Passer au contenu principalPasser à la recherchePasser au pied de page
Les Ordres du mal : le film d'horreur Netflix est-il basé sur une histoire vraie ?
Cinéma

Les Ordres du mal : le film Netflix est-il inspiré d'une histoire vraie ?

Les Ordres du mal : le film d'horreur Netflix est-il basé sur une histoire vraie ? © Netflix

Fraîchement débarqué sur Netflix, le film Les Ordres du mal sert de préquel à un autre long-métrage terrifiant : Verónica, sorti au cinéma en 2017. Et il se trouve que si ce diptyque horrifique peut sembler n’appartenir qu’au domaine de la fiction, il n’en est rien. L’origine de ces deux scénarios se trouve bel et bien dans le réel. On vous raconte les histoires vraies qui les ont inspirés.

Les longs-métrages les plus terrifiants puisent bien souvent leur inspiration dans le réel. L'Exorciste, Conjuring... aussi surprenant que cela puisse paraître, même certains films qui traitent de phénomènes surnaturels sont basés sur des histoires vraies. C'est le cas de Verónica et de son préquel, Les Ordres du mal, disponible sur Netflix depuis peu. Découvrez ce qui s'est vraiment passé.

Verónica : une terrifiante histoire vraie

À l'origine du scénario de Verónica, il y a l'affaire Vallecas. Un fait divers qui porte le nom d'un quartier de Madrid où, dans un appartement de la rue Luís Marín, une série de phénomènes paranormaux s'est produite. Et la situation est devenue tellement incontrôlable que les forces de l'ordre ont dû intervenir. C'est l'une des affaires paranormales les plus célèbres en Espagne, surtout parce qu'elle a été documentée dans les pages d'un rapport de police on ne peut plus officiel. Le film Verónica, réalisé par Paco Plaza (à qui l'on doit également l'extraordinaire REC) s'inspire de cette histoire, même si certaines libertés ont été prises pour l'adapter sur grand écran.

Au cœur de l'affaire Vallecas, il y a l'adolescente Estefanía Gutierrez Lázaro, qui vivait avec sa famille dans l'appartement où se sont déroulés ces évènements troublants. C'est au collège qu'Estefanía a commencé à s'intéresser au surnaturel, lorsque ses camarades lui ont proposé de participer à une scéance de spiritisme autour d'une planche de Ouija. Un professeur aurait découvert les adolescentes en train d'invoquer les esprits, et aurait brisé la planche. Mais une curieuse fumée s'en serait échappée, et Estefanía l'aurait en partie inhalée.

C'est à partir de ce moment-là que la vie de l'adolescente a basculé. Elle a commencé par souffrir d'insomnie, puis elle a eu des hallucinations et des crises d'épilepsie. Estefanía décrivait alors d'étranges silhouettes de forme humaine qui venaient la voir la nuit, l'invitant à les suivre. Inquiets, ses parents l'ont emmenée dans différents hôpitaux pour tenter de mettre fin à ces visions et d'en identifier la cause, mais aucun docteur n'est parvenu à définir la raison pour laquelle l'adolescente souffrait de tous ces maux, et la situation a empiré.

Le 13 juillet 1991, Estefanía a violemment agressé sa sœur Marianela, la jetant à terre tandis que d'épais filets de bave sortaient de sa bouche. Le lendemain, Estefanía a fait une grave crise de catalepsie : figée, la jeune femme était incapable de bouger ses membres. En urgence, elle a été conduite à l'hôpital, où elle est morte dans les heures qui ont suivi son admission. Le rapport d'autopsie n'explique pas les raisons du décès, et mentionne simplement une "mort soudaine et suspecte".

Après son décès, les phénomènes paranormaux se sont intensifiés dans l'appartement des Gutierrez. La mère de famille a commencé à entendre régulièrement la voix d'Estefanía l'appeler, mais aussi le glaçant ricannement d'un vieil homme, et des fenêtres se seraient brisées sans raison. Selon la famille, des objets se déplaçaient de manière inexplicable, des portes s'ouvraient et se fermaient d'elles-mêmes, et une nuit, la mère aurait senti quelqu'un lui toucher les mains et les pieds pendant son sommeil. Une autre nuit, les petites sœurs d'Estefanía se seraient réveillées terrifiées par des coups frappés contre le mur de leur chambre. Quelques mois après la mort d'Estefanía, sa photo, encadrée et placée dans le salon, aurait pris feu spontanément. Troublant, d'autant que ni le cadre, ni les objets posés à côté de cette photo n'auraient été touchés par les flammes.

Un rapport de police troublant

La nuit du 27 au 28 novembre 1992, les Gutierrez ont décidé d'appeler la police, expliquant qu'il se passait des choses terrifiantes dans l'appartement. L'inspecteur José Negri s'est immédiatement rendu sur place, trouvant la famille à l'extérieur de l'immeuble, attendant sous la pluie, terrifiée. Tandis que deux agents sont restés dehors avec elle, l'inspecteur Negri et deux autres agents sont entrés dans l'appartement.

Le rapport rédigé par l'inspecteur ce soir-là est depuis devenu une sorte de Graal pour les amateurs de paranormal. Ce rapport décrit la porte d'une armoire qui s'ouvre violemment, alors qu'elle était verrouillée quelques secondes auparavant, manquant de peu le visage des agents présents. Il est également question de bruits forts provenant du balcon, où personne n'était présent, et d'une étrange substance noire qui s'est formée sur une table de chevet.

Le rapport évoque également un crucifix, qui était accroché au mur à l'arrivée des agents et qui a ensuite été retrouvé par terre, arraché du socle de bois sur lequel il était fixé. Des traces de griffures étaient, selon le rapport de police, clairement visibles sur le mur où le crucifix était accroché, comme si elles l'avaient arraché du mur. Enfin, dans la salle de bain, l'endroit le plus hanté de la maison selon la famille, les agents de police disent avoir ressenti une baisse soudaine de la température.

Après cette inspection des lieux, les policiers ont précipitamment quitté l'appartement, expliquant à la famille qu'ils ne savaient pas comment les aider. Peu après cette terrifiante nuit, les Gutierrez ont vendu leur logement et déménagé. Depuis, ni eux, ni les nouveaux occupants de l'appartement n'ont de nouveau été témoins de phénomènes inexplicables.

Aujourd'hui encore, cette affaire continue de passionner et de fasciner les fans de paranormal, et était déjà très célèbre avant que Paco Plaza ne la transpose à l'écran dans son film Verónica. Mais l'histoire vraie qui a inspiré Les Ordres du Mal, le préquel de Verónica, est bien moins connue.

Quelle est l'histoire vraie du film Les Ordres du mal ?

Le film Les Ordres du mal se concentre sur l'histoire de sœur Narcisa, une jeune nonne qui rejoint un couvent en Espagne, quelques années après la Seconde Guerre mondiale. Elle y découvre l'histoire secrète de sœur Socorro, qui hanterait les lieux...

L'héroïne de ce film apparaît dans Verónica. Devenue une vieille femme aveugle, elle échange avec Verónica, se présentant en tant que sœur Narcisa. Pourtant, Les Ordres du mal ne raconte pas les événements qui auraient précédé l'histoire des Gutierrez. Mais si ces deux histoires ne sont pas liées dans la vraie vie, elles sont pourtant toutes deux bien réelles.

Au début du film Les Ordres du mal, on voit de vieilles images de la petite fille de Peroblasco, une enfant qui aurait vu la Vierge Marie dans les années 1930, et qui est en fait le sœur Narcisa. Peroblasco est une ville réelle du nord de l'Espagne, mais aucune apparition n'a jamais été signalée dans cette région. Le réalisateur Paco Plaza s'est inspiré de l'histoire réelle d'une série d'apparitions qui sont devenues très célèbres en Espagne dans les années 1960.

Dans une interview accordée à La Vanguardia, le réalisateur explique que le personnage de sœur Narcisa est inspiré de l'une des jeunes filles qui aurait assisté aux apparitions de Garabandal entre 1961 à 1965 dans le village de San Sebastián de Garabandal, en Cantabrie, dans le nord de l'Espagne. Les apparitions de Garabandal sont parmi les plus célèbres qui se soient produites en Espagne, et elles ont fait l'objet de nombreuses débats et analyses au fil des ans.

Comme l'a expliqué Paco Plaza dans cette interview, les doutes de sœur Narcisa dans le film Les Ordres du mal, lorsqu'elle avoue qu'elle n'est pas sûre d'avoir vraiment vu la Vierge Marie, sont inspirés des déclarations de l'une des jeunes filles de Garabandal, Mari Cruz González. L'origine de cette partie du scénario se trouve dans une interview controversée que Mari Cruz a accordée à la revue espagnole El Pais en 1984, publiée sous le titre "Mari Cruz, la voyante qui n'a rien vu". Le réalisateur raconte que dans cette interview, Mari Cruz déclarait :

"Je n'ai jamais vu la Vierge dans l'église. Je n'ai jamais vu la Vierge dans les pins, ni aucun autre saint."

Par la suite, Mari Cruz aurait précisé que les apparitions étaient principalement racontées par sa camarade Conchita González. Cette déclaration a marqué la mémoire de Paco Plaza, et les doutes qu'exprime le personnage de Narcisa dans Les Ordres de mal en sont directement inspirés. Pour le reste du scénario, il ne s'agit, fort heureusement, que de son imagination débordante. Nous voilà rassurés.

Sources : La Vanguardia, Sylartichot

Pierre Champleboux
Pierre Champleboux Rédacteur