
Qui est DJ Snake, l'artiste français le plus écouté au monde ?
Il a mis le feu au Parc des Princes,et il est l'artiste français le plus écouté au monde sur les plateformes de streaming, mais qui est donc ce fameux DJ Snake, alias William Grigahcine ?
Lunettes vissées sur le nez, DJ Snake a fait forte impression au Parc des Princes, samedi 11 juin 2022. Feu d'artifice, foule en délire, avalanche de tubes : plus de 60 000 personnes sont reparties complètement conquises du stade où officie habituellement le Paris Saint-Germain. Non seulement elles ont eu la chance de voir en live l'artiste français le plus streamé au monde, mais en plus, le spectacle était à la hauteur des attentes.
Pourtant, avant de remplir les salles, de cumuler plus de 37 milliards d'écoutes sur les différentes plateformes de streaming à travers le monde et d'être le 15e DJ le mieux payé de la planète selon Forbes, DJ Snake était William Grigahcine, un vendeur de disques de Châtelet-les-Halles qui a sobrement grandi dans le Val-d'Oise.
Tout commence donc en région parisienne, dans le Val-d'Oise. William Grigahcine est élevé par sa mère d'origine algérienne, son père forain ayant quitté la famille lorsqu'il avait deux ans. Adolescent dans les années 1990, il grandit dans un cadre de vie très modeste, sa mère jonglant entre ses travails de nourrice et de femme de ménage. Celui qui deviendra DJ Snake est passionné de musique, mais il ne se voit pas chanter, comme il le racontait en 2019 dans une interview accordée à Paris Match.C'est un film qui va bouleverser sa vie : La Haine, de Mathieu Kassovitz, sorti au cinéma en 1995. Et une scène en particulier : celle où un autre DJ, Cut Killer, mixe depuis sa fenêtre. C'est la révélation : William Grigahcine veut devenir DJ. Alors qu'il est collégien, il s'initie à cet art chez un ami, dont le grand frère possède des platines. Mais ce n'est plus assez, il veut avoir la sienne. Tous les dimanches matin, il va faire les marchés pour gagner un peu d'argent de poche. "Je me levais à 6 heures et j'y retournais pour midi pour tout recharger. Cent francs gagnés par marché", explique-t-il dans une interview accordée au Monde en 2019. Une résilience qui lui permet de s'acheter sa première platine.
DJ Snake, comme un serpent sur les platines
Nous sommes en 2000. Pour ses débuts, William s'exerce dans les boums. Et c'est là qu'il prend le pseudonyme sous lequel on le connaît aujourd'hui : DJ Snake. Pourquoi s'appelle-t-il ainsi ? Un nom en référence au serpent, car le jeune Grigahcine sait se frayer un chemin facilement pour esquiver les policiers lorsqu'il tague. Un nom de scène qu'il regrette aujourd'hui. "C'est une idée de m****. J'avais 14 ans quand je me suis appelé comme ça. C'est resté", raconte le DJ sur France 2 en mai 2022.Le collégien arrête l'école, fait une croix sur le baccalauréat pour poursuivre ses rêves. Il anime une émission sur Radio FG et mixe dans de grands clubs parisiens, comme le Gibus, le Queen, ou encore les Bains Douches. Mais la révélation n'est pas encore là. Sa carrière le mène à Châtelet-les-Halles où il vend des disques. DJ Snake ne roule pas sur l'or, il ne gagne que 500 euros par mois. Mais il rencontre ses idoles : Cut Killer, Bob Sinclar, ou encore DJ Abdel.
Les premiers succès de DJ Snake, dans l'ombre
Nouvelle décennie : le début des années 2010. Avec l'aide de son manager et d'un autre DJ, Clinton Sparks, William Grigahcine réussit à mettre son nom sur des morceaux de grandes stars américaines de la pop. En 2009, il produit le titre Shut It Down, de Pitbull et Akon. En 2010, il rempile avec Pitbull pour le single Vida 23. En 2011, il participe à l'explosion de Lady Gaga et son album Born This Way, avec le morceau Government Hooker. Si DJ Snake participe à ces tubes, son nom n'apparaît pas en grosses lettres et ne le laissent pas exprimer sa créativité. "On te dit : 'Fais ça'. (...) Tu es un stagiaire en fait", regrette-t-il au micro de Konbini.
William Grigahcine rentre donc en France en 2012, loue un studio d'enregistrement à Boulogne-Billancourt avec ce qu'il lui reste d'économies et s'impose un rythme de travail strict pour enfin tenter de réellement percer. Il s'impose deux mois pour réussir. Et s'il ne réussit pas ? Il retournera à une vie plus traditionnelle. Un job alimentaire, "pour remplir mon frigo et payer mon loyer", raconte-t-il dans C à vous début mai 2022. Heureusement pour lui, le succès va finir par arriver.
Turn Down For What : premier succès planétaire pour DJ Snake
Quatre mots seulement, synonymes d'une véritable révélation pour DJ Snake : Turn Down for What. Une collaboration avec Lil Jon sur un morceau survolté qui va faire le tour du monde et signer la consécration de l'enfant du Val-d'Oise. Un succès que lui-même ne comprendra jamais. Le titre sort fin décembre 2013, a droit à son clip déjanté en mars 2014, et cumule aujourd'hui plus de 1,1 milliard de vues sur YouTube. Ça valait le coup de se donner une chance...
Et ce n'est pas fini. Un an plus tard, en 2015, DJ Snake sort une nouvelle collaboration qui marquera la décennie : Lean On, avec Major Lazer et MØ. L'hymne des soirées de toute la deuxième moitié des années 2010. Plus de 3,2 milliards de vues aujourd'hui sur YouTube, la 26e vidéo la plus visionnée de tous les temps sur la plateforme. Rien que ça. William Grigahcine n'est plus celui qui collabore dans l'ombre sur l'album de grandes stars. Il n'est plus le "stagiaire" du studio et peut enfin laisser exploser toute sa créativité.
Sa carrière explose et DJ Snake frôle la mort
Vient l'heure des collaborations prometteuses pour DJ Snake. Des noms qui sont loin d'être inconnus du grand public : Cardi B, Justin Bieber, ou encore Travis Scott. Mais ce n'est pas parce qu'il connaît le succès qu'il délaisse ses fans, bien au contraire. L'artiste Val-d'Oisien n'a pas l'ombre d'une grosse tête et place la satisfaction de ses fans avant tout. Un peu trop, même, quitte à parfois se mettre en danger. En 2016, il est retenu en Croatie pour cause d'intempéries et doit donner le lendemain un concert dans le sud de la France. Pas question d'annuler l'événement. Il prend quand même un avion pour Barcelone, où il passera la nuit, avant de se rendre à Port-Barcarès.
"Le bus qui nous emmenait sur le tarmac tremblait à cause du vent, même son équipe me demandait de le persuader de ne pas prendre l'avion parce que c'était dangereux et dès le décollage, on a failli se crasher."
Fort heureusement, tout le monde arrive sain et sauf. Mais le mot est donné : un concert de DJ Snake ne se prend pas à la légère. Il mixe à l'Arc de Triomphe en 2017 et au festival de Coachella en Californie en 2019, des événements qui resteront pendant longtemps gravés dans l'histoire de la musique électro.
La pandémie de Covid-19 : un tournant pour DJ Snake ?
Malgré ses nombreux tubes, DJ Snake n'a pour l'instant sorti que deux albums : Encore, en 2016, et Carte Blanche, en 2019. Mais c'est assez pour rassembler 40 000 personnes au Parc des Princes en février 2020. Un concert qui n'aura finalement jamais lieu, en raison de la pandémie de Covid-19. Malgré ce coup dur, l'artiste ne se décourage pas pour autant. Même confiné, il a accès à ses platines. En plein confinement, il sample une vidéo virale de Cardi B pour en faire un court titre. De quoi rappeler à ses fans qu'il ne les a pas oubliés.Deux ans plus tard, son concert au Parc des Princes a finalement lieu, quelques jours après la sortie de son nouveau tube, Disco Maghreb, en référence à ses origines, qui cumule déjà plus de 18 millions de visionnages sur YouTube. DJ Snake rassemble cette fois plus de 60 000 personnes. L'événement se termine en apothéose par un feu d'artifice qui retentit dans tout Paris. Malgré les échecs, malgré les doutes, malgré la pandémie, le succès est là et il est immense. Et ce n'est que le début pour celui qui est parti de rien, dans le Val-d'Oise.
Sources : Franceinfo, Forbes, Le Monde, France 2, C à vous, Paris Match, Konbini
