Sorti en 2005, Aviator retrace avec une élégance rare la vie hors norme d’Howard Hughes, s’inspirant directement de sa véritable histoire. Le film plonge dans les années 1920 et 1930, au moment où ce visionnaire excentrique met en scène le colossal Les Anges de l’enfer, premier d’une longue série de projets hollywoodiens ambitieux. Martin Scorsese y capture brillamment le mélange de génie, d’excès et d’obsession qui caractérisait Hughes, offrant un portrait aussi captivant que vertigineux.

Aviator, un biopic multi-récompensé

Leonardo DiCaprio incarne un Hughes vibrant d’énergie, visionnaire et incontrôlable, tandis que Cate Blanchett est éblouissante en Katharine Hepburn, ce qui lui vaut l’Oscar du meilleur second rôle féminin. Aviator repartira d’ailleurs des Oscars 2005 avec 5 statuettes sur 11 nominations, saluant notamment la photographie, les costumes et les décors.

L’histoire vraie de Howard Hughes

Le film s’appuie sur un personnage qui a réellement existé et qui, dans la réalité, dépasse largement la fiction. Né en 1905, Howard Robard Hughes grandit dans une famille richissime et s’émancipe à 19 ans, héritant d’un empire industriel qu’il confie rapidement à ses collaborateurs pour se consacrer à ses passions : l’aviation, le cinéma… et les femmes.

À Hollywood, il produit des films ambitieux et souvent sulfureux (Scarface, The Outlaw), tout en fréquentant les plus grandes actrices de l’époque, de Katharine Hepburn à Ava Gardner. Dans les airs, il repousse toutes les limites : il conçoit le H-1 Racer, avion révolutionnaire, bat plusieurs records de vitesse, puis réussit en 1938 un tour du monde en 3 jours, 19 heures et 14 minutes, un exploit salué dans le monde entier.

Il développe également la TWA (Trans World Airlines), qu’il transforme en géant de l’aérien, et finance des appareils emblématiques comme le Lockheed Constellation. Sa réussite fait de lui l’un des hommes les plus puissants du pays.

D'un playboy de génie à un paranoïaque isolé : la face sombre du mythe

Mais derrière l’image du milliardaire conquérant se cache un homme rongé par ses troubles obsessionnels compulsifs, hérités en partie d’une mère phobique et ultra-possessive. Son accident d’avion en 1946 aggrave encore son état : Hughes souffre de douleurs chroniques et sombre dans la dépendance aux antidouleurs.

Paranoïaque, obsédé par les microbes, il se cloître progressivement dans des hôtels, vivant nu, refusant de se couper les cheveux ou les ongles. Dans ses dernières années, il ne quitte presque plus son lit et continue pourtant de diriger, à distance, un empire tentaculaire mêlant aviation, immobilier, casinos et même transactions secrètes avec la CIA. Son influence atteint même la politique : un don occulte à Richard Nixon aurait contribué, des années plus tard, à l’affaire du Watergate.

Howard Hughes meurt en 1976, affaibli, mais laisse derrière lui une fortune colossale et une légende qui continue de fasciner.

Pourquoi (re)voir Aviator aujourd’hui ?

Parce qu’il s’agit d’un Scorsese de haute volée, d’une performance majeure de Leonardo DiCaprio, et d’un récit qui mêle glamour hollywoodien, épopée aéronautique et portrait intime d’un homme aussi génial que destructeur. Aviator n’est pas seulement un biopic : c’est une plongée dans l’Amérique de l’entre-deux-guerres, dans les excès du capitalisme naissant et dans la tête d’un visionnaire qui a voulu, toute sa vie, repousser les limites du possible.

Et désormais, il est disponible d’un simple clic, en streaming sur Netflix.

Source : Allociné