Vous en avez peut-être déjà fait l’expérience. Lorsque vous partez en vacances à l’étranger et que vous décidez d’aller faire un tour sur Prime Video ou Netflix, il se peut que vous tombiez sur des contenus qui ne sont pas disponibles sur ces mêmes plateformes en France. C’est tout à fait normal : c’est ce qu’on appelle le géoblocage, ou la géo-restriction. Autrement dit, tous les contenus ne sont pas disponibles dans tous les pays. Cette pratique instaurée depuis des années pourrait-elle un jour être abrogée ? La question a récemment été soulevée en Europe.

L’Europe prête à harmoniser les catalogues des plateformes de streaming ?

Ce n'est pas la première fois que le Vieux Continent s'attaque au sujet du géoblocage. En effet, comme le rapportent nos confrères de Phonandroid, des éditeurs de jeux vidéo ont écopé en 2021 d’une amende de 7,8 millions d’euros pour des titres bloqués en Europe. Aujourd'hui, c'est donc au tour du secteur de l’audiovisuel d'être visé. Le sujet a en tout cas été évoqué par une commission du Parlement européen, responsable du marché intérieur et de la protection des consommateurs, qui suggère dans un récent rapport qu’il pourrait y avoir des avantages à donner la même accessibilité aux contenus audiovisuels à tous les citoyens européens. À commencer par le fait que cela leur permettrait évidemment d’accéder à un catalogue bien plus fourni.

Une proposition qui n'est toutefois pas vue d'un très bon œil chez les principaux concernés. Le groupement Creativity Works!, qui représente différents acteurs du secteur de l'audiovisuel, s'est notamment prononcé contre l'idée. Sur son site, l'organisme explique en effet que c'est grâce à une certaine flexibilité permise par la géo-restriction, en termes de diffusion et de prix selon l'appétance des différents marchés, que l'on a finalement accès à une grande diversité de contenus. Aussi, d'après lui, "la fin du géoblocage sur des licenses territoriales exclusives menacerait 10 000 cinémas européens, l'accès à plus de 8 500 films européens en vidéo à la demande et près de la moitié des budgets des films européens". Qui plus est, si les plateformes se voient dans l’obligation d'ouvrir ainsi l'accès à tous les programmes - y compris la retransmission de compétitions sportives - à tous, elles pourraient alors très bien décider d’augmenter le tarif de leurs abonnements.

Quid de la chronologie des médias en France ?

Notons par ailleurs qu'une telle initiative remettrait au passage en question un sujet brûlant en France : celui de la chronologie des médias. Alors qu'il faut patienter chez nous plusieurs mois, voire plusieurs années pour que les films parus sur grand écran soient proposés sur les plateformes de streaming, une mécanique visant à protéger les cinémas hexagonaux, ce n'est pas le cas dans d'autres pays. C'est ainsi que, par exemple, le récent live-action de La Petite Sirène est arrivé le 6 septembre dernier sur Disney+ en Belgique, tandis qu'il nous faudra attendre jusqu'à l'automne 2024 avant de pouvoir le (re)voir sur la plateforme de Mickey en France.

Quoiqu'il en soit, il convient de souligner que la Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs du Parlement européen n’a pour le moment fait qu'évoquer le sujet. Aucune décision n'a été prise. Si le géoblocage était effectivement amené à prendre fin en Europe, ce ne sera certainement pas avant plusieurs années. D'ici là, les plateformes de streaming se renouvellent déjà suffisemment pour proposer chaque mois de nombreux nouveaux contenus à leurs abonnés, et ce dans les différents pays. Il n'y a qu'à jeter un œil aux programmes de décembre sur les plateformes françaises de Netflix, Prime Video ou encore Disney+ pour s'en convaincre.

Sources : Phonandroid, Torrent Freak, Creativity Works!