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Ruben Alves et Guillaume Labbé nous parlent de la saison 2 d'Escort Boys
Séries

Escort Boys, saison 2 : rencontre avec Guillaume Labbé et Ruben Alves

Ruben Alves et Guillaume Labbé nous parlent de la saison 2 d'Escort Boys © SFR Actus

À l’occasion de la sortie de la deuxième saison d’Escort Boys sur Prime Video, nous avons pu nous entretenir avec Ruben Alves, showrunner de la série, et Guillaume Labbé, son acteur principal, pour parler tabous, sexe et écologie.

Après le succès de la première saison, Escort Boys revient avec une saison 2 plus audacieuse, plus intime et résolument engagée sur Prime Video. À travers cette suite, Ruben Alves, créateur et réalisateur de la série, et Guillaume Labbé, acteur principal, continuent d’explorer les frontières du désir, les complexités des relations humaines et les tensions sociales avec un regard sans détour. À l’occasion de cette nouvelle saison, nous avons rencontré les deux hommes pour évoquer les grands axes de cette série singulière et les réflexions qu’elle soulève.

Des tabous et des personnages pour tout le monde

L’une des forces d’Escort Boys, et encore plus dans cette deuxième saison, réside dans sa capacité à aborder sans filtre certains sujets encore largement tabous dans la fiction française. Que ce soit le désir féminin, les relations intergénérationnelles ou encore les paradoxes moraux des personnages, la série se place volontairement dans une zone grise, là où tout n’est pas binaire. On le retrouve par exemple avec une scène originale pour une série française, où une femme enceinte commande un escort boy parce que son mari ne veut plus la toucher par peur pour le bébé. Guillaume Labbé nous en parle :

“Je trouve ça vraiment cool de parler du désir sexuel d’une femme enceinte et aussi de la difficulté pour les mecs de savoir quoi faire [...] et pourtant c’est un personnage que l’on devrait détester parce qu’elle trompe son mari, mais on s’en fout, c’est notre héroïne du moment.”

Un renversement assumé des figures habituelles de l’empathie qui contribue à rendre la série profondément humaine, car non jugeante. Pour Ruben Alves, la démarche est d’autant plus importante qu’elle va à contre-courant d’une certaine frilosité ambiante dans le paysage audiovisuel :

“Pendant l’écriture, on a tendance à s’auto-censurer en se disant 'aujourd'hui on ne peut plus dire ça'. Et puis j’en suis venu à me dire ‘non, c’est pas normal, il faut briser ça.’”

Ce refus de l’auto-censure s’est aussi traduit dans des choix scénaristiques complexes, comme celui d’évoquer une relation amoureuse entre une jeune femme, Charly, et un homme plus âgé, Mathias, qui l’a connue enfant. Un sujet sensible, que le réalisateur Ruben Alves, a abordé avec prudence et un long travail d’identification, il nous en parle :

“Je ne voulais pas développer ça, j’avais un problème avec ça, c’était presque incestueux à mes yeux même s’il n’y avait rien de tel. C’est en me mettant à sa place à elle que tout a changé à mes yeux et que j’ai pu l’intégrer.”
Charly (Marysole Fertard) dans "Escort Boys"
Charly (Marysole Fertard) dans "Escort Boys" © Amazon MGM Studios

C’est cette volonté de décentrer le regard, de multiplier les points de vue, qui permet à Escort Boys de parler à tout le monde.

Sexe à l’écran : une esthétique du corps, pas une exposition

Impossible de parler d’Escort Boys sans évoquer les scènes de sexe, nombreuses mais jamais gratuites. Elles font partie intégrante de l’ADN de la série, à la fois réalistes et stylisées, elles explorent le corps comme un langage à part entière. Pour les acteurs, cela représente un engagement à la fois physique et artistique. Guillaume Labbé, qui campe le rôle de l’escort principal, évoque cette expérience :

“Ce n’était pas intimidant pour moi, je voulais juste savoir comment ça allait être filmé parce que ça aurait pu être vulgaire, un peu crade... Mais c'est en voyant le travail de Ruben que j'ai su que ça allait être esthétique, et pas du tout porno."
Ben (Guillaume Labbé) et Mathias (Simon Ehriacher) avec Clara Morgane dans Escort Boys
Ben (Guillaume Labbé) et Mathias (Simon Ehriacher) avec Clara Morgane dans Escort Boys © Amazon MGM Studios

Un souci du cadre et de la lumière, mais aussi une confiance dans l’équipe, notamment dans la direction d’acteurs, qui permet aux scènes les plus explicites d’éviter le piège de la gratuité. Au-delà de l’aspect visuel, ces scènes sont toujours mises au service du récit. Elles révèlent les failles, les désirs, les contradictions des personnages. Elles racontent aussi les rapports de pouvoir, les attentes projetées et les blessures cachées. En cela, Escort Boys ne fait pas du sexe un spectacle, mais un enjeu émotionnel.

Une Camargue menacée : l’écologie comme nouvelle urgence

La saison 2 d’Escort Boys déplace aussi son regard vers des enjeux sociétaux plus vastes, notamment la question écologique. L’intrigue se déroule en Camargue, région à la beauté fragile, que les personnages cherchent à préserver face aux menaces de l’industrie et du greenwashing. Pour Ruben Alves, ce choix est loin d’être anecdotique. Il s’inscrit dans une volonté de faire résonner la série avec des préoccupations très actuelles :

“[Dans Escort Boys] il est question d’une conviction personnelle qui devient un enjeu commun à tous, et oui je pense que l’écologie, c’est une conviction commune qu’on devrait tous avoir.”
La casting d'Escort Boys dans les beaux décors de la Camargue
La casting d'Escort Boys dans les beaux décors de la Camargue © Amazob MGM Studios

Avec cette saison 2, Escort Boys confirme qu’elle est bien plus qu’une série sur le monde de l’escorting masculin. Elle s’affirme comme une œuvre profondément contemporaine, en prise directe avec les tensions de notre époque, capable de parler du désir, de la morale, du corps et de la planète avec audace et justesse. Pour retrouver les deux premières saisons, rendez-vous sur Prime Video.

Source : Prime Video

Martin Senecal et Jessica Rat