showrunner derrière Doctor Who, Queer as Folk ou encore A Very English Scandal, on savait bien qu'il s'agirait d'un programme de qualité. Mais on ne s'attendait pas à se prendre une telle claque.
Un futur absolument dramatique
2019, le Royaume-Uni quitte l'Union européenne sans accord. Un Brexit dur, donc. L'Europe est morcelée et une gigantesque crise migratoire s'en suit. Mais ce n'est pas tout. Donald Trump, président des États-Unis, a la brillante idée d'envoyer un missile nucléaire sur une île chinoise pour son dernier jour à la tête du pays. Une situation de crise qui place le projecteur sur une terrible personnalité politique populiste et décadente, Vivienne Rook. Voilà le point de départ d'une situation chaotique qui ne pourra avoir qu'une seule conséquence : la chute du système.
C'est dans ce contexte que l'on retrouve une famille attachante : les Lyons. Que ce soit Stephen, riche analyste financier, Edith, militante anarchiste, Daniel, agent de logement amoureux d'un réfugié politique, ou encore Muriel, grand-mère au caractère bien trempé, chacun subit à sa manière cette crise politique et économique de plein fouet. Ce qui nous ramène à cette conclusion glaçante : personne ne sera épargné par la décadence du système.

Et dans ce futur qui va mal, la technologie est bien évidemment présente, sans prendre toute la place non-plus. Qu'il s'agisse d'une adolescente qui souhaite se dématérialiser pour vivre en ligne, de filtres Instagram holographiques que l'on peut s'appliquer directement sur le visage, ou des assistants vocaux plus présents que jamais dans le quotidien, rien n'est oublié. Mais le plus frappant, c'est qu'il s'agit d'un futur dont la ressemblance à notre présent est frapante et dans lequel on se projette bien trop facilement. Tant et si bien qu'on se fait peur.
Une histoire dans l'histoire
Years and years, ce n'est pas qu'un portrait glaçant du futur, c'est avant tout l'histoire d'une famille. Un éventail de personnages qui mène une vie des plus normales, comme nous, comme nos amis, comme nos voisins. Et quand on voit cette famille subir des tragédies, on se voit soi-même subir ces mêmes tragédies. On s'attache à eux, on vit pour eux. Le temps des six épisodes qui composent cette mini-série, on devient eux.
C'est là où Russel T Davies est brillant dans l'écriture de Years and Years. Il ne raconte pas l'histoire, il raconte une histoire. Il nous montre le cas particulier pour démontrer la généralité. Une méthode qu'il avait déjà mise en œuvre dans Cucumber, Banana et Tofu où il met en scène un groupe de personnes spécifiques pour dépeindre la vie homosexuelle de Manchester. Une vision microscopique qui donne encore plus de profondeur au propos.
Years and Years est donc un petit bijou télévisuel de cette année 2019, probablement la meilleure série de ces douze derniers mois, peut-être même de ces deux dernières années. On rit, on pleure, on réfléchit, quelles que soient les émotions qu'on traverse, on n'en ressort définitivement pas indemne.
