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Le hurling, le plus dingue des sports collectifs

Un duel pour attraper le sliotar durant un match de hurling © David Maher / SPORTSFILE

Sport irlandais ancestral, le hurling ressemble à un mélange de hockey, de baseball, de rugby et de la crosse. Mais en plus rapide et plus violent. Le sport le plus dingue du monde ?

Mieux vaut sliotar que jamais

Pour un match de hurling, il faut deux équipes de 15 sur un terrain de 140 mètres de long pour 80 mètres de large. Les joueurs sont munis de crosses en bois, également appelées hurley ou camàn, qui mesurent entre 75 centimètres et un mètre et les aident à propulser une drôle de petite balle appelée sliotar. Et autant dire que ça va vite, très vite : le sliotar peut atteindre les 110 km/h.

Comme pour le football gaélique, but de football et poteaux de rugby ont été mélangés. Le bas de la structure a un filet et réussir à y propulser le sliotar rapporte trois points, tandis qu’un tir plus haut, entre les deux poteaux de rugby dominant le but, permet de marquer un seul point. Pour faire circuler le sliotar, de grands coups de crosses sont envoyés, avec interdiction de le porter plus de quatre pas. Les matchs, très physiques, se déroulent en deux mi-temps de 35 minutes.

C’est bon, vous avez tout compris ? Sinon, voici une petite vidéo qui présente bien tous les aspects de ce sport, tellement mythique qu’il a été inscrit au patrimoine culturel UNESCO en 2018, comme nous l’apprend Tourism Irland. Avec évidemment un petit fond de musique celtique, pour avoir l’impression d’être au pub :

Sortir sans protection

Vous avez pu le constater, c’est rapide et spectaculaire. C’est bien simple, en regardant un match de hurling, on a l’impression de voir un match de rugby en accéléré, avec des joueurs hyperactifs qui auraient consommé 10 canettes de boissons énergisantes avant de rentrer sur le terrain… Il faut donc ni plus ni moins que huit arbitres pour pouvoir suivre le cours du jeu. Mais une telle intensité est aussi potentiellement dangereuse ! Le port du casque n’a été rendu obligatoire qu’à partir de… 2010. L’apparition du hurling étant daté au VIIe siècle, il aura donc fallu plus de 1,600 ans pour qu’une protection au visage soit envisagée ! La brutalité du sport lui a même valu une interdiction pure et simple du XVIe au XVIIIe siècle. S’il est aujourd’hui le troisième sport le plus populaire en Irlande, le hurling, comme les autres jeux gaéliques, n’en reste pas moins une pratique amateure, se jouant de mai à septembre entre équipes des différents comtés irlandais.

S’il est interdit de frapper un autre joueur avec sa crosse, on ne peut pas dire que cela n’arrive jamais, dans le feu de l’action. Les joueurs se bagarrent -littéralement- pour récupérer la balle, et se prendre le sliotar en pleine face fait également partie des risques. D’où l’obligation de désormais porter un casque, comme au hockey. Parce que bon, le gardien se fait quand même régulièrement canarder et une enquête de Slate en 2011 a prouvé que les blessures étaient fréquentes… et conséquentes.

Ainsi en 1997, le gardien de but Joe Quaid a reçu le sliotar “là où ça fait mal”. Bilan : un testicule broyé et l’autre retiré de moitié. Ouch. Le gaillard a tout de même poursuivi sa carrière trois années derrière cet accident survenu sur un penalty… Les blessures au visage et particulièrement aux yeux, étaient également omniprésentes, avec des centaines de cas recensés par année, certains joueurs perdant même complètement l’usage de la vue.

En 2010, une étude publiée par le Irish Medical Journal menée dans un seul hôpital indiquait que 70 joueurs de hurling y avaient été admis. Bilan : 10 fractures faciales, 5 blessures aux dents, et de multiples lacérations au visage, du fait de coups de crosses reçus. David Fitzgerald, gardien, avait même fait la une après avoir perdu le bout de son annulaire…

Un sport violent où 15 types munis de grandes haches en bois vous poursuivent pour propulser une balle à 110 km/h : aucun doute, le hurling mérite amplement sa légende de sport collectif le plus dingue qui soit. Rien à voir avec le curling, donc...

Sources : Slate, Irish Medical Journal, Guide Irlande, Tourism Ireland

Sébastien Delecroix
https://twitter.com/seb_o_matic Sébastien Delecroix Rédacteur