Premier League : un Boxing Day sacrifié cette année
Fini les traditions… La magie du 26 décembre s’efface : pour la première fois depuis 1982, la Premier League ne proposera qu’une seule rencontre lors du traditionnel Boxing Day. Une décision qui révolte les fans et que le championnat justifie par la réforme des compétitions européennes.
Depuis toujours, le Boxing Day occupe une place à part dans le paysage footballistique anglais. Que ce soit dans les stades, devant sa télé, après un repas de Noël, c'est le jour où les familles se retrouvent, où les pubs vibrent dès l’après-midi et où les dix rencontres de Premier League s’enchaînent dans une atmosphère unique. Mais la réforme des compétitions européennes et l’enchaînement inédit des matchs en décembre ont bouleversé cette organisation, fragilisant pour la première fois cette tradition solidement ancrée.
Une tradition amputée, et un choc pour les supporters
En Angleterre, le 26 décembre n’est pas un jour comme les autres. Depuis des décennies, les stades se remplissent au lendemain de Noël pour une journée XXL de football, rythmée par une avalanche de matchs. Mais en 2025, cette tradition se brise net : Manchester United – Newcastle, programmé à 21 heures, sera la seule et unique affiche du Boxing Day. Une situation inédite depuis plus de quarante ans et totalement inconnue depuis la création de la Premier League en 1992.
La colère des supporters a été immédiate. Après avoir dévoilé son calendrier de fin d’année le 31 octobre dernier, la Ligue anglaise a dû publier un communiqué pour expliquer cette mauvaise surprise, tant la décision a pris tout le monde à contrepied.
En 2024, au lendemain de Noël, les amoureux du ballon rond avaient pu digérer leur repas devant Manchester City-Everton à 13 h 30, un multiplex de cinq matchs à 16 h, Wolverhampton-Manchester United à 18 h 30 et Liverpool-Leicester à 21 h. Cette année, une seule rencontre devra combler les supporters.
Un calendrier sous pression
Si le Boxing Day 2025 est si réduit, ce n’est pas un caprice de calendrier, mais la conséquence directe de la profonde réforme des compétitions européennes. Depuis la saison dernière, les nouvelles phases de ligue de la Ligue des champions, de la Ligue Europa et de la Ligue Conférence s’étendent sur dix semaines, contre six auparavant.
Cette saison, neuf clubs anglais sont engagés sur la scène européenne, un record qui complique fortement la gestion du calendrier domestique. Les diffuseurs, eux, n’autorisent que cinq journées de Premier League en semaine, ce qui limite encore plus les marges de manœuvre.
Crystal Palace illustre parfaitement ce casse-tête. Engagé à la fois en Ligue Europa Conférence et en Carabo Cup (Coupe de la Ligue), le club londonien doit jouer le 18 décembre en Europe, le 23 en Carabao Cup, et aurait dû rejouer le 26 en championnat. Une accumulation impossible à tenir physiquement, même avec un effectif large.
La Premier League se justifie
Consciente de toucher à un symbole national, la Premier League a tenté de calmer les esprits. Dans son communiqué, elle explique avoir dû ''prendre en compte les circonstances qui ont conduit à une réduction du nombre de matchs disputés le lendemain de Noël'', rappelant que la priorité était ''d’allonger les périodes de repos entre les journées 18, 19 et 20''. L’objectif : éviter que certains clubs ne rejouent moins de 60 heures après leur dernier match.
Mais ces arguments passent mal auprès des fans, qui y voient une nouvelle preuve que la tradition passe désormais après les impératifs commerciaux et logistiques. Dans un pays où le football ne s’arrête jamais, l’idée d’un Boxing Day à une seule affiche relève presque du sacrilège.
Une rupture historique temporaire ?
Le championnat assure toutefois que ce scénario ne devrait pas se reproduire avant longtemps. ''La saison prochaine, il y aura davantage de matchs le lendemain de Noël, puisque cette date tombe un samedi'', promet la Premier League. Une manière de rassurer des supporters déjà braqués par cette édition 2025 particulièrement dépouillée.
Pendant ce temps, les divisions inférieures, de la Championship à la National League, maintiennent un calendrier complet, conservant l’esprit d’un Boxing Day où la fête du football englobe tout le pays. Une ironie que les fans n’ont pas manqué de souligner.
En sacrifiant son Boxing Day, même pour une seule saison, la Premier League ouvre un débat profond : celui de l’équilibre entre traditions populaires et exigences modernes. Entre un football qui se mondialise, se densifie et génère toujours plus de revenus.
En 2025, la magie du Boxing Day ne disparaît pas totalement, mais elle s’affadit. Il faudra se contenter d’un seul match pour digérer la dinde de Noël. Manchester United-Newcastle sera à retrouver sur Canal+.
Source : RMC Sport