
Challengers : jeu, sexe et match
Le nouveau film de Luca Guadagnino vient d’arriver dans les salles obscures. Après sa romance horrifique Bones and All sortie en 2022, le réalisateur italien revient pour une nouvelle histoire d’amour tout aussi atypique. Zendaya, Mike Faist et Josh O’Connor voient leurs désirs enfermés dans un triangle amoureux. On vous dit tout sur le film Challengers.
Le réalisateur du succès critique Call Me by Your Name et du plus récent Bones and All revient pour une nouvelle romance torride avec Challengers. Il y met en scène Zendaya (Tashi), polarisée dans un triangle amoureux aux côtés de Josh O’Connor (Patrick) et Mike Faist (Art). Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la tension entre les trois protagonistes est palpable tout au long du long-métrage grâce à une mise en scène millimétrée jusqu’aux costumes qui servent les propos du film.
La scène d’ouverture et celle de fin nous plongent au cœur d’un match “Challenger”, où Patrick et Art s’affrontent sous le regard lourd de Tashi Duncan, incarnée par Zendaya, une joueuse de tennis junior promise à un grand avenir brisé subitement à la suite d’une blessure irréversible. Entre ces deux scènes se déroulent des va-et-vient permanents à l'image d'un échange incessant de balle, entre passé et présent qui nous amène à suivre l’évolution de ce triangle amoureux et surtout celle des désirs des personnages.
Un match d'émotions
Dans Challengers, il est surtout question d'émotions et de tempête passionnelle pour chacun des protagonistes dont les désirs se concrétisent au fur et à mesure de ce sempiternel match qu’est leur vie sur le court. Ils ne sont guidés que par leurs envies et font tout en ce sens jusqu’à se perdre eux-même. Cette omniprésence des sentiments est une volonté du réalisateur comme il l’explique lors de la conférence de presse qui a eu lieu à Paris :
« Je pense que ces personnages chargés d'émotions ont été ma carte maîtresse. Je veux dire, il n'y a rien de mieux que des gens qui sont désordonnés, qui ne savent pas quoi faire dans leur vie et qui le font quand même. »

Tisha est obnubilée par la gloire et le pouvoir, Art ne jure que par l’amour, mais celui qui représente le plus ce chaos, c’est Patrick avec sa quête de liberté. Bien qu’il ait été éloigné de Tisha et Art des années avant ce fameux match Challenger, il garde en tête cette compétition qu’il a avec les deux. C’est cette passion qui le fait vivre et le pousse à faire des choix plus que discutables. Josh O’Connor évoque ce point lors de l’interview :
« Il y trois personnages au début du film qui, lorsqu'ils sont plus jeunes, ont un amour, un désir et une passion pure l'un pour l'autre et pour le tennis, et ils perdent en quelque sorte cet amour pour chacun et pour le sport et cherchent à le retrouver. »

Les trois personnages sont constamment liés et cherchent à se retrouver. Cette connexion entre les acteurs se ressent véritablement à travers l’écran et peut s'expliquer par les conditions de tournage à l’ambiance un peu particulière.
Le tournage comme un “Summer Camp”
Pour Zendaya, son expérience de tournage était similaire à celle d’un camp de vacances :
« Oui pour notre triangle amoureux. Je dirais que c’est grâce à ce que j’appelle notre “Summer Camp”. On se levait, on travaillait tous ensemble, on faisait notre tennis et on était tous sur la même longueur d’onde. »
Cette complicité est donc véritable et sert l’authenticité des personnages. L’actrice de Dune explique également que la bienveillance était le maître-mot de ce tournage et a permis de gagner en aisance dans les scènes où les personnes se mettent à nu, dans les deux sens du terme. Parfois, jouer un personnage chargé émotionnellement, qui prend des décisions irrationnelles ou qui expose lourdement ses sentiments peut avoir des répercussions sur l'interprète. C'est pourquoi Zendaya a évoqué qu'entre les prises, ils ont pu rire et passer du bon temps comme des amis afin de dédramatiser les situations.
Des costumes qui reflètent l’évolution des personnages
Le travail des costumes est également millimétré, chaque choix a du sens. On ne retrouve pas seulement les acteurs en tenue de tennis : chaque tissu, chaque accessoire signifie une pensée ou un état du personnage. Zendaya évoque également l'évolution des costumes au fil du film :
« On les voit changer de la même façon que les vêtements qu’ils portent. Ils reflètent les choix qu’ils ont pu faire ou l’image qu’ils veulent renvoyer. Il y a aussi beaucoup de partage de vêtements entre les personnages. [...] C'est donc toujours comme s'il y avait un lien entre nous tous. C'est très réfléchi. Ce ne sont pas que des vêtements, ce n’est jamais que des vêtements. »

Zendaya, souvent reconnue comme une icône de mode, a elle-même participé au choix des tenues aux côtés du couturier Jonathan Anderson. Ce dernier a qualifié l’actrice de “formidable partenaire”. Ces costumes incarnent l'image d’une femme pour qui la réussite est primordiale, puis au fur et à mesure du film celle d'une séductrice affirmée. Les vêtements, en plus de renforcer cette idée de triangle amoureux, soulignent le temps qui passe et l'évolution des personnalités des personnages.
Challengers de Luca Guadagnino parvient à présenter un triangle amoureux complet, juste et plus complexe qu'il n'y paraît. La tension sentimentale, à l'image de celle d’une compétition sportive, est bien palpable tout au long de l’histoire et la mise en scène est suffisamment précise pour ne pas perdre le spectateur malgré les flashbacks.