
Comment les plateformes s'adaptent aux nouveaux modes de consommation ?
Mini-séries, épisodes hebdomadaires, émissions en direct… De plus en plus, il semblerait que les plateformes de streaming s'inspirent de la télévision traditionnelle pour capter les téléspectateurs. Sur un marché devenu ultra compétitif, elles ont tout intérêt à s’adapter aux nouveaux mode de consommation. Petit tour d’horizon sur leurs nouvelles stratégies.
Si nos grands-parents et nos parents n’ont jamais vraiment apprécié les grands changements qui bousculent les habitudes, les nouvelles générations en sont friandes. Et ça, la télévision et les plateformes l’ont bien compris ! Pour s'adapter à nos vies à 100 à l’heure, les chaînes traditionnelles n’ont pas hésité à repousser l’heure de la diffusion de leurs programmes le soir, mais c’était sans compter sur l’arrivée du replay et des plateformes. Ces dernières ont été un réel soulagement pour de nombreuses personnes, ravies de pouvoir enfin regarder leurs films et surtout séries quand elles le veulent. Néanmoins, les géants du streaming ne sont pas restés sur leurs acquis et s’adaptent aux nouveaux modes de consommation.
Un binge-watching qui s’essouffle ?
Qui n’a jamais regardé une série en enchaînant les épisodes, jusqu’à s’endormir devant ? Un phénomène, bien connu désormais, que l’on nomme le binge-watching. Si aujourd’hui cette pratique est toujours existante, il semblerait que l'on revienne petit à petit à un mode de consommation plus "raisonnable", en savourant les programmes dans la durée.
Pour preuve, Netflix divise désormais régulièrement ses shows en plusieurs parties, ne proposant plus systématiquement l'intégrale d'une saison d'une traite. On peut citer comme exemple Emily in Paris, dont la nouvelle saison 4 a été coupée en deux - après l'arrivée des premiers épisodes le 15 août dernier, la suite sera en effet disponible dès le 12 septembre sur la plateforme. Une stratégie qui permet de garder les spectateurs en haleine, avec des cliffhangers (fins à suspens) les rendant impatients de découvrir la suite et les incitant donc à rester abonnés sur le long terme. Pas seulement ça, mais cela permet aussi de prolonger le "buzz" autour des programmes : une fois la première partie dévoilée, Netflix tease la suite à coups de nouveaux extraits, partagés à tout-va dans les médias et sur les réseaux sociaux. Un bouche à oreille qui génère tout simplement de la publicité, participant à attiser la curiosité de ceux qui ne sont pas - encore - abonnés. Enfin, découper des saisons en deux peut aussi permettre de répondre à des contraintes de production (retard de tournage...), faisant alors patienter les abonnés avec une première partie le temps de finaliser le tout.
Certaines plateformes vont même encore plus loin, diffusant leurs séries de manière hebdomadaire, comme ça a toujours été le cas sur le petit écran traditionnel. Elles le font notamment lorsqu'elles proposent en exclusivité des programmes venant de chaînes TV étrangères, à l'instar encore sur Netflix de Riverdale, une série qui était diffusée outre-Atlantique sur la chaîne The CW. Mais aussi de plus en plus avec leurs propres programmes originaux : c'est notamment le cas de Disney+, qui propose par exemple ses séries Star Wars au rythme d'un épisode par semaine, ou encore Prime Video qui a tendance à dévoiler trois premiers épisodes avant de diffuser le reste à raison d'un par semaine, comme c'est le cas pour The Boys ou encore plus récemment la saison 2 des Anneaux de Pouvoir.
Comme l’explique Frédéric Vaulpré, directeur de Glance, au micro de The Media Leader, cette stratégie est financièrement bénéfique pour les plateformes. Le binge-watching serait en effet "trop coûteux ", car "il brûle" un programme trop rapidement. Une fois la saison avalée, rien n'empêche plus le télespectateur de se désabonner et d'aller voir ce qu'il se passe ailleurs... Dans un contexte devenu extrêmement compétitif, avec de plus en plus de plateformes de streaming, revenir à un rythme de diffusion plus lent permet de fidéliser les abonnés qui ne veulent pas louper leur rendez-vous précieux avec leurs séries préférées.
Les mini-séries : le format dont tout le monde raffole ?
L’avènement des mini-séries pourrait-il détrôner les séries classiques, plus longues, dévoilées saison après saison ? Peut-être pas. Mais du Jeu de la Dame à The Gentlemen, en passant par The Undoing, toutes ont été un véritable succès. Pour cause, elles se regardent rapidement, n'impliquant pas un investissement sur le long terme. Ce format semble être ainsi de plus en plus apprécié par les abonnés, qui n’ont plus vraiment le temps de regarder des saisons entières.
Comme le rapporte Ouest-France, cette analyse a été confirmée l'an dernier par Boris Duchesnay, alors directeur général adjoint en charge des programmes d’OCS, devenu depuis Directeur général d’UGC Images :
"Je pense que ça permet notamment de toucher un public qui ne jurait que par le cinéma, et se détournait des séries parce qu’il fallait s’engager sur un temps indéfini et attendre entre les épisodes et les saisons. Et puis ça rassure les gens sur les risques d’addiction. On sait qu’on va pouvoir vite retrouver une vie sociale."
Pour être efficace, une mini-série ne doit ainsi pas dépasser les 13 heures. Mais l'on notera aussi que, parfois, le public en redemande... Un engouement tel, qu'il arrive qu'un programme pensé à l'origine comme une mini-série revienne finalement pour une saison 2. De quoi alors pousser les créateurs des shows à imaginer des suites qui n'étaient pas prévues. On pense notamment à Squid Game, dont la deuxième saison, pourtant annoncée seulement quelques mois après la première en 2021, se fait toujours attendre sur Netflix.
Sources : The Media Leader, Ouest-France, L'Eclaireur Fnac