
Mince alors 2 ! : Charlotte de Turckheim sait "ne pas juger, mais dire aussi les choses"
Dix ans après le carton du premier volet, Charlotte de Turckheim a signé son grand retour à la fois devant et derrière la caméra pour la suite de Mince alors !. Une nouvelle aventure tragicomique qui a fait son petit chemin dans les salles obscures en décembre dernier, et qui s’invite désormais dans notre salon avec une sortie en DVD et VOD ce mercredi 6 avril. Rencontre avec la cinéaste, également au cœur cette fois de l'intrigue dans Mince alors 2 !.
2012. Le monde découvre la saga Hunger Games, les Avengers sont réunis pour la première fois à l’écran, Spider-Man est incarné par Andrew Garfield… Et en France, il y a une comédie qui fait fureur : Mince alors !. À l’affiche : des actrices qui assument (tant bien que mal) leurs rondeurs dans un film généreux et rafraîchissant sur un sujet qui reste, encore aujourd’hui, quelque peu tabou dans notre société. Un vrai bol d’air signé Charlotte de Turckheim, qui se devait presque d’offrir une suite au public... Il aura fallu attendre près de 10 ans, mais Mince alors 2 ! a fini par débarquer dans les salles obscures en décembre dernier. Ce deuxième volet, aussi pétillant et même plus touchant que le premier, s’invite désormais dans votre salon, étant disponible depuis ce mercredi 6 avril aussi bien en DVD qu’en VOD.
Charlotte de Turckheim nous raconte la suite de Mince alors !, 10 ans plus tard
SFR Actus a pu s’entretenir avec celle qui non seulement réalise encore le film, mais tient cette fois un plus grand rôle aussi dedans. Charlotte de Turckheim nous raconte pourquoi elle a pris une place plus importante dans cette suite, mais aussi la différence d’approche des cures, 10 ans plus tard, qui a pu faire évoluer l’intrigue de Mince alors !, comment elle réussit au passage à aborder un sujet sensible à la fois sans jugement mais tout en tenant un discours honnête, ou encore ses plus beaux souvenirs de tournage… Rencontre.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’offrir une suite à "Mince alors !", près de 10 ans plus tard ?
En fait on en a toujours eu envie. Dès le départ on avait envie d'en faire plusieurs, on avait même pensé le décliner en série… Parce que très vite, avec Christine Gozlan et Dominique Besnehard (co-producteurs, ndlr.), on s'est rendu compte que ces histoires de poids, de corps, d'apparence, etc., c'était vraiment un sujet inépuisable. Le seul truc, c'est un peu dommage, c'est qu'on a peut-être un peu trop tardé. On aurait dû le faire un peu plus tôt. Mais en fait, comme Mince alors ! passait tout le temps à la télévision, on s'est dit que c'était trop tôt, qu'il fallait attendre. Puis entre-temps j'ai fait un autre film… Mais l'envie a toujours été là.
Pourquoi vous regrettez d'avoir attendu ?
On nous l'a un peu reproché, on nous a dit : "Ohlala, pourquoi vous avez attendu 10 ans ?" Mais moi je trouve que c'est intéressant finalement, parce qu'entre-temps la société a évolué, les choses ont changé. Je trouvais ça très intéressant d'attendre plus longtemps.
Dans "Mince alors 2 !", on repart en cure mais dans un autre contexte. Au revoir Brides-les-Bains, bonjour la nature ! Qu’est-ce qui vous a inspiré ce changement de décor ?
Justement ce sont les 10 années qui sont passées. En 10 ans, l'approche à propos des régimes et du corps a complètement changé. On ne met plus tout le monde, comme à Brides-les-Bains, à 1 200 ou 1 500 calories, avec le même régime, les mêmes repas… On s'est rendu compte qu'il fallait vraiment individualiser les choses. Puis d'autre part, on s'est aussi rendu compte qu'on ne pouvait pas faire que des régimes, qu'il fallait également renouer avec une activité physique, avec la nature.
On retrouve notamment deux actrices du casting original, Lola Dewaere et Catherine Hosmalin. Et cette dernière a perdu beaucoup de poids entre les deux films… Ça a été une inspiration ou au contraire un casse-tête à l’écriture du scénario ?
Un vrai casse-tête (rires) ! Un vrai casse-tête parce que les actrices du premier volet maintenant sont toutes minces… C'était très difficile de faire une suite avec des actrices qui n'ont plus de problèmes de poids ! Pour Catherine on a imaginé une problématique qui existe vraiment : ce n'est pas parce qu'on perd énormément de poids que tous nos problèmes sont résolus. C'était intéressant par rapport à elle de développer ça. Et donc le pitch, ce qui est un peu absurde quand on va dans une cure d'amaigrissement, c'est qu’elle a envie de re-grossir !

Puis on vous retrouve également vous, avec cette fois un rôle bien plus important, sans perruques…
(Rires) Ah oui, sans perruques malheureusement ! Oh j'aimais tellement mon personnage…
Vous n’êtes donc plus Christelle, la patronne du salon de coiffure, mais Isabelle, la directrice de la nouvelle cure. Pourquoi avoir choisi de vous mettre au cœur de cette nouvelle aventure ?
En fait c'est Mehdi Nebbou qui devait faire ce rôle, lui qui incarnait le directeur de la cure à Brides-les-Bains. Il y avait cette love story qui s'était amorcée avec Nina, le personnage de Lola Dewaere, j'avais imaginé qu'ils s'étaient mariés, puis qu'ensemble ils avaient monté cette nouvelle cure. Mais le tournage du film a sans arrêt été décalé à cause de la Covid, résultat le moment venu Mehdi avait déjà commencé le tournage de sa série avec Audrey Fleurot, HPI… Il n'était plus libre ! Mais je n'avais pas non plus envie de le remplacer. Et donc, en rigolant, j'ai dit : "Eh bien moi je vais le faire !" À mon plus grand étonnement, tout le monde a dit : "Ouais, super ! Quelle bonne idée ! Tu réécris un petit peu, et le rôle est pour toi !"
Qu’est-ce que ça implique d’être à la fois devant et derrière la caméra ?
Je reconnais que finalement ça m'a fait très plaisir de pouvoir jouer, notamment avec les ados, de pouvoir les coacher en même temps qu'on tournait. C'était plus facile finalement pour moi, comme ils étaient quand même débutants… Il fallait les accompagner en permanence. Heureusement que ma fille Julia (Piaton, ndlr.) est venue m'aider, parce que j'avais du mal à m'en sortir à un moment !

Ces quatre ados, au cœur de "Mince alors 2 !" parmi les clients de la nouvelle cure, sont peut-être novices mais ils sont très bons. Vous les avez trouvés où ?
On a fait un casting sur Internet, parce que le simple fait d'être gros... Il n'y en a pas beaucoup dans les agences de cinéma… C'était intéressant parce que, pour eux, c'était un peu comme une démarche militante. Ils savaient très bien de quoi ça parlait, évidemment, et c'était important pour eux de participer à ça. Comme ils m'ont dit la première fois qu'on s'est vu : "C'est la première fois qu'il nous arrive un truc sympa parce qu'on est gros !" Donc ça a été pour eux très fort de tourner ce film.
Celle qui brille aussi dans le film, c’est Charlotte Gaccio. Elle joue une femme bien dans son corps malgré ses rondeurs. Ce rôle, vous l’aviez écrit pour elle ?
Ah oui ! Pour elle et que pour elle ! Celui-là était vraiment pour elle, justement parce que Charlotte, c'est un soleil ! Puis elle est vraiment intéressante par rapport au film, car elle revendique ses rondeurs. C'était super d'avoir quelqu'un comme elle dans le film. Elle rayonne, elle a une super histoire, et elle est comme ça dans la vie Charlotte, c'est ça qui est merveilleux avec elle !

Dans le rôle de sa sœur, vous faites encore jouer une de vos filles - cette fois pas Julia, mais Johanna… Vous aimez tourner en famille ?
Ah oui, j'adore ! J'adore tourner en famille, j'adore travailler en famille. Je l'ai toujours fait… Ça m'apporte beaucoup, ça me rassure. J'échange beaucoup avec mes filles tout au long de la création du film, elles participent à beaucoup. Et Johanna avait déjà tourné dans Les Aristos, un film que j'avais fait il y a assez longtemps. Bien qu’elle travaille à l’ONU, elle a vraiment une double envie professionnelle, à la fois l’humanitaire et le cinéma.
Vous lui avez donné un rôle pas évident, la jeune femme mince qui pousse sa sœur à maigrir et qui contrôle un peu trop sa vie. Ça ne la dérangeait pas d’incarner le personnage détesté du film ?
Ce qui était marrant, c’est qu’elle avait très envie de tourner dans le film, et c’est elle qui a choisi son rôle… Parce qu’il n’y en avait pas d’autre pour elle, de toute façon ! Et puis c’est très intéressant pour un comédien de faire le méchant. Curieusement, c’est plus difficile que de faire le gentil. Surtout pour elle qui est tellement sympa… C’est un vrai travail de composition, un vrai travail d’actrice. Donc, au contraire, ça lui a beaucoup plu de faire ça.

Vous abordez un sujet délicat, tabou même, qu’est le surpoids, en soulevant de vraies questions de santé sans non plus tomber dans la morale. C’était important pour vous, de tenir un discours à la fois honnête et sans jugement ?
Ce qui est important pour moi c’est de ne surtout pas donner de leçon, de ne pas livrer de message, et en revanche de parler des choses le plus sincèrement possible. Je n’aime pas donner des leçons… Parce que c’est tellement compliqué pour moi, comment je gère mon corps, que je ne vais pas en plus aller donner des leçons aux gens en disant : "Il faut faire comme ci, il faut faire comme ça." Donc moi je préfère qu’on ne juge pas, mais j’aime bien aussi qu’on dise les choses. Le côté "big is beautiful", je ne suis pas d’accord avec ça, parce qu'il y a la limite de la santé. Il ne faut pas non plus nier ça, c’est dangereux si on ne dit pas la vérité. Par exemple le fait que c’est plus compliqué de tomber enceinte quand on est obèse, on en parle aussi dans le film. Après les gens font comme ils veulent, il n’y a pas de "c’est bien" ou "c’est mal", mais l’info est donnée.
Est-ce que vous avez une scène préférée, celle qui vous fait rire ou vous émeut à chaque fois ?
Oh j’en ai beaucoup. Évidemment, celle qui me fait hurler de rire, c’est la scène où je me tape le notaire, quand je sors juste après... Qu’est-ce qu’on a ri quand on a tourné cette scène ! Parce que ce qui est drôle, c’est que quand on est metteur en scène d’un film, on est censé être un peu digne quand même ! Alors de faire le pitre, le clown comme je l’ai fait dans ce film, c’était drôle parce que je changeais complètement de casquette. Et sinon, à travers chaque personnage, j’ai été à chaque fois touchée par des moments assez particuliers. Par exemple quand les deux jeunes doivent s’embrasser (Angelina Bertrand Gomez et Sabri Ghazala, ndlr.), c’était très difficile pour eux, ils avaient beaucoup de pudeur par rapport à ça. Et c’était très touchant de voir comment ils ont abordé ça, c’était très mignon. Puis j’étais très touchée aussi de voir Patrick de Valette, celui qui joue le prof de yoga, un gars tellement généreux, comment il mettait à l’aise tout le monde sur le tournage. Comme il a un corps bizarre aussi, dans un autre genre, le fait que lui montre son corps tel qu’il est, finalement ça a désinhibé tout le monde.
Vous l’avez dit : vous tenez-là un sujet inépuisable… Donc est-qu’il pourrait y avoir d’autres "Mince alors !" ?
Dans l’absolu, oui. Il pourrait y en avoir. Mais avec la crise qu’on traverse dans le cinéma, je suis perdue moi… Je ne sais pas ce qu’il faut faire. Donc je vais attendre. Non pas que ça se calme, parce que je pense que c’est une transformation profonde de notre métier, mais plutôt attendre de me calmer moi. On est tous très déboussolé en fait. Alors oui, dans l’absolu, mais est-ce que je vais y retourner ? Je ne sais pas.
Retrouvez dès à présent Mince alors 2 ! en DVD. Le film est également disponible en VOD sur la box SFR, tout comme le premier volet !
