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Musique

Maxenss, de YouTube à la scène

Maxenss a dévoilé son premier EP, "@", cet été. © Alice Kong

Il fait partie de cette nouvelle génération qui, par le talent et par l’audace, parvient à accéder à la notoriété sur la Toile. Six ans après avoir partagé sa première vidéo, comptant aujourd’hui plus d’un million d’abonnés sur la fameuse plateforme, celui qui se présente comme un artiste touche-à-tout et qui refuse, surtout, de se ranger dans une case nous a dévoilé un joli projet musical. Une facette parmi tant d’autres de sa personnalité, présentée sous un arobase... Rencontre avec Maxenss, le YouTubeur-chanteur.

Certains reconnaîtront ton visage, puisque tu es déjà connu sur YouTube… Comment t’es-tu lancé dans cette première aventure sur la Toile ?

YouTube, j’aime bien dire que c’est comme un passe-temps, c’est comme taper dans une balle. Depuis que je suis enfant je fais des conneries en vidéo, j’aime faire ça ! Donc j’ai toujours fait ça un peu instinctivement, c’est-à-dire que quand j’avais une idée de vidéo que je trouvais marrante et cool, je la faisais et je la postais, sans trop me soucier des retours que ça allait engendrer. Même si là, évidemment avec la notoriété, le fait qu’il y ait plus de gens, une plus grosse communauté, tu te poses un peu plus de questions… Mais j’ai toujours essayé de rester instinctif, et c’est toujours comme ça que j’ai géré mon aventure sur YouTube.

Ton premier gros succès est arrivé en 2016, avec La Chanson de la démonétisation. Comment ça t’es venu ?

C’est venu à une époque où YouTube annonçait qu’ils allaient durcir les règles pour la monétisation des vidéos. Il y a plein de marques qui ont arrêté leur collaboration avec YouTube parce qu’elles se sont retrouvées mises en avant dans des vidéos très problématiques. Donc les marques sont parties, YouTube a dit : "Bon bah on va être un peu plus rigoureux maintenant sur les contenus, on ne permettra pas qu’il y ait des marques en avant de vidéos trop grossières ou qui prônent l’antisémitisme, le racisme, etc." Et beaucoup de gens ont réagi à cette actualité en se disant : "Mince, on ne pourra même plus être grossiers dans nos vidéos !" Et moi je trouvais juste ça marrant de réagir sur cette actualité, avec l’idée de dire les pires atrocités – sans évidemment les penser – mises bout à bout de la manière la plus suave possible, la plus douce possible. J’ai fait ça un peu naïvement, je m’attendais à ce que ça fasse quoi, 20 000 vues, "trop cool"… On m’a redit tout à l’heure que ça en est à 15 millions de vues. C’est vrai que je me suis senti un peu dépassé ! Ça a été le commencement de toute cette aventure, l’élément déclencheur.

Puis il y a eu ce hoax dans Incroyable Talent, qui a aussi fait pas mal parler de toi… T’en gardes quel souvenir ?

C’était marrant à faire. En fait c’était des gens de la prod’, des casteurs, qui étaient venus me chercher, qui m’ont dit : "On aime bien ce que tu fais sur Internet, est-ce que tu veux faire ça à la TV ?" Je leur ai dit qu’honnêtement ça ne m’intéressait pas, mais que j’avais un rêve d’enfant qui était de venir faire n’importe quoi dans cette émission ! Les jurés n’étaient pas au courant, seulement les casteurs. Du coup l’idée c’était de venir, faire n’importe quoi, et me casser. Juste faire quelque chose de nul, sans aller plus loin. Et au final, ce qu’on ne voit pas parce que ça a été coupé, c’est que les quatre jurés m’ont dit "oui", voulaient que j’aille plus loin ! Ça a fait rire beaucoup de gens et ça a pas mal tourné sur les réseaux. J’étais à nouveau un peu dépassé par ça, parce que je ne m’y attendais pas, moi j’ai vraiment fait ça pour m’amuser sans rien chercher d’autre. Mais oui, c’était marrant à faire.

Puis cet été tu as présenté ton premier EP. Alors, au final, YouTube c’était un moyen d’accomplir un rêve, ou c’est après cette expérience que tu as voulu aller plus loin ?

Ça s’est vraiment fait dans l’ordre naturel des choses. J’ai toujours fait les choses par instinct et je pense que j’essaierai au mieux de faire tout le temps ça. Au final, certes YouTube a été pour moi un tremplin, ça m’a permis de me faire connaître et vis-à-vis de mes créations ça m’a offert des opportunités, mais ça n’a jamais été calculé.

Sur le premier titre de l’EP, tu te présentes : @maxoulezozo. Et tu dis : "L’inconnu de tes ré-soi, le plus connu des réseaux, qui résonne les ados sans être fier de ses mots." Tu n’es pas fier de ce que tu faisais sur YouTube ?

Je n’étais pas fier de La Chanson de la démonétisation (rires) ! Enfin, ce n’est pas que j’en suis pas fier, mais ce sont des choses que je n’ai plus envie de dire. J’ai à la fois moi envie de dire des belles choses, pas les pires choses (rires), et j’ai aussi envie que les gens me connaissent pour d’autres mots. Parce que même au quotidien, je ne suis pas quelqu’un de vulgaire, et c’est vrai que de rester sur cette image du mec qui lâche plein d’insultes, ce n’est pas forcément ce qui me ferait le plus plaisir dans ma vie. Donc oui, c’est un peu ça le sens de ces paroles-là !

L’EP s’appelle quand même @, un hommage à ces débuts sur la Toile ?

Oui, carrément ! Je trouvais ça chouette parce que, pour moi, un EP c’est un peu comme une carte de visite. Et j’estimais que comme je me suis surtout fait connaître via internet, c’était une manière de rendre matérielle cette carte de visite virtuelle. Je trouvais ça chouette de l’introduire comme ça, par l’arobase, comme on introduirait un pseudo.

D’ailleurs tu alternes, entre le nom Maxenss et ce pseudo @maxoulezozo…

J’ai en quelque sorte matérialisé un trait de personnalité qui est en moi. C’était plus simple pour moi de dire : "OK, tout l’aspect délirant et décalé je vais le personnifier sous @maxoulezozo et tout le reste, mes chansons un peu plus personnelles, c’est moi." En fait c’est une sorte d’alter ego que j’ai créé, qui fait partie de moi, qui est le côté un peu plus foufou de ma personne.

Il y a un écart entre ces deux projets, YouTube d’une part et l’EP d’autre part. On passe d’un genre effectivement plus humoristique à des titres plus intimistes, bercés même par une certaine mélancolie pour la plupart... C’était donc voulu ce décalage ?

C’est vraiment instinctif, ce sont des choses non contrôlées. Après, évidement c’est plus simple de se dévoiler sous un jour un peu plus humoristique et décalé avec une sorte de masque, même si dans mes vieilles vidéos il y a aussi des choses un peu plus sérieuses, comme la chanson Dimanche, par exemple. Mais au bout d’un moment ça m’a lassé, je me suis dit : "Tiens, je peux aussi montrer une autre facette de moi." C’est une histoire de confiance aussi, de se dire : "Ça y est, tu peux enfin le faire." C’est clairement ce que je suis en train de faire, d’assumer deux facettes. Peut-être que ça peut perdre les gens, mais au final j’ai l’impression que les gens arrivent assez bien à saisir, et ça se passe relativement bien.

Pour revenir sur @maxoulezozo, tu dis même : "C’est moi qui est dans l’impression d’être dans la dépression." Tu ressens aussi le besoin aujourd’hui de parler de certaines choses ?

Oui, c’est vrai que ça revient dans mes chansons, certes de manière métaphorisée, mais ce sont des choses qui me tiennent à cœur. La musique à la base, pour moi comme pour beaucoup de gens, ça a une vertu thérapeutique. Si j’écris des textes depuis que je suis enfant, c’est parce que j’ai besoin de sortir des trucs qui sont à l’intérieur de moi. Et je trouve ça cool d’en faire des chansons, si ça peut en plus permettre à des gens de ressentir des choses, bah j’ai tout gagné, c’est génial !

Tu surfes toujours un peu entre les lignes, entre le délire et l’introspectif. Avec Petit Poisson par exemple, surtout son clip, on oscille entre le second degré et la métaphore… Le Petit Poisson, c’est toi ?

Oui on peut dire que c’est moi… Mais j’aime bien aussi rappeler que mes chansons, ce n’est pas forcément moi à 100%. C’est comme une série ou un film, il y a beaucoup de fiction aussi. Je me base certes sur du vécu, sur l’expérience, mais il y a aussi selon les chansons beaucoup d’imaginaire. Par exemple j’ai des chansons qui parlent de rupture, alors que ma vie sentimentale se porte très bien ! Donc c’est à la fois moi, un moi imaginaire, un moi exagéré… Ça dépend. C’est ce que j’aime bien avec les chansons, c’est comme le cinéma.

Il y a un mélange des genres aussi ; les paroles font très chanson française, on retrouve des ambiances electro, quelques sonorités orientales, des petites rythmiques trap, parfois quelques flows rap, et puis du metal…

Oui, carrément ! J’avais un groupe de metal qui s’appelait Fysh à la fin du lycée. Mais oui, c’est un peu bateau ce que je vais dire, mais j’aime tout écouter, j’aime puiser dans un peu tout pour créer ma musique. J’aime tout mélanger, et bien sûr essayer de donner quand même une espèce de cohérence, faire un truc qui sonne bien. J’aime bien dire que je fais de la pop décomplexée. C’est de la pop dans le sens où ça va, ça s’écoute, mais en même temps c’est décomplexé dans le sens où ça permet de se lâcher un peu !

Tu citerais qui comme influences musicales du coup ?

Dans le metal, de base je suis un gros fan de neo metal et plus particulièrement du groupe Deftones. J’aime beaucoup le rock aussi, ça commence avec Nirvana, puis Foals, Radiohead… Dans ce qui est un peu plus electro : Caribou, James Blake, je suis un gros, gros fan. Et en Français : Brel, Polnareff, Bashung, Stromae, Orelsan j’aime beaucoup aussi… Tu vois, c’est assez varié !

Donc tu as présenté ton EP cet été, et maintenant te voilà en tournée... Est-ce que tu continues en parallèle l’aventure YouTube ?

Quand j’ai un peu de temps, oui. Là j’ai recommencé un peu, je suis parti au Japon récemment et j’essaie d’en faire une petite vidéo marrante ! Pareil, là sur la tournée j’essaie de filmer…

Maxenss parcourt actuellement l'Hexagone, et sera notamment de passage à l’Élysée Montmartre à Paris, ce dimanche 24 novembre 2019. En attendant de le retrouver sur scène, son EP @ est en écoute sur Napster !