C’était incontestablement l’un des plus gros temps forts du mois de mars – voire du début d’année 2025 – sur Netflix. Depuis sa diffusion sur la plateforme américaine le 13 mars dernier, Adolescence a fait un véritable carton, se hissant à la seconde place des programmes Netflix les plus visionnés de tous les temps, juste derrière Mercredi. Si le show créé par Jack Thorne et Stephen Graham – bouleversant dans le rôle du père de Jamie – est une mini-série policière bien ficelée, c’est surtout son aspect sociologique et son réalisme qui ont marqué le public. Une série d’utilité publique, bientôt diffusée dans les collèges français.

Une série dénonçant le cyberharcèlement et la misogynie

Si vous n’avez pas encore vu Adolescence, voici un petit résumé. À travers quatre épisodes tournés en plan-séquence – une technique rendant la série encore plus réaliste et immersive –, nous suivons l’arrestation du jeune Jamie Miller (Owen Cooper). Interpelé au saut du lit, le collégien âgé de 13 ans est suspecté du meurtre de Katie Leonard, une camarade de classe poignardée à mort. Chargés du dossier, les enquêteurs Luke Bascombe (Ashley Walters) et Misha Franck (Faye Marsay) vont rassembler les éléments démontrant la culpabilité de Jamie. Une culpabilité affectant évidemment ses parents Eddie (Stephen Graham) et Manda (Christine Tremarco), qui vont pourtant devoir accepter la dure réalité...

À travers les quatre épisodes, notamment à travers l’échange sous tension entre Jamie et la psychologue Briony Ariston (Erin Doherty) dans l’épisode 3, le mobile du meurtre se dessine peu à peu. Comme nous l'expliquions dans notre article décryptant la fin de la série, Jamie a tué Katie car cette dernière avait mené une campagne de cyberharcèlement contre lui, l’accusant d’être un ''incel'' – un néologisme pour involuntary celibate, autrement dit un célibataire involontaire, incapable de trouver un partenaire amoureux ou sexuel. Cet élément est extrêmement important car il existe une véritable ''culture incel'' sur les réseaux sociaux, promouvant généralement la misogynie, la haine des femmes, voire l’usage de la violence contre ces dernières.

La France annonce la diffusion d'Adolescence dans les collèges

Avec son tournage en plan-séquence, son casting de qualité et sa narration longue et captivante, la série Adolescence montre cette réalité sociétale, poussant parfois des hommes dits ''incel'' à tuer des femmes. Il n’était donc pas surprenant d’apprendre que le Premier ministre britannique Keir Starmer avait décidé de la diffuser gratuitement dans tous les collèges et les lycées du pays. En poste au 10 Downing Street depuis juillet 2024, Starmer avait justifié cette proposition pour ''combattre la misogynie insidieuse qui prend racine'', jugeant que les quatre épisodes parvenaient à montrer ''la menace autour des jeunes hommes qui commettent des actes de violence en voyant des choses en ligne''.

Début avril, Élisabeth Borne était interrogée quant à une décision similaire pour les établissements de l’Hexagone. La ministre de l’Éducation nationale avait annoncé qu’Adolescence ne serait pas diffusée dans les collèges et les lycées du pays, estimant que la France disposait de ''beaucoup de ressources pédagogiques'' ainsi que ''de bonnes séries françaises''.

Le gouvernement a manifestement changé d’avis, puisque la ministre a récemment annoncé que la série allait finalement être exploitée dans les collèges français. Interrogée par nos confrères de LCI ce dimanche 8 juin, Elisabeth Borne a annoncé que les producteurs d’Adolescence avaient ''ouvert les droits'' de la série au ministère de l’Éducation nationale. Dans un futur qu’on espère proche, cinq extraits du show britannique – décrits par la ministre comme des ''séquences pédagogiques'' – seront diffusés aux jeunes collégiens dès la classe de 4ème.

Ces extrais, ''très représentatifs de la violence qui peut exister chez des jeunes'' selon Borne, seront visionnés ''avec un accompagnement pédagogique''. Même si la ministre ne le précise pas, on peut supposer que l’échange entre Jamie et la psychologue Briony Ariston a de grandes chances de figurer parmi les extraits pédagogiques retenus.

Rendez-vous sur Netflix pour (re)découvrir les quatre épisodes de la mini-série Adolescence.

Sources : Le HuffPost, TF1 Info/LCI